Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 26 novembre 2014

Le philosophe qui n'était pas sage de Laurent Gounelle

Le philosophe qui n'était pas sage de Laurent Gounelle

Aujourd’hui, je voudrais vous parler lecture, et d’un auteur Laurent Gounelle. 
Cet écrivain né en 1966 en est à son quatrième livre.
Les titres de ses ouvrages, « L’homme qui voulait être heureux » « Les dieux voyagent toujours incognito » « le jour où j’ai appris à vivre », et celui dont je vais vous entretenir « le philosophe qui n’était pas sage » montrent un homme qui fait la tentative d’analyser la vie, sa vie, et d’en comprendre le fonctionnement… Ses romans ont tous le but d’appréhender le monde dans lequel nous vivons, avec l’objectif de prendre conscience de soi, d’interpréter ses propres réactions, trouver sa liberté, se débarrasser des  inhibitions, des conditionnements, de certains modes de pensée, pour découvrir le chemin de l’autonomie, de l’indépendance et accéder à la sagesse.
Ce « philosophe qui n’était pas sage » paru en 2012 dans une coédition Plon/Kero, également disponible chez Pocket dénonce sous forme de satire, la société occidentale moderne, en listant les préconçus, les objets, les idées qui créent l’enfermement en toute inconscience. Ce temps d’aujourd’hui dans lequel nous vivons, a fait perdre la capacité de réflexion personnelle en même temps que le manque de fusion avec la nature.
Laurent Gounelle nous conduit à ces découvertes et ces observations au travers d’une histoire qui pourrait être une fable poétique et introspective…. Une parabole délicate et sensible où la beauté de la nature s’exalte dans un lyrisme romanesque, exquis et gracieux.

Une fleur de porcelaine














La passiflore ou fleur de maracudja 


























Partageons ces quelques phrases:
« Elianta posa un pied dans l’eau. Un frisson parcourut son corps. Elle avança, s’immergeant lentement dans la fraîcheur. Elle ferma les yeux et se délecta de cette sensation délicieusement ambiguë, ce moment unique où le corps hésite entre la crainte du froid et son désir, puis son basculement vers le bien-être total. Elle laissa son visage glisser sous l’eau et fit quelques brasses dans l’apaisant silence aquatique. Elle émergea quelques mètres plus loin, et continua de nager en direction de l’autre berge, nue et libre. Elle s’adossa à une branche qui effleurait la surface. Des gouttes perlèrent sur son front et roulèrent doucement jusqu’à ses lèvres entrouvertes. 

Autour du bassin, quelques arbustes, des buissons fleuris et des bambous se partageaient le rivage. L’air était délicatement parfumé des senteurs des petites fleurs bleues et roses. Elle ferma les yeux et savoura l’instant. Son corps, léger, flottait entre deux eaux, ondulant sous le faible courant. Elle était si bien. Le temps se dilatait à l’infini, sublimant ce moment en une éternité de plaisir »


