Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

vendredi 6 mars 2015

Critères de l'Art Déco, Reims et l'Art Déco

Bonjour à tous,
Et si je vous dis Art Déco ?... Il arrive que la confusion se fasse entre arts Nouveau et Déco. Art Nouveau de 1880 jusqu’à la guerre de 1914-1918, art déco de la fin de cette même guerre et même un peu avant jusqu’aux environs des années 1930.

L'image de la femme Art Nouveau à gauche, Art Déco à droite
Le couturier Poiret la libère de son corset, alors elle se met au régime

L’expression « Art déco » fait suite à  l’Exposition des Arts décoratifs de 1925 à Paris. 

Une Delahaye 1937
Meubles Art Déco






























Les grands noms français, dans une liste non exhaustive,  sont Le Corbusier en architecture, Lalique Daum et Baccarat pour la verrerie, Poiret et Chanel pour la couture, Fernand Léger Tamara Lempika pour la peinture… Ce style a marqué toute l’Europe et les Etats-Unis, il s’est manifesté dans le design automobile, le mobilier, les objets du quotidien,  les affiches, l’habillement, tous les arts d’une manière générale. Il est un témoin de l’évolution des mentalités, de l’entrée de la société dans le monde moderne, il change même l’image de la femme. Le mouvement Art Déco veut être en rupture avec le « désordre de l’art Nouveau », et prend en réaction le nom des « années d’ordre ».
Comment reconnaître le style art déco ? On observe un mélange d’influences, dont celles de l’Antiquité, des arts d’Afrique et d’Orient et le cubisme bien sur... Les volumes sont simples, les surfaces planes.  Les formes sont épurées, géométriques, les pans coupés, en résumé, simplification des formes, stylisation des motifs. Les matériaux dans la décoration sont froids : du verre, de la céramique, de l’acier. Le but étant de mettre en évidence la fonction utilitaire de la création. Les lignes sont brisées, les pilastres cannelés pour élancer la verticalité, le lotus a la forme d’un triangle, la rose celle de Paul Iribe est une spirale stylisée. On ne dédaigne pas le cercle, la roue de vélo et ses rayons, les engrenages, quand ils s’intègrent dans une création rigoureuse et claire. Le luxe prend sa place avec du mobilier en bois précieux, des marqueteries de laque, d’ivoire ou de métal.
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 Dans notre région, Art Nouveau avec ses volutes, courbes et contre-courbes c’est Nancy, Art Déco avec lignes droites, horizontales et verticales c’est Reims…. Je vous propose un regard architectural dans lequel cette esthétique s’est pleinement exprimée.
Reims a été dévastée en 14/18 et sur les 14.000 maisons de la ville, il n’en reste qu’une soixantaine d’habitable. Il faut reconstruire.
Place du parvis Notre-Dame de Reims en 1918

Si la ville offre une diversité dans ses bâtiments, elle porte  l’empreinte Art Déco d’une manière très nette sur une cinquantaine de maisons, sans compter celles qui ont été construites en même temps et qui ont introduit des variantes au gré des idées du propriétaire ou des conseils prodigués par leurs maîtres d’œuvre. La ville n’a pas eu moins de 400 architectes pour sa reconstruction.
Ainsi il est possible de voir des maisons de style gothique anglais, ou de néo-gothique avec encorbellement à damiers, ou même encore des bâtisses à faux pans de bois inclus dans la maçonnerie.
La bibliothèque Carnegie, l’hôtel de la Mutualité, le grand Théâtre illustrent avec élégance et sobriété la notion d’art déco.
La bibliothèque Carnegie à Reims

A la fin de la première guerre mondiale, l’architecte Max Sainsaulieu construit la bibliothèque Carnegie de Reims. Le nom est en hommage à Andrew Carnegie, philanthrope américain qui a contribué à l’édification du lieu par un apport de fonds exceptionnel. Il voit dans la nécessité de l’étude un rempart contre l’obscurantisme et la barbarie. Au titre de la Paix Internationale une dotation de 200 mille dollars est allouée à la ville pour la construction de la bibliothèque, la réfection du toit de la cathédrale, sans compter la construction de l’hôpital Maison Blanche.
La bibliothèque a été construite entre 1921 et 1927. Les Ferronniers Swartz Haumont,  le sculpteur Edouard Sédiey, le mosaïste Auguste Biret, le verrier Jacques Grüber, des marbriers ont participé avec talent, à la réalisation de l’ouvrage.
Une allée, avec un buste du mécène, conduit à l’entrée du lieu. On pénètre dans le bâtiment en gravissant quelques marches, symbole d’élévation vers la connaissance. Deux vases de la manufacture de Sèvres encadrent le perron. L’entrée surmontée d’un fronton classique, est supportée par deux colonnes sans chapiteaux terminés par deux bas-reliefs représentant des arbustes. Ils symbolisent la floraison de l’esprit. On peut y lire « Educunt folia fructum » : les fleurs conduisent aux fruits.
 
