Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 18 février 2015

La Sainte Chapelle de Louis IX à Paris


Aujourd’hui, je voudrais vous emmener visiter la Sainte Chapelle de Paris et vous raconter un peu de son histoire…
La Sainte Chapelle, située en plein cœur de notre capitale, a été construite sous le règne de Louis IX, celui que l’on nomme Saint-Louis. 

La Sainte Chapelle

Pourquoi construire une chapelle alors que la cathédrale Notre-Dame est à deux pas de la Cité royale?
Louis IX est un homme pieu, il apprend que la Couronne d’Epines du Christ, confiée au roi Beaudoin II de Courtenay, empereur latin de Constantinople, a été mise en gage auprès de marchands vénitiens. 
Beaudoin II dans l’incapacité de se libérer de la dette, va perdre l’inestimable souvenir qui sera remis à l’église Saint-Marc de Venise.

La Couronne d'Epines conservée à la cathédrale Notre-Dame de Paris

Alors, Louis IX affranchit Beaudoin II de la précieuse hypothèque et l’acquiert pour la somme de 135.000 livres tournois, c'est-à-dire la valeur de la moitié du revenu annuel du domaine royal ! 
Par la suite, il achète également des fragments de la pierre du Sépulcre et de  la Ste lance, la Ste éponge, le Saint Sang et pour finir le Mandylion. Entendez dans ce mot compliqué le tissu sur lequel se serait  imprimée la face du Christ de son vivant, ce qui est d’ailleurs l’origine de la vénération des icônes….
Riche de cette Sainte Collection, Louis IX décide de faire construire une chapelle qui sera le lieu conservatoire de ces objets, symbole du martyre du Christ.
La Chapelle sera construite de 1242 à 1248…6 ans pour un joyau architectural conçu comme une châsse qui a coûté 40.000 livres tournois pour son édification et 100.000 pour sa décoration !
La localisation de cet édifice au sein du Palais Royal n’est pas anodine. Le lieu affirme le lien sacré entre les reliques et la royauté, comme le faisaient les empereurs byzantins. Cette proximité a un rôle judiciaire car ce sont sur les reliques que l’on prête serment dans les procédures entre seigneurs et vassaux. Elles assurent en même temps une médiation avec le divin.
Au Moyen-âge foi et pouvoir sont intimement liés. Louis IX en homme dévot, fin stratège et habile politicien ambitionne d’asseoir sa politique sur sa généalogie, en inscrivant le Roi de France dans la lignée des Rois de Judas. C’est la raison pour laquelle, les vitraux racontent l’Ancien Testament et la Passion du Christ.  Louis IX veut associer la Couronne d’Epines à la couronne royale, affirmation mystique et très diplomatique de sa puissance.
La Sainte Chapelle n’est pas destinée au public, elle est construite dans l’enceinte du Palais Royal de la Cité, et Louis IX y a un accès direct de ses appartements privés. Exactement comme Charlemagne se rendait de la « aula » ou salle du Conseil à la chapelle de son palais (à Aix-la- Chapelle) vers l’an 800.

Mais qui a construit la Sainte Chapelle ? Est-ce Pierre de Montreuil, ou Jean de Chelles son contemporain, tous deux maître d’œuvre et architecte de la cathédrale Saint-Denis et de  Notre-Dame ? Nous ne le savons pas…
Si le sanctuaire est devenu une châsse vide, il reste un témoignage extraordinaire par son architecture, ses vitraux qui sont pour les 2/3 de leur surface, ceux imaginés et réalisés au 13ième siècle. L’église palatine de la Cité comporte une chapelle basse et une chapelle haute.

La Chapelle basse dédiée à la Vierge

 La chapelle basse  était  réservée en ce temps-là au culte de la Vierge, elle  accueillait les serviteurs du Roi. Mise en valeur par un magnifique décor peint où des fleurs de lys or se détachent sur un fond d’azur, elles représentent les couleurs de la dynastie capétienne, pour devenir les couleurs de la royauté française.
La Chapelle haute, asile des reliques, espace de lumière est à l’usage unique du roi et de sa famille. Les murs sont des verrières, et s’élèvent à plus de 20 mètres de hauteur…

La chapelle haute qui autrefois abritait la Sainte Couronne

Mais comment concevoir une telle prouesse, quand à l’époque on en est aux arcs-boutants, aux arcades, au triforium et aux grandes baies ?
Bien sûr l’espace est plus restreint, mais cela tient aussi à la conception de la construction. Pour la première fois, on utilise le métal, et, sous les ogives de pierre se trouvent une identique arcature de métal, tout comme le chœur soutenu par une carcasse de fer, quand un chaînage ceinture la chapelle. Cette technique ne sera reprise qu’au 19 siècle, elle permet de construire plus  haut, plus lumineux, puisqu’elle autorise l’évidement des murs. La Chapelle haute, assise sur la chapelle basse,  repose sur de faibles colonnes et n’est soutenue par aucun pilier, bien sûr des murs boutants extérieurs soutiennent l’édifice.




