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Préambule
Au hasard des Arts…
Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!
Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...
Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.
Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …
dimanche 1 février 2015
La Malmaison : La maison de Joséphine et Napoléon Bonaparte
Je vous propose de découvrir la
maison de Joséphine de Beauharnais et de Napoléon Bonaparte à Rueil Malmaison.
Malmaison quel nom surprenant… L’endroit était au 9ième
siècle le repaire des bandes de Vikings qui écumaient et dévastaient la région …
Au 17ième siècle, une bâtisse est érigée, pour une
famille de parlementaires quant elle est rachetée en 1799 par Joséphine de
Beauharnais et Bonaparte son époux. Une grande maison avec deux ailes en retour
au bout d’une longue allée. 2 niveaux de fenêtres à petits carreaux disposées
symétriquement, et les unes au-dessus des autres terminés par un attique, c’est
la marque du classicisme à la française.
L'entrée de la Malmaison |
Une gentilhommière simple pour ceux qui ont été Empereur et
Impératrice de France. Le couple y a habité 5 ans, puis Joséphine seule jusqu’à
son décès.
Les architectes Percier et Fontaine avaient reçu la mission
de reconcevoir entièrement les pièces sans modifier la façade. Dans cet
intérieur imaginé et conçu pour leurs prestigieux propriétaires, on y retrouve
pratiquement tout ce qui y était à l’origine.
Un lieu dans lequel, les plus grands noms d’orfèvre,
ébéniste, lissier, bronzier, doreur, ciseleur, sculpteur, tabletier, et j’en passe, ont donné le meilleur d’eux-mêmes,
le plus beau, le plus à la mode de ces années 1800.
Mais qu’est-ce qui est à la mode en ce début du 19ième s?
La récente mise au jour des sites d’Herculanum et Pompéi inspirent les
créateurs. Le style néo-classique s’impose, en rupture avec l’ornementation
superflue, les lignes et les courbes exubérantes du style précédent le rocaille
rococo. On rêve et ré-interprète l’archéologie, on aime l’art gréco-romain, les
pilastres, les drapés, les lignes nettes et pures, les couleurs restreintes. Un
style qui se veut légataire référent de l’art antique en même temps qu’annonciateur
d’une nouvelle ère où chacun se met au service de l’Histoire. La Malmaison est
un superbe témoignage de l’esprit, de cette époque.
Beethoven : la symphonie n°5 ou symphonie du Destin
Entrons dans la Malmaison… Une grande véranda ayant la forme d’une tente vous accueille. Napoléon
trouvait cela ressemblant à « une loge d’animaux que l’on montre à la
foire »…. En ce temps-là le personnel de la maison s’y tenait et
l’huissier conduisait les invités auprès de leurs hôtes.
Le hall d’accueil est conçu comme un atrium romain, quatre
colonnes s’élèvent jusqu’au plafond, des bustes de la famille Bonaparte
sculptés à l’antique, des glaives, des couronnes de laurier au mur. De chaque
côté de cette pièce le salon de billard où Joséphine aimait y jouer après le
repas, et de l’autre la salle à manger.
La salle à manger de la Malmaison |
Les deux architectes Percier et
Fontaine avaient imaginé des ouvertures mobiles dans les murs, pour réunir en
une pièce ces 3 espaces et permettre ainsi à Joséphine et Napoléon de recevoir
dans une vaste superficie un bon nombre de convives. En outre, dans un souci d’unité,
on avait posé au sol le même pavage noir et blanc. Le mobilier en acajou de la
salle à manger est d’une rigueur absolue, longue table ovale, chaises droites
aux pieds avant en balustre, pieds arrière en forme de sabre, réalisées par la célèbre
maison Jacob-Desmalter… Au mur des danseuses pompéiennes peintes sur stuc, forment la seule décoration. En ce temps-là,
la salle à manger est une salle peu habituelle, on ne la trouve que dans les
grandes maisons.
Strauss : La valse de l’Empereur
La Malmaison est un lieu unique, témoin de notre histoire
dans laquelle les évènements prestigieux de l’Empire portent la marque…
La salle du Conseil, tendue d’un coutil rayé et dont
l’assemblage des toiles rappelle une tente montée hâtivement un soir
d’expédition conquérante. On y aurait jeté là, des fauteuils, des chaises et
des sièges curules aux pieds arqués en X, symboles du pouvoir de la Rome
antique et réservés à l’origine aux consuls, dictateurs, édiles ou magistrats….
Une horloge « Minerve casquée » marque le temps. Rien en fait n’est
laissé au hasard. L’endroit servait de
lieu de gouvernement il y a eu là, 169 conseils des ministres.
La bibliothèque attenante abritait plus de 4500 livres. Aujourd’hui
il en reste 500 marqués des initiales BP : Bona Parte.
La bibliothèque et le bureau de Napoléon Bonaparte |
Les pièces sont le
reflet de celui qui y a vécu, elles inspirent une certaine raideur en même
temps qu’une sorte d’emphase et racontent également la fascination d’un homme
pour une Egypte découverte en campagne militaire. Les motifs décoratifs des
pieds du bureau représentent des têtes de lion sculpté. Et tellement subjugué
par ce proche Orient que la manufacture
de Sèvres a réalisé 7 cabarets égyptiens dont un que Napoléon a offert à
Joséphine pour le jour de l’an 1809 : intérieur doré de tasses à thé, aux
motifs paysagers dessinés in situ, repris de illustration du livre de
Vivant-Denon « Voyage dans la Basse et Haute-Egypte »
Cabaret égyptien à la Malmaison |
Dans la salle Marengo, une toile du peintre David, « Napoléon
au Grand Saint Bernard». Une version picturale de la statue équestre et marquée
de contemporanéité. Dans un ciel tourmenté, Bonaparte, enveloppé dans une ample
cape gonflée par le vent, assis fermement sur un cheval cabré, montre la
direction. Des rochers portent l’inscription « Bonaparte, Annibal, Carolus
Magnus » … Le souffle de l’épopée auréole le héros ! Grandeur,
puissance, invincibilité, voilà les concepts véhiculés dans cette
représentation pour le moins propagandiste !!!
