Et si on
parlait d’une toile de Jean Béraud de 1889 La pâtisserie Gloppe, exposée au musée Carnavalet à Paris.
La pâtisserie Gloppe - 1889 - Jean Béraud - Musée Carnavalet - Paris |
Jean Béraud est le peintre de la société bourgeoise du 19ième
siècle, la facture de ses toiles est académique à contre-courant des
Impressionnistes de la même époque.
La pâtisserie Gloppe était un lieu chic de Paris situé sur
les Champs-Elysées, un salon de thé qui
n’existe plus aujourd’hui. La toile nous montre un lieu raffiné, une vaste
salle aux murs peints sur lequel de grands miroirs aux moulures dorées
reflètent la lumière de l’avenue. L’atmosphère élégante et feutrée de
l’endroit est palpable, femmes en tournures qui dégustent quelques gâteaux
quand une employée leur sert un vin doux, d’autres qui bavardent au comptoir,
des enfants choisissant la douceur qui les ravira. Un monsieur âgé haut de
forme et canne au pommeau d’argent se délecte d’un gâteau. Est-ce un
mille-feuille créé en 1651 par Pierre de la Varenne, un éclair ou une religieuse
créés eux en 1856 par Frascati un glacier napolitain installé à Paris ?
En cette fin de 19ième siècle, le sucre est à
l’honneur… Sa production est en pleine expansion, augmentée par l’arrivée de la
betterave sucrière. Au Moyen-âge c’était une denrée rare, il n’existait que le sucre de canne, il était produit en Sicile et en Afrique du Nord, vendu chez les apothicaires
et considéré comme une médication.
Florent Quellier dans son étude sur la gourmandise rappelle,
le statut des mets sucrés aux 18ième et 19ième siècles… Il
précise que les pâtisseries étaient un plaisir « secondaire » destiné
aux femmes, aux enfants et aux vieillards, ce que la représentation picturale
semble corroborer. Les bases de cette distinction étaient plus que machistes à
savoir que les femmes comme les enfants n’auraient pas été en mesure de
percevoir les finesses d’un plat salé…
Gageons que les tenants de telles assertions n’avaient donc
pas la capacité de faire la différence entre le craquant et le croustillant
d’une pâte, pas plus que l’aptitude à distinguer le fondant, du crémeux, du
velouté ou de l’onctueux… Ces messieurs auraient-ils été à même de distinguer
les subtilités des parfums sucrés aux arômes de pralines, vanille, chocolat ou
café qui peuvent s’exhaler chez un bon faiseur ?
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