L’étage supérieur de la Sainte Chapelle abritait les Saintes Reliques. Chacune d’entre elles étaient placées dans un reliquaire individuel en métal précieux, et l’ensemble était rassemblé dans une grande châsse d’environ 3 mètres de haut, placée sur l’autel dans une sorte tribune, abritée par un baldaquin. Des religieux veillaient jour et nuit et 3 cierges brûlaient en permanence. Un double escalier menait à la plate-forme, et l’ouverture centrale était ornée de deux anges aux mains voilées qui tenaient la Couronne. 

Deux anges aux mains voilées tiennent la Couronne

Le reliquaire en argent, fondu à la Révolution, pouvait pivoter vers les fenêtres du chœur, les chanoines ouvraient une des verrières et présentaient la couronne au peuple amassé sous les fenêtres.

Le reliquaire : armoire aux reliques

La décoration de la partie basse des murs n’est pas celle du début, mais on a imaginé qu’elle était à l’image du Psautier de Saint Louis. Cet ouvrage enluminé représente les constructions gothiques de ce siècle, et les couleurs bleu rouge et or retrouvent sur les vitraux, elles sont aussi les couleurs du roi Louis IX (bleu et or)et de sa mère Blanche de Castille (rouge et or).
Dans la Chapelle, 12 apôtres au sommet de colonnes et placés le long de la nef, rappellent qu’ils sont les compagnons du Christ et les piliers de l’église. Ils ont perdu les attributs qui les rendent reconnaissables, par exemple St Pierre et la clé, Saint Paul et le glaive ou st André et sa croix en X. Ils tiennent dans leurs mains un disque marqué d’une croix qui rappelle la consécration du lieu. Les statues originelles ou ce qu’il en reste, sont au musée de Cluny.

Vierge à l'enfant en ivoire sculpté provenant de la Sainte Chapelle

Il y avait aussi, une statuette d’ivoire que l’on peut observer, maintenant, au Louvre dans le département « objets d’art du Moyen-âge », une Vierge de tendresse, preuve du développement du culte marial. Paris en ce temps-là est la capitale incontestée du travail de l’ivoire. Cette Vierge est l’idéal de la beauté gothique, de ce style de ce que l’on appelle « l’Art parisien » du 13ième siècle : un visage aux yeux fins en amande, des pommettes saillantes, un sourire délicat, des cheveux ondulés, un léger déhanché pour porter son enfant à qui elle présente une pomme, le drapé de sa robe est dit « drapé en bec » il est la marque de la statuaire de cette époque.  


La Sainte- Chapelle a connu au cours des siècles, incendies, inondations, et les destructions ont été nombreuses, y compris la maçonnerie extérieure. L’époque troublée de 1789 a détruit les symboles de la royauté et le mobilier, les stalles, le jubé ont disparu.
Seule la Couronne d’Epines est sauvée avec un morceau et un clou de la Croix.  Les reliques ont été cachées par des prêtres qui les ont remises à l’archevêché de Paris. Elles sont toujours à la Cathédrale Notre-Dame.
Après bien des vicissitudes, la Ste Chapelle retrouve son lustre sous Louis-Philippe. Cette époque est l’âge d’or des restaurations, vues dans l’approche du passé avec un intérêt marqué pour l’histoire nationale. Sous la monarchie de Juillet, Guizot crée la fonction d’inspecteur des monuments  historiques dont Mérimée est la grande figure. Celui-ci  classe, identifie, les édifices, pour allouer les crédits nécessaires à la remise en état des constructions en péril.























A gauche: La Sainte-Chapelle avant restauration, dessin d'Eugène Viollet-le-Duc. Médiathèque de l'architecture et du Patrimoine (Archives Photographiques) © CMN
A droite: La Sainte-Chapelle après restauration, dessin d'Eugène Viollet-le-Duc. Médiathèque de l'architecture et du Patrimoine (Archives Photographiques) © CMN

La restauration de la Sainte-Chapelle est confiée à Duban, Lassus et Viollet le Duc. Lassus restitue une flèche de gothique flamboyant, dont on ignore si elle existait à l’origine. Si les réhabilitations du lieu ne sont pas identiques à l’original, le souci de la reconstitution est imaginé et pensé en relation avec la consultation d’ouvrages historique et d’architecture.
Actuellement la restauration de la Rose se termine, elle représente l’Apocalypse. Placée à l’ouest couchant, elle marque la fin des temps. St Louis le voulait ainsi, façon de signifier qu’il voulait conduire le peuple de France jusqu’au jugement dernier. La possession de la Couronne d’Epines avait fait de St Louis un roi par élection divine, le situant  historiquement à une place d’exception dans le monde chrétien.

 Au revoir, à bientôt…

Sites consultés (après la visite...)












Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire