Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 10 décembre 2014

Le musée de la dentelle et de la broderie à Caudry (Nord)

Le musée de la dentelle et de la broderie à Caudry

Connaissez-vous Caudry, une petite ville du Cambrésis dans le département du Nord, située entre Cambrai la ville aux croquants bonbons mentholés appelés bêtises, et le Cateau ville natale d’Henri Matisse ?
L'entrée du musée de la dentelle et de la broderie de Caudry

Depuis 1995, Caudry est classée « ville des métiers d’art ». Je vous invite à en découvrir les raisons à visiter son musée de broderies et de dentelles, à errer dans la cité, à retrouver l’âme de cette petite  bourgade de tullistes ou fabricants de tulle, et de brodeurs qui a connu la grandeur et la richesse, la décadence et la misère, pour renaître au cours de ces dernières décennies …
Les rues étroites aux habitations de briques d’argile cuite, lignées d’un mortier blanc portent la marque de son patrimoine : place des Mantilles, rue de Calais, rue de Chantilly, rue Leavers…
Chantilly, mais c’est une ville où l’on fabrique de la dentelle ? Une ville oui, mais c’est à Caudry que l’on fabrique la dentelle de Chantilly, voilà qui est plus précis !
Leavers … C’est l’inventeur du métier qui a permis de fabriquer une broderie sur tulle avec le système Jacquard. La fortune de cette innovation s’est installée durablement car elle a été, dès le début, en mesure de concurrencer le travail à la main.
Les premiers métiers, importés d’Angleterre, ont été installés à Caudry en 1826.
Lorsque l’on choisit d’acheter ou d’offrir une nappe, une robe, des sets de tables, ou quelques colifichets en dentelle, on ignore bien souvent l’origine de ce « made in France », ainsi que toutes les étapes de création d’un article que l’on trouve … assez cher …
La  broderie sur tulle requiert un art de la création, une multitude d’étapes, une maîtrise professionnelle insoupçonnée, de sa conception jusqu’à sa commercialisation.
Tous les vieux métiers d’il y a deux siècles déjà, au service de cette fabrication existent encore. Si leur pérennité contribue au prestige de cet art, à leur survivance dans notre monde actuel, c’est parce que le savoir-faire de la dentelle et de la broderie a su s’adapter aux nouvelles technologies : s’automatiser, s’informatiser,  technique et  maîtrise, marque du présent dans le respect du passé en sachant se renouveler, se conformer aux besoins et même insuffler la mode.

Le musée de la broderie et des dentelles de Caudry est installée, dans l’ancienne fabrique des frères Carpentier au cœur de la cité. L’architecture de l’usine est en adéquation avec -la fonction pour laquelle elle a été créée, -du lieu où elle a été implantée, -un ensemble conçu pour une utilité déterminée. Les murs de briques rouges constituent un matériau peu onéreux, disponible sur place, facile et léger à acheminer. La charpente  métallique du plafond, témoin de cette fin du 19ième siècle a l’avantage de -limiter l’encombrement, -réduire les risques d’incendie, -augmenter les portées, et, les grandes fenêtres apportent la luminosité nécessaire aux travaux des ouvriers tullistes.
Ancienne usine de broderie des Frères Carpentier
Aujourd'hui musée de la broderie et de la dentelle
Caudry
L’espace en lui-même se divise en fonction des actions à réaliser et des qualifications nécessaires à solliciter.
Avant l’entrée en atelier, le motif de la broderie a été dessiné, sorti de l’inspiration d’un véritable artiste. L’esquisse est ensuite reportée sur un ordinateur, quadrillée, scannée, chaque ligne du dessin est codée, l’ensemble commandera les barres du métier à broder. C’est la création du fameux jacquard, informatisé de nos jours. Autrefois chacune de ces étapes étaient manuelles, et le métier actionné par un pédalier à ses tout débuts.
Dans la fabrique, l’ouvrier vit au rythme du bruit du métier à broder… Enchaînement de déclics et d’éclats, grincements et onomatopées d’une œuvre vivante où le maître artisan connaît, reconnaît chaque souffle et s’inquiète si une note vient à changer…  
Une pièce qui se grippe ? Un fil qui se casse ? Faut-il graisser quelques rouages à la mine de plomb, remplacé maintenant par l’opalon un lubrifiant synthétique ?
Etre à l’affût des silences, des syncopes, des mesures, du rythme de la machine comme à la vigilance de l’avancée de la pièce qui s’enroule lentement autour de l’axe du métier. Repérer un fil rompu, le marquer pour la raccommodeuse, arrêter le lourd métier, réparer le fil dans la pièce à l’aide d’un long crochet, relancer la monstrueuse machine de plus de 10 tonnes qui réalise un tissu d’arachnée de 5m de large sur 10 à 20 m de long.
Le métier à broder Leavers
Pendant ce temps, dans la partie la plus lumineuse de l’atelier, les ouvriers n’entendent même plus le lancinant battement des machines.
Certains préparent les bobines, c’est encore une étape qui se fait entièrement à la main. Elle demande une vue de lynx associée à une minutie remarquable. Imaginez … Il faut insérer  des brins de soie, de lin, de coton ou de laine  d’une extrême finesse entre deux disques de laiton,  dont l’interstice correspond à celui du chas d’une petite aiguille à coudre. Puis, il faut placer dans un chariot ces 300 bobines chargées chacune d’environ 120 m de fil, et les installer au cœur du métier à broder. D’autres ouvriers mettent en place les fils de chaîne sur la machine à ourdir, ils se croiseront avec la trame pour concevoir la base du tulle à broder. D’autres dévident… Ils sont aux pièces, cela demande une vraie qualification professionnelle pour atteindre un niveau de dextérité et de rapidité remarquables.
La machine à ourdir 


Le musée de Caudry vous invite à découvrir toutes les étapes de la fabrication de la dentelle au travers d’un film, avec également certains jours un ouvrier qui fait fonctionner pour vous un métier à broder du siècle dernier….
Cet art de la dentelle et de la broderie a pris sa place dans ce qui se nomme le luxe.
Un produit fini qui ne dit rien des nombreux corps de métier qui travaillent en synergie pour arriver à ce résultat de haute qualité.
Raccommodeuses d'autrefois










La raccommodeuse d'aujourd'hui









Il reste encore, après la fabrication, les travaux de contrôle. La raccommodeuse qui cherche la maille filée et la reprend à l’aiguille, l’écailleuse qui découpe au ciseau les bordures, les travaux d’apprêt, de teinturerie, de mise en valeur pour ennoblir le produit avec des ajouts de perles, de fils métalliques …












Ce travail d’artisan est devenu un métier d’art, il reste l’expression d’un passé et d’une histoire régionale. La fonction de fabriquer la dentelle, s’est fondu avec la création artistique, en aliénant la technologie pour inventer le faste et la beauté… des éléments qui ont conduit une petite ville vers cette réussite.
Caudry a dû pour survivre, s’adapter, lutter, combattre face à la concurrence. Attirer les créateurs, en proposant sans cesse une diversification dans la présentation du produit : thermocollage pour une tenue rigide en bagagerie ou industrie de la chaussure, impressions par transfert pour retrouver des modèles dans l’habillement et même la lunetterie, calandrage pour lustrer, cirer ou vernir la dentelle…
Toutes ces  créations et ces innovations sont une référence en haute couture. Chanel, Dior, Lanvin, Gauthier, Elie Saab, Oscar de la Renta sont les clients des 6 maisons de la confection caudrésienne. Ils ont habillé Marylin Monroe, Grâce de Monaco,  habillent Kate Middelton, et plus récemment encore Amal Alamuddin… Des noms célèbres qui font référence, sans oublier le monde du cinéma, dentelles et  broderies des films « Le Bossu », « Ridicule », « Gatsby le Magnifique »…
Les robes du film Gatsby le magnifique

Je vous invite à aller découvrir ce musée, il est à l’image des gens du Nord, simples, travailleurs, courageux et opiniâtres.


L’industrie textile de cette région a traversé des moments difficiles, elle porte le témoignage de son passé : - destruction de l’outil de travail en 1914, -récession des années 1950-1960, et à chaque fois, renaître, se battre, vouloir l’impossible et le rendre possible par une activité, une écoute, une observation des besoins, la volonté de réussir, la capacité d’inventer des produits innovants.
Le musée rend compte des avancées et des recherches permanentes de cette industrie textile devenue synonyme de l’opulence, du glamour, et de la beauté.
En ce moment même, une exposition en rez-de-chaussée « Métamorphe » 19 dessins imaginés par une jeune graphiste issue de l'Ecole Supérieure des Arts Appliqués et du Textile de Roubaix. Deux expositions sont à découvrir à l’étage de l’atelier
-          dentelles tendances et influences
-          dentelles de demain et technologies innovantes







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