Napoléon au Grand St Bernard - 1801- David - huile 261x221cm - la Malmaison |
Pourtant la réalité est toute autre, et l’authenticité peinte
vous la trouverez au Louvre également à Londres, dans une toile de Paul
Delaroche « Napoléon traversant les Alpes ». Un homme, la main droite
glissée dans un manteau gris, traverse les Alpes assis sur une mule guidé
par un muletier… La réalité est moins prestigieuse !
Napoléon traversant les Alpes -1850 - Delaroche 289x222 cm -Musées Liverpool - Londres - Louvre |
Marche Napoléonienne de la garde consulaire à Marengo
Les quelques vingt pièces de la Malmaison ont été décorées
en un temps record. Ainsi le bureau ou le salon de musique ont été peints en 10
jours ! Effectivement, de 1792 à 1806 c’est le temps du calendrier
révolutionnaire, le mois est rythmé en décades, et les ouvriers doivent
accomplir leur tâche dans cet intervalle.
L’aile droite du château est plutôt réservée à la maîtresse
des lieux. Les pièces portent la marque de la féminité, serre-bijoux, pendules
magnifiques -de Diane, -du Char de Vénus, -de l’Ecouteuse dans les salles qui
se succèdent…
Pendule "L'oubli du temps" à la Malmaison Bronze doré patiné - Claude Galle bronzier - |
Un meuble tripode portant une vasque, sous lequel repose une
aiguière, une athénienne dont la fonction est destinée à une brève toilette.
L’ensemble est décoré de cygnes et ou de dauphins, animaux qui appartiennent à
la fois au répertoire antique et aquatique.
Le salon de musique à la Malmaison |
Dans le salon de musique, la harpe de Joséphine et le piano
de la Reine Hortense, sa fille, les
tableaux personnels, choisis par la maîtresse des lieux donnent un aperçu de
son goût mécène. Joséphine a choisi des jeunes peintres dont un certain Fleury
Richard, tenant du style troubadour. Cette génération de peintres racontait des
faits intimes, anecdotiques, chevaleresques et historiques dans un décor
médiéval. On peut imaginer, avec le recul du temps, que la toile « Charles
VII écrivant ses adieux à Agnès Sorel » est une métaphore annonciatrice de
l’histoire des habitants de la maison….
La toile « Joséphine Impératrice » de Prud’hon au
Louvre aujourd’hui, illustre avec délicatesse la rêverie mélancolique d’une femme,
l’attente d’un homme toujours au-delà des monts et des mers, l’inquiétude de ne
pas donner d’enfant à celui qui veut instaurer une dynastie….
Joséphine dans le parc de la Malmaison - 1805 - Prud'hon 244x179cm - Louvre |
Napoléon a répudié Joséphine en 1809… Pourtant, elle a été sans
nul doute son grand Amour. Joséphine meurt en 1814 d’une angine infectieuse,
elle a 51 ans. L’année suivante, juste avant d’être exilé à Sainte-Hélène,
l’Empereur déchu vient se recueillir en un ultime adieu dans la chambre de
cette femme qui l’a accompagné dans son ascension… Une chambre d’apparat tendue
de velours rouge, un dais surmonté d’un aigle laisse tomber un voilage brodé
d’abeilles pour encadrer un lit aux pieds décorés de cygnes et de cornes
d’abondance. L’aigle emblème impérial antique associé depuis toujours aux
victoires militaires, l’abeille symbole de fertilité, de résurrection liée aux
Mérovingiens, l’abondance apportée par un juste gouvernement, des symboles pour
marquer la légende de ce couple, la folie d’un homme qui voulait dominer le
monde…
Chopin :Nocturne
Après la mort de Joséphine, le château passera de main en
main, sera transformé en musée par Napoléon III. Le domaine sera morcelé,
endommagé en 1870… Si aujourd’hui nous avons la chance de retrouver ce
témoignage historique, artistique et culturel avec une grande partie des
meubles, et des objets, c’est grâce au banquier Daniel Iffla dit Osiris qui l’a
restauré et offert à l’Etat en 1903 pour en faire un musée au souvenir de
Napoléon.
Sites consultés
Pour
se rendre au château de Malmaison de Paris
Depuis Paris : RER A direction Saint- Germain en Laye descendre à l'arrêt "Rueil-Malmaison" puis bus n°27 jusqu'à l'arrêt "Le château". Ou métro ligne 1 / RER A jusqu’à La Défense, puis bus N°258 jusqu'à l'arrêt « Le château »
Depuis Paris : RER A direction Saint- Germain en Laye descendre à l'arrêt "Rueil-Malmaison" puis bus n°27 jusqu'à l'arrêt "Le château". Ou métro ligne 1 / RER A jusqu’à La Défense, puis bus N°258 jusqu'à l'arrêt « Le château »
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