Aujourd’hui, je voudrais vous parler lecture, et d’un auteur Laurent Gounelle.
Cet écrivain né en 1966 en est à son quatrième livre.
Les titres de ses ouvrages, « L’homme qui voulait être heureux » « Les dieux voyagent toujours incognito » « le jour où j’ai appris à vivre »,
et celui dont je vais vous entretenir « le philosophe qui n’était pas sage » montrent un homme qui
fait la tentative d’analyser la vie, sa vie, et d’en comprendre le
fonctionnement… Ses romans ont tous le but d’appréhender le monde dans lequel
nous vivons, avec l’objectif de prendre conscience de soi, d’interpréter ses
propres réactions, trouver sa liberté, se débarrasser des inhibitions, des conditionnements, de certains
modes de pensée, pour découvrir le chemin de l’autonomie, de l’indépendance et accéder
à la sagesse.
Ce « philosophe qui n’était pas sage » paru en
2012 dans une coédition Plon/Kero, également disponible chez Pocket dénonce
sous forme de satire, la société occidentale moderne, en listant les préconçus,
les objets, les idées qui créent l’enfermement en toute inconscience. Ce temps
d’aujourd’hui dans lequel nous vivons, a fait perdre la capacité de réflexion
personnelle en même temps que le manque de fusion avec la nature.
Laurent Gounelle nous conduit à ces découvertes et ces observations
au travers d’une histoire qui pourrait être une fable poétique et introspective….
Une parabole délicate et sensible où la beauté de la nature s’exalte dans un
lyrisme romanesque, exquis et gracieux.
Une fleur de porcelaine |
La passiflore ou fleur de maracudja |
Partageons ces quelques phrases:
« Elianta posa un pied dans
l’eau. Un frisson parcourut son corps. Elle avança, s’immergeant lentement dans
la fraîcheur. Elle ferma les yeux et se délecta de cette sensation
délicieusement ambiguë, ce moment unique où le corps hésite entre la crainte du
froid et son désir, puis son basculement vers le bien-être total. Elle laissa
son visage glisser sous l’eau et fit quelques brasses dans l’apaisant silence
aquatique. Elle émergea quelques mètres plus loin, et continua de nager en
direction de l’autre berge, nue et libre. Elle s’adossa à une branche qui effleurait
la surface. Des gouttes perlèrent sur son front et roulèrent doucement jusqu’à
ses lèvres entrouvertes.
Autour du bassin, quelques arbustes, des buissons
fleuris et des bambous se partageaient le rivage. L’air était délicatement
parfumé des senteurs des petites fleurs bleues et roses. Elle ferma les yeux et
savoura l’instant. Son corps, léger, flottait entre deux eaux, ondulant sous le
faible courant. Elle était si bien. Le temps se dilatait à l’infini, sublimant
ce moment en une éternité de plaisir »
Le livre « Le
philosophe qui n’était pas sage » n’est pas une ode rêveuse à la
nature. C’est l’histoire d’un homme instruit, Sandro, professeur de philosophie qui quitte tout pour
se rendre dans une tribu au fin fond de l’Amazonie. Il ne part pas pour une
étude ethnologique, il s’y rend dans l’objectif de détruire l’équilibre naturel
d’un groupe. Car Sandro le héros du livre, leur attribue le sacrifice rituel de
son épouse journaliste, en reportage dans ce clan.
Comment un homme intelligent peut-il vouloir se rendre
coupable d’une telle violence ? L’objectif de Sandro n’est pas de tuer, de
piller, son action est beaucoup plus subtile, il veut introduire dans cette
peuplade, de nouveaux cadres de référence, qui au lieu de libérer, rendront
mentalement prisonniers. Voici ce qu’il conçoit:
- Rompre l’unité du groupe, en apprenant l’individualisme.
- Initier l’esprit de compétition pour induire le sentiment
de supériorité par rapport à l’autre
- Infuser la jalousie par le biais de la comparaison et de
l’envie.
- Couper les gens de la nature, de leurs racines et de leurs
rites.
- Introduire des maladies.
- Créer de nouveaux besoins et prendre conscience du manque.
