Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

vendredi 9 janvier 2015

Paul Durand-Ruel - le Pari de l'Impressionnisme

Aujourd’hui, je vous propose de découvrir l’exposition intitulée « Paul Durand Ruel, Le Pari de l’Impressionnisme ». Cette rétrospective a lieu actuellement au Musée du Luxembourg à Paris et prendra fin le 8 février 2015.

Encore de l’Impressionnisme? Oui encore ! Mais cette fois-ci il y a tant de toiles qui viennent des Etats-Unis et des musées d’Europe  que vous y découvrirez des œuvres très rarement exposées en France. C’est en cela que réside le plaisir et l’originalité de cette présentation.
Les thèmes impressionnistes sont toujours identiques, reproduire une sensation, une impression, capturer les variations d’ombres et de lumières, les reflets de l’eau, l’expression d’un sourire, d’un regard… intercepter, appréhender l’éphémère pour restituer d’un trait d’une couleur la fugacité des êtres, des choses, des lieux dans une belle harmonie composée...
L’exposition dit aussi en préambule « Paul Durand Ruel » et c’est sur cet homme que je souhaiterais porter une attention particulière… Qui est ce personnage ? C’est un marchand d’art, il achète des œuvres les fait connaître au public et les vend ou les garde en collection particulière.
Vers les années 1870, pour exposer, plaire et être à la mode,  il faut appartenir au cercle des peintres académiques qui exposent dans les Salons officiels. A l’époque les peintres connus s’appellent Alexandre Cabanel, Jean-Léon Gérôme, François-Joseph Heim ou William Bouguereau. L’originalité de PDR est d’être en marge du regard convenu sur la peinture et en avance sur son temps.

Charles X distribuant des récompenses au Salon Officiel de 1824 - F.J Heim
Illustration de toiles disposées "à touche-touche"

Les peintres Courbet, Manet, Monet, Pissaro, Sisley, Renoir et Cézanne que PDR tente de promouvoir font figure de barbouilleurs. D’ailleurs, à la première présentation Impressionniste de 1874 chez Nadar, la critique est si virulente que la salle est gardée par des policiers. Un journaliste écrira «Ces gens sont fous, mais il y a plus fou qu'eux, c'est un marchand qui les achète!»


Paul Durand-Ruel - 1910 - Renoir
Huile sur bois - Archives Durand-Ruel


 « Ces gens sont fous, mais il y plus fou qu’eux, c’est un marchand qui les achète » écrit un critique. Ce « plus fou » c’est Paul Durand Ruel.
Né en 1831, ses parents font commerce de papier et d’objets nécessaires aux artistes peintres. Ils exposent dans leur magasin les toiles qu’on leur confie. C’est de là, sans doute, que naît l’intérêt de Paul Durand Ruel. Une passion qui s’affinera et l’amènera à la reconnaissance qui lui est due. Cet homme apprécie les maîtres anciens, les peintres de l’Ecole de Barbizon. Mais voilà, il découvre « la gare Saint-Lazare » de Monet, « le Boulevard Montmartre » ou « l’Avenue de l’Opéra » de Pissaro, les danseuses de Degas, et les beautés de Renoir … L’esthète marchand d’art est subjugué, il perçoit avant les autres, ce nouveau courant, cette révolution artistique, il flaire dans une intuition impalpable, le bouleversement esthétique qui point.
Durand Ruel est un précurseur, il agit exactement comme les galeristes d’aujourd’hui :
- joue un rôle essentiel en tant que découvreur d’un artiste, - fait connaître un mouvement ou un style pictural, - confère à celui-ci la notoriété qu’il n’a pas encore. Parmi les marchands d’art ou galeristes célèbres, il y a eu Ambroise Vollard qui a repéré Cézanne, Van Gogh, Gauguin, Matisse, ou encore Kahnweiler distinguant les cubistes dont Picasso et Braque pour ne citer qu’eux.
Mais pour Paul Durand-Ruel, les choses ne sont pas faciles. Il achète ce qui ne se vend pas, quand  il faut vendre ce qui fait vivre… Cependant, il négocie les toiles des peintres académiques et assure avec le produit de la vente la survie des Impressionnistes. L’homme est tenace et fidèle, il croit en ces nouveaux peintres, et malgré les aléas économiques, la faillite de sa banque,  les difficultés financières, la guerre franco-prussienne, il ne perd pas de vue son objectif, le soutien et l’entretien de ces peintres désargentés. Il fait « le Pari de l’Impressionnisme », le pari de la réussite !


