Et si on parlait d’une toile celle de Louise
Moillon, femme peintre du 17ième siècle?
Dans la marchande de
fruits et de légumes, exposée au Louvre Louise Moillon nous offre à
déguster des yeux de beaux fruits et légumes, ceux qui poussent en Europe… Prunes,
pommes, pêches, raisins melons et quelques choux, courges, artichauts tous
disposés sur une table prêts à être vendus !
La marchande de fruits et légumes - 1630 - Louise Moillon - Louvre |
Une simple femme du peuple présente un lourd panier d’abricots
à une noble dame à n’en pas douter par son habillement. La vendeuse a les yeux
baissés, nous sommes au 17ième siècle, la société est naturellement
inégale et il n’est pas concevable qu’une personne du peuple puisse croiser le
regard d’une dame, elle obéit aux codes en usage.
La personne de qualité soulève la feuillée du panier dans laquelle
se trouvent de beaux abricots dorés. Quel témoignage historique car en ce
temps-là pour conserver les fruits, on les dépose dans des paniers recouverts de
feuilles de vigne ou de châtaignier, ils voyagent ainsi à l’abri de la lumière,
des chocs des charrettes qui les transportent, et la fraîcheur des feuilles
entretient la qualité des fruits.
La dame a déposé son cabas chargé de pêches de raisins et
même de fraises.
Cette toile ne serait qu’un étal de fruits et de légumes ?
Ce n’est pas sûr… que signifie ce chat qui somnole au fond
de l’échoppe ? Après avoir été considéré comme animal du diable au
Moyen-âge c’est justement au 17ième siècle qu’il prend sa place
d’animal domestique et de doux compagnon… Louise Moillon sait ce que c’est que
d’être une exclue, elle n’ignore pas la difficulté de vivre dans une société
aux idées préconçues… Elle est protestante !
La symbolique des natures mortes elle la connaît, aussi bien
que ce qui se fait dans d’autres pays favorables à la Réforme comme dans les
Pays-Bas du Nord… Les natures mortes, même décoratives, sont une admonestation
à une vie plus vertueuse, c’est une réflexion sur la mort et la crainte de
celle-ci enjoint à la vertu de son vivant.
Alors, dans la toile, cette épluchure de pomme juste au bord
de la table, elle peut glisser, tomber, disparaître comme une existence…. Le
ver dans la pomme juste sous le poignet de la manche de la marchande de fruits
pourrait renforcer cet avertissement silencieux ! La représentation
picturale, n’est-elle pas une vanité,
une façon de représenter la vie qui se déroule, le temps passe, l’épluchure
pourrit et le ver fait son œuvre de fossoyeur.
Tout cela pourrait bien être possible et la phrase de
l’Ecclésiaste en éclairait alors le sens : Vanité tout est vanité !
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