Le livre « Le philosophe qui n’était pas sage » n’est pas une ode rêveuse à la nature. C’est l’histoire d’un homme instruit, Sandro,  professeur de philosophie qui quitte tout pour se rendre dans une tribu au fin fond de l’Amazonie. Il ne part pas pour une étude ethnologique, il s’y rend dans l’objectif de détruire l’équilibre naturel d’un groupe. Car Sandro le héros du livre, leur attribue le sacrifice rituel de son épouse journaliste, en reportage dans ce clan.   
Comment un homme intelligent peut-il vouloir se rendre coupable d’une telle violence ? L’objectif de Sandro n’est pas de tuer, de piller, son action est beaucoup plus subtile, il veut introduire dans cette peuplade, de nouveaux cadres de référence, qui au lieu de libérer, rendront mentalement prisonniers. Voici ce qu’il conçoit:
- Rompre l’unité du groupe, en apprenant l’individualisme.
- Initier l’esprit de compétition pour induire le sentiment de supériorité par rapport à l’autre
- Infuser la jalousie par le biais de la comparaison et de l’envie.
- Couper les gens de la nature, de leurs racines et de leurs rites.
- Introduire des maladies.
- Créer de nouveaux besoins et prendre conscience du manque.
- Faire perdre la confiance en soi et en l’autre.
 En quelque sorte, ne serait-ce pas introduire les défauts et les difficultés du monde moderne au cœur d’une tribu pacifique qui vit du respect du groupe, de l’entité individuelle, de l’écoute, de l’attention portée aux petits comme aux anciens, dans la considération de l’espace qui les abrite ?
 Je vous livre quelques réflexions de ce philosophe qui n’est pas sage, bien qu’il soit en mesure de faire référence au « divertissement » de Blaise Pascal, voici l’extrait :
«Divertissement : l’investissement des tâches professionnelles à l’abandon de soi, l’homme faisant tout pour oublier, pour s’oublier… 
Ces maudits Indiens n’étaient pas en proie à ce genre de choses… Puisqu’ils se voyaient faisant partie d’un Tout qui les dépassait en les englobant, ils acceptaient même la mort, convaincus que leur âme ferait toujours partie de l’univers. D’où leur sérénité, leur confiance en la vie. Sandro se dit qu’il parviendrait à les couper de ce grand Tout, à les isoler, à détruire leurs croyances en un lien invisible qui unit tous les êtres vivants, hommes, animaux et plantes. Il fallait les confronter au vide d’une vie purement individualiste et, devant cet abîme d’absurdité, ils ressentiraient le vertige d’une existence dénuée de sens. La peur de la mort surgirait enfin en eux, et il suffirait de les abreuver de divertissements pour qu’ils passent complètement à côté de leur vie »

Musique: « No me dejes, canoita » 

Au fil des pages de ce livre  « Le philosophe qui n’était pas sage », on se demande comment un homme brillant, instruit comme Sandro peut accepter de soumettre un peuple à cette brutalité méprisante et avilissante. Le mode de vie de ces Indiens, tellement  en osmose avec la nature et la considération des autres nous laissent à penser qu’il y a forcément un maillon manquant à notre connaissance sur la mort de l’épouse de Sandro, mais nécessaire à la construction du roman.
Il existe une opposition entre la douleur, la rancune rageuse de Sandro  et la sérénité douce de ce peuple accueillant, joyeux tellement en phase avec l’âme du cosmos…
Dieu est avec eux, ils le savent, ce n’est pas une fierté, c’est une paisible certitude.

Un livre qui raconte la beauté du monde, et met en scène dans un conte onirique la confrontation de deux modes de vie totalement opposés.
Une civilisation, la nôtre, assourdie par le bruit, les modes, les diktats, les obligations et les contraintes contre celui de la sensibilité, de la beauté, des splendeurs qui entoure, où l’on sait percevoir l’insaisissable… Entendre chanter le vent, murmurer les rivières, parler aux arbres, sentir l’odeur de l’eau, humer le parfum des fleurs,  aimer l’ombre et lumière, se réjouir de la pluie et du soleil…


Laurent Gounelle analyse notre culture moderne marquée, rythmée par les obligations, la course du temps, les images, les médias, les conflits, la compétition. Il l’analyse et la compare avec cette culture du « bon sauvage » où les valeurs de compétition, d’argent n’existent pas, où la beauté ne s’érige pas à coups de canons.
Son livre interpelle provoquant une réflexion, une interrogation sur le monde actuel qui aveugle, enserre, uniformise, détermine les décisions et fait perdre autant l’autonomie intellectuelle que la relation à l’univers sensible.
Influencés, manipulés de façon subliminale, nous passons, peut-être, sans doute, à côté de l’harmonie, de la poésie, de la simplicité, de la pureté, du vrai, des sentiments et des émotions pour nous livrer tout entier à une conformité standardisée qui prive de l’originelle nature.
Laurent Gounelle nous dit que le bonheur est en soi, il ne tient qu’à notre volonté de faire vibrer ces cordes qui existent en nous.
La plume de l’auteur formule sa pensée avec les mots de Marc-Aurèle:
« Vivre chaque jour comme si c’était le dernier,
Ne pas s’agiter, ne pas sommeiller, ne pas faire semblant »



Références et infos sur les fleurs d’Amazonie

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