Ondulations de mosaïques au-dessus de la porte d'entrée de la bibliothèque
Sous le péristyle un réseau d’ondulations de mosaïques colorées, alterné de motifs circulaires, court sur les frises, le sol, les murs et fait écho à la majestueuse porte de ferronnerie. Cette porte a obtenu la médaille d’or lors de sa présentation à l’Exposition internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925.
Le hall d’entrée est une grande pièce carrée de dix mètres de côté, sa décoration illustre l’idée que le savoir est source de lumière.

Le lustre de l'entrée de la bibliothèque

Sous une voûte monumentale un lustre en pendentif de base carrée lui aussi, a été créé par le maître-verrier rémois Jacques Simon. Cette réalisation est une merveille, imaginez de longues bandes de verre descendant dans un patchwork de rectangles blancs et gris s’imbriquant les uns dans les autres où se suspendent des pampilles qui accrochent et reflètent mille éclats! Sous le lustre, une fontaine symbolise, selon Max Sainsaulieu, la « source de toutes les sciences et connaissances ». Les murs sont lambrissés de grands panneaux en onyx d’Algérie encadrés de bandes de marbre vert. Vingt mosaïques de marbre, illustrent les diverses activités intellectuelles, physiques et manuelles de l’homme.

Murs d'onyx et bandes de marbre vert

Dans La salle de lecture un  magnifique parquet -carrés de chêne et d’acajou juxtaposés,
-  des murs lambrissés du même bois précieux rappellent que l’art déco est aussi un art du luxe. La salle d’étude est éclairée par trois grandes baies ogivales aux motifs toujours et encore géométriques dont chaque forme est cernée de plomb comme les vitraux d’une cathédrale, ici celle du savoir.
Les grandes baies ogivales de la bibliothèque Carnegie

 Une verrière zénithale, œuvre de Jacques Gruber le célèbre maître verrier nancéien, représente un livre ouvert sur les armes de la Ville de Reims. Au plafond, une corniche en forme d’escalier renversé ceinture la pièce.
La verrière zénithale de la bibliothèque 

Reims offre une promenade architecturale avec des constructions des années 1918 à 1930.
L’église Saint-Nicaise, aux vitraux translucides de Lalique et chapelles peintes par Maurice Denis, est plantée au milieu d’une cité jardin, imaginée pour les familles ouvrières des années 1920.

Verrière de Lalique dans l'église Saint-Nicaise à Reims

L’intérieur du Grand Théâtre aux lignes pures et élégantes en appelle aux Muses.

Escalier de l'Opéra ou Grand Théâtre de Reims

 L’hôtel de la Mutualité construit en 1927 typique de ces années d’ordre indique par sa conception tout l’esprit art déco : -une entrée au fronton rectangulaire surmonté d’une fenêtre octogonale allongée, -une sculpture de fleurs géométriques retenues dans des étoffes drapées courent sous la corniche.

Haut du fronton de l'hôtel de la Mutualité

Différents bas-reliefs représentent les métiers, dans l’un d’eux un cartouche d’instruments de musique, en effet le lieu a été de 1927 à 1934 l’adresse du Conservatoire de musique.
Un cartouche de l'hôtel de la Mutualité

 Bâti sur un angle de rue, l’hôtel de la Mutualité présente en son intersection un pan coupé indice du goût et des critères des choix architecturaux de cette époque.
Chaque période artistique suit toujours la même courbe, balbutiements, épanouissement, apogée, délaissement et interférences avec la naissance d’un autre courant.
Le style paquebot, une forme tardive de l’art déco, est en général lié à une construction imposante, immeuble ou grands magasins.
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Les anciennes Galeries rémoises, ou l’immeuble qui fait face portent la marque de l’aspect finissant du style. La bâtisse est érigée à la fourche de deux rues, du point central semblable à la proue d’un navire, l’ouvrage s’étire de chaque côté de son intersection. Une architecture épurée qui accentue les formes courbes dans un jeu de longues lignes horizontales. Le bâtiment est moderne, les formes élancées ou étirées donnent à l’ensemble un aspect fonctionnel, où l’on devine une recherche d’espace, de lumière dans une volonté minimaliste : la purification du trait.
Ce type d’immeuble, s’est répandu dans toute la France, une partie de l’Europe et les Etats-Unis, et, pour parfaire l’illusion on y a même parfois ajouté des balustrades et des hublots. Il n’est pas sans avoir une connotation avec les Transatlantiques construits dans les années 1930 dont le Normandie, un joyau français de l’art Déco où tous les grands noms des métiers d’art ont pu s’y exprimer : Daum, Lalique, Christofle, les manufactures d’Aubusson, Jean Dunand peut-être moins connu du grand public et pourtant un des plus grands créateurs de cette époque.

Façade des Galeries Rémoises
Le paquebot Normandie















Reims offre une magnifique découverte pour tous les curieux. Je vous invite à suivre le parcours proposé par le syndicat d’initiative auprès de qui vous pourrez vous munir d’un audio-guide. Il illustrera dans un commentaire précis et détaillé toutes les façades remarquables de la ville en complétant mon cours propos.

Vous retrouverez sur mon blog « auhasarddesarts.blogspot.com » le texte de l’enregistrement, les illustrations, ainsi que les sites et les ouvrages consultés pour la réalisation de cette émission. 

Au revoir à bientôt…

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