- Faire perdre la confiance en soi et en l’autre.
En quelque sorte, ne
serait-ce pas introduire les défauts et les difficultés du monde moderne au
cœur d’une tribu pacifique qui vit du respect du groupe, de l’entité
individuelle, de l’écoute, de l’attention portée aux petits comme aux anciens,
dans la considération de l’espace qui les abrite ?
Je vous livre
quelques réflexions de ce philosophe qui n’est pas sage, bien qu’il soit en
mesure de faire référence au « divertissement » de Blaise Pascal,
voici l’extrait :
«Divertissement : l’investissement
des tâches professionnelles à l’abandon de soi, l’homme faisant tout pour
oublier, pour s’oublier…
Ces maudits Indiens n’étaient pas
en proie à ce genre de choses… Puisqu’ils se voyaient faisant partie d’un Tout
qui les dépassait en les englobant, ils acceptaient même la mort, convaincus
que leur âme ferait toujours partie de l’univers. D’où leur sérénité, leur
confiance en la vie. Sandro se dit qu’il parviendrait à les couper de ce grand
Tout, à les isoler, à détruire leurs croyances en un lien invisible qui unit
tous les êtres vivants, hommes, animaux et plantes. Il fallait les confronter au
vide d’une vie purement individualiste et, devant cet abîme d’absurdité, ils ressentiraient
le vertige d’une existence dénuée de sens. La peur de la mort surgirait enfin
en eux, et il suffirait de les abreuver de divertissements pour qu’ils passent
complètement à côté de leur vie »
Musique: « No
me dejes, canoita »
Au fil des pages de ce livre « Le philosophe qui n’était pas sage »,
on se demande comment un homme brillant, instruit comme Sandro peut accepter de
soumettre un peuple à cette brutalité méprisante et avilissante. Le mode de vie
de ces Indiens, tellement en osmose avec
la nature et la considération des autres nous laissent à penser qu’il y a
forcément un maillon manquant à notre connaissance sur la mort de l’épouse de
Sandro, mais nécessaire à la construction du roman.
Il existe une opposition entre la douleur, la rancune
rageuse de Sandro et la sérénité douce de
ce peuple accueillant, joyeux tellement en phase avec l’âme du cosmos…
Dieu est avec eux, ils le savent, ce n’est pas une fierté,
c’est une paisible certitude.
Un livre qui raconte la beauté du monde, et met en scène dans
un conte onirique la confrontation de deux modes de vie totalement opposés.
Une civilisation, la nôtre, assourdie par le bruit, les
modes, les diktats, les obligations et les contraintes contre celui de la sensibilité,
de la beauté, des splendeurs qui entoure, où l’on sait percevoir
l’insaisissable… Entendre chanter le vent, murmurer les rivières, parler aux
arbres, sentir l’odeur de l’eau, humer le parfum des fleurs, aimer l’ombre et lumière, se réjouir de la pluie
et du soleil…
Laurent Gounelle analyse notre culture moderne marquée,
rythmée par les obligations, la course du temps, les images, les médias, les
conflits, la compétition. Il l’analyse et la compare avec cette culture du
« bon sauvage » où les valeurs de compétition, d’argent n’existent
pas, où la beauté ne s’érige pas à coups de canons.
Son livre interpelle provoquant une réflexion, une
interrogation sur le monde actuel qui aveugle, enserre, uniformise, détermine les
décisions et fait perdre autant l’autonomie intellectuelle que la relation à
l’univers sensible.
Influencés, manipulés de façon subliminale, nous passons,
peut-être, sans doute, à côté de l’harmonie, de la poésie, de la simplicité, de
la pureté, du vrai, des sentiments et des émotions pour nous livrer tout entier
à une conformité standardisée qui prive de l’originelle nature.
Laurent Gounelle nous dit que le bonheur est en soi, il ne
tient qu’à notre volonté de faire vibrer ces cordes qui existent en nous.
La plume de l’auteur formule sa pensée avec les mots de
Marc-Aurèle:
« Vivre chaque jour comme si c’était le dernier,
Ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire
semblant »
Références et infos sur les fleurs d’Amazonie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire