Et si aujourd’hui on parlait d’un lieu ?
Dans les Alpes Maritimes, au Roubion, se dresse à l’entrée
du village la toute petite chapelle St Sébastien. Elle se pose, juste aux
abords du hameau d’une centaine d’habitants, en protectrice de la peste et de
toutes épidémies.
Chapelle Saint-Sébastien - Roubion - Alpes Maritimes |
Cette chapelle qui ressemble à une bergerie, fait partie d’un
ensemble de petits sanctuaires appelés « les Sixtines », comme celles
de Luceram, la Brigue, Auron ou Coaraze. Elles datent toutes des 15ième
et 16ième siècles, aujourd’hui il en reste une vingtaine quand il y
en eut environ 500, elles jalonnaient la route du sel, celle qui reliait la
Camargue au Rouergue.
Transport des ballots de sel dans la vallée de la Roya - Gravure anonyme - |
Sur les murs latéraux de ce petit oratoire, s’étire une
surprenante fresque murale, la Cavalcade
des Vices… C’est d’elle dont je souhaite vous parler et non du St Sébastien
placé au chevet sous une crucifixion.
La cavalcade des vices - 1510 - Chapelle St Sébastien - Le Roubion - |
Depuis le Concile de Latran en 1215, est apparue la forme
canonique du péché capital dans l’église catholique : orgueil, avarice,
luxure, gourmandise, envie paresse. La fresque est une représentation de ces
vices et je m’attarderai quelques instants sur la gourmandise. C’est un homme, est-ce
un glouton, un goinfre ou les deux à la fois, en aucune manière il n’est ni
gourmand ni gourmet ! Cet intempérant chevauchant une truie, porte une
viande empalée au bout d’une pique prête à être empiffrée, et boit en même
temps un bon vin clairet… Le vin clairet est au Moyen-âge le meilleur vin qui
soit ! En ces temps médiévaux la gourmandise est péché capital, car elle est
la porte ouverte à d’autres excès que l’Eglise réprouve. Voyez-le bâfrer, observez
aussi une chaîne qui lui enserre le cou, l’attache aux autres vices et le
conduit tout droit à la bouche de l’enfer ! Il sera condamné au supplice
de Tantale !
Le péché de gourmandise est inscrit dans notre héritage
chrétien, il remonte aux origines du christianisme, celui des religieux ermites
ou des Pères du désert comme Abraham, Daniel, Zacharie ou Evagre le Pontique (4ième
siècle après J.C). C'est ce dernier qui codifie les huit
pensées mauvaises qui correspondent justement à la liste des péchés capitaux.
La route du sel de Camargue en Rouergue - Route utilisée de la Préhistoire au 19ième siècle |
Gourmandise, histoire d’un péché
capital – Florent Quellier – Armand Colin
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