La maison du pêcheur à Varengeville - 1882 - Monet
Musée de Rotterdam - Pays-Bas

« Le Pari Impressionniste » actuellement au Musée du Luxembourg,  jusqu’au 8 février 2015, nous permet de comprendre la fonction du marchand d’art. PDR a consacré une grande partie de sa vie à promouvoir les Impressionnistes. Il s’est toujours battu par fidélité à ses opinions et à ceux en qui il croyait !
Il a frôlé la ruine plusieurs fois, Ainsi, quand contraint de rembourser un emprunt suite à la faillite de la banque de l’Union Générale, il ne brade pas les toiles que Renoir, Monet, Pissaro, Sisley lui ont confiées… Pour honorer sa dette il vend des œuvres dont les noms sont reconnus. Il ne sacrifie ni ses achats ni ses ventes. Cet homme est de droiture et de loyauté.
Comment PDurand-Ruel, marchand d’art procède-t-il pour faire connaître et défendre ce mouvement Impressionniste ?
- En contre-partie de l’exclusivité de leurs travaux qu’il se charge d’exposer, il verse régulièrement une somme aux vraiment -pauvres Impressionnistes- . Ce qui fera dire à Monet « Sans Durand-Ruel nous serions morts de faim ».
- Le marchand sait que pour être connu, il faut être reconnu et  communiquer … Il ouvre une galerie rue Laffite à Paris qui est la rue des experts et des marchands de tableaux. Son appartement Rue de Rome comporte plus de 300 œuvres et peut être visité par tous ceux qui veulent découvrir cette peinture si décriée…
- Durand-Ruel a compris l’impact des publications, alors paraît en 1869 « La Revue internationale de l’Art et de la Curiosité » et en 1890 « L’Art dans les deux mondes ». Ces magazines sont un bon moyen de former le regard du collectionneur, et assurent ainsi la promotion des artistes. Ses galeries sont également indiquées dans les guides touristiques.
- Durand Ruel, choisit d’organiser des présentations individuelles dédiées à un peintre en particulier. A l’époque où les tableaux sont accrochés à touche-touche, il choisit de les disposer de manière aérée, pour leur offrir une dimension personnelle et apporter une respiration à chaque composition.
- Ce qui va essentiellement contribuer à la reconnaissance des Impressionnistes, ce sont les expositions que Durand Ruel organise dans les galeries de Bruxelles, Londres, Berlin, New-York et Boston. Les Etats-Unis découvrent avec ravissement le style impressionniste et c’est par eux et grâce à eux que le succès va s’installer !
Au Salon Officiel de 1874, Durand Ruel avait admiré le travail de Mary Cassatt, une jeune américaine artiste inconnue. Il n’avait pas hésité à lui offrir une exposition monographique en 1891. Lors de la venue de Durand Ruel à New-York, Mary Cassatt en excellente intermédiaire et femme de mémoire, lui présentera les grands collectionneurs américains, les grandes fortunes du pétrole, des chemins de fer et de l’acier. Le succès est assuré…


La jeune fille au chat - 1880 - Renoir
Art Institute- Williamstone- Massachussets

Je vous invite à aller visiter cette exposition Impressionniste au Palais du Luxembourg à Paris qui a lieu jusqu’au 8 février 2015.
Durand-Ruel, un homme en avance sur son temps, communique, respecte ses partenaires, reste fidèle à ses idées en acceptant toutes les différences de son siècle. « Catholique fervent et monarchiste convaincu il soutient l’art du communard Courbet et de l’anarchiste Pissaro » parce que pour lui le critère essentiel de sélection c’est la Beauté !
A Paris, l’Exposition universelle de 1900 met à l’honneur les Impressionnistes, c’est la consécration d’un homme qui a lutté pour sa vérité. Une vérité qui est devenue la nôtre, l’Impressionnisme est un des mouvements le plus apprécié et le plus connu du grand public. Aujourd’hui encore, nombre de peintres figuratifs ont à cœur de restituer, à leur manière et dans leur style,  les impressions de mouvement, de lumière, d’ombre pour illustrer leur création.
Durand-Ruel a vendu tout au long de sa carrière 12 000 tableaux, dont entre autres 1 500 Renoir, 1 000 Monet, 800 Pissarro, 400 Degas, 400 Sisley, 400 Cassatt, 200 Manet. 
Lorsqu’il meurt en 1922, il vient d’être décoré de la Légion d’Honneur non pas au titre des Beaux-Arts mais du commerce extérieur !
L'appartement de Paul Durand-Ruel - 35 Rue de Rome à Paris
Les portes ont été peintes par Monet, au mur de droite on aperçoit "la jeune fille au chat de Renoir

Références des consultations:
- L’objet d’art, hors série exposition – Paul Durand-Ruel. Le pari de l’Impressionnisme
- L’album de l’exposition : Paul Durand-Ruel. le Pari de l’Impressionnisme
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