Aujourd’hui je vous emmène au musée Jacquemart André voir
l’exposition « Le Pérugin, maître de Raphaël ». Pietro Vannucci est
appelé « Le Pérugin » car il est né dans une bourgade près de
Pérouse.
L’exposition actuellement en cours se termine le 19 Janvier 2015 |
Ce
peintre né vers les années 1450 et mort en 1523 a marqué profondément son
époque. En ce temps-là sa peinture, son style, ses œuvres sont plus appréciés
que celles de Raphaël lui-même, ce qui indique son niveau de notoriété.
Né en Ombrie, une région frontalière avec la Toscane et le
Latium, le Pérugin a rencontré les plus grands peintres, assimilé les leçons de
ses maîtres dont particulièrement celles de Della Francesca puis Verrocchio.
Della Francesca, peintre et mathématicien lui fait acquérir
les notions de perspective, et de géométrie. Le Pérugin gardera de cette
formation la maîtrise de la composition, l’harmonie de la forme et de la couleur.
Il part à Florence recevoir les leçons de Verrocchio, celui-ci peintre
sculpteur et orfèvre travaille pour la cour des Médicis. Le Pérugin se retrouve
avec Léonard de Vinci, lui-même en
formation chez le maître. Ils y apprendront la maîtrise de la ligne, le sens du
modelé, les effets de lumière…
Le Pérugin a 30 ans, le voilà appelé à Rome pour peindre la
chapelle de la Conception aujourd’hui
disparue, et décorer la Chapelle Sixtine dans laquelle il a réalisé, deux
merveilleux tableaux, « le baptême du Christ » et « la Remise des clés à St
Pierre ».
La remise des clés à St Pierre - 1482 - Chapelle Sixtine - Rome |
La décoration de la chapelle est une entreprise collective
dans laquelle il a travaillé avec
Botticelli, Ghirlandaïo et Rosselli et bien d’autres, dont Michel-Ange bien
sûr !
L’exposition « Le Pérugin maître de Raphaël »
rassemble une cinquantaine de toiles, réparties en thèmes, de ses premières
années en passant par Pérouse et Florence, puis Rome et Venise avec les années
de maturité. Une salle pour les débuts de carrière, une autre réservée aux
Madones calmes et apaisantes, une autre pour les portraits, ou bien encore la
peinture profane, enfin, la salle pour analyser en détail et en comparaison,
les points communs, les sources d’inspiration entre Raphaël et lui.
On ne sait si le Pérugin a vraiment été le maître de Raphaël, ou si Raphaël a tiré les leçons d’une juste et intelligente observation. Mais, il n’y a aucun doute, l’œuvre du Pérugin a joué un rôle majeur dans l’art de Raphaël. Regardez les compositions, les constructions, les thèmes jusqu’à la façon dont les deux hommes peignent les arbres, silhouettes découpées et ciselées, c’est la même finesse la touche.
On ne sait si le Pérugin a vraiment été le maître de Raphaël, ou si Raphaël a tiré les leçons d’une juste et intelligente observation. Mais, il n’y a aucun doute, l’œuvre du Pérugin a joué un rôle majeur dans l’art de Raphaël. Regardez les compositions, les constructions, les thèmes jusqu’à la façon dont les deux hommes peignent les arbres, silhouettes découpées et ciselées, c’est la même finesse la touche.
Le mariage de la Vierge - 1501/1504 - Le Pérugin - Musée des Beaux-Arts de Caen |
Le Pérugin introduisait des cristaux de verre dans sa
peinture, vous serez émerveillé par la luminosité vibrante et la rythmique des
couleurs, la ligne des corps, les multiples attitudes, les drapés des robes ou
des toges…
En comparant avec les toiles de ses contemporains qui sont
en exposition, voyez les arrière-plans paysagers, les ouvertures de
lumière, compositions classiques et
rigoureuses qui gardent de la délicatesse et de la douceur.
L’exposition rassemble des œuvres qui viennent pour l’essentiel des musées européens, beaucoup d’Italie bien sûr, de Grande Bretagne, de Suisse, également de France. Notre pays possède quelques toiles du maître, certaines au Louvre, une au musée de Rennes.
L’exposition rassemble des œuvres qui viennent pour l’essentiel des musées européens, beaucoup d’Italie bien sûr, de Grande Bretagne, de Suisse, également de France. Notre pays possède quelques toiles du maître, certaines au Louvre, une au musée de Rennes.
Une «Vierge à l’enfant » tempera sur bois, peinte vers 1470 appartient
spécifiquement au fonds permanent du Musée Jacquemart André. Achetée par Nelly
Jacquemart en 1884, cette femme passionnée de Renaissance italienne ne s’était
pas trompée en faisant cette acquisition qui à l’époque n’était pas encore
attribuée au Pérugin…
La Vierge à l'enfant - 1470 - Le Pérugin - Musée Jacquemart André - Paris |
Regardons cette toile. C’est une œuvre de jeunesse, Le
Pérugin a environ 20 ans.
La Vierge tient son enfant debout sur le bord d’un parapet.
En arrière plan un paysage, des arbres vraisemblablement des
essences méditerranéennes s’étagent et s’ouvrent sur un autre niveau de massifs
montagneux, enfin au fur et à mesure que l’horizon s’éloigne le ciel
s’éclaircit …
Il s’agit d’une technique picturale, propre à cette fin du
15ième siècle. A cette époque on maîtrise insuffisamment la
perspective mathématique et la méthode employée est dite la perspective
atmosphérique. Elle consiste à marquer la profondeur par plans, pour aller du
plus proche au plus lointain, des couleurs les plus sombres au plus claires au
fur et à mesure de l’éloignement.
Assurément Le Pérugin a assimilé les influences flamandes en
représentant la Vierge et l’enfant dans un décor paysagé quand ses maîtres se
contentaient encore d’un fond d’or…
Dans une volonté décorative une guirlande de roses rouges,
roses et blanches souligne la délicatesse des traits de Marie…Découvrez-là, toute
de douceur et de modestie, coiffée d’un double voile, habillée d’une magnifique
robe de brocart rouge aux reflets moirés, un mantelet bleu bordé d’un galon d’or
repose sur ses épaules. Un bijou ferme un col de fourrure…
Le rouge de la robe est ici la symbolique de la Passion, le
bleu du manteau porte 3 concepts
–les Cieux -l’Eglise -la virginité de Marie. Rouge et bleu
associés font le lien entre la mère et le sacrifice du fils. Le bijou d’or
ciselé montre 4 perles sur le pourtour,
alternées avec des coquilles filigranées, un rubis au centre du médaillon.
La perle depuis les civilisations antiques est symbole de
fertilité. Dans la religion chrétienne elle est l’emblème du Christ, de sa
naissance virginale. 4 perles pour les saisons, les points cardinaux, les éléments
(air, terre, eau et feu), les cavaliers de l’Apocalypse, les 4 évangélistes…
Ainsi, rien n’est laissé au hasard. Le
Pérugin diffuse son message, et laisse le soin d’en décrypter le sens. Sur cette tempera, Marie lit. On peut
imaginer, qu’il s’agisse des Saintes Ecritures, un texte relatif au destin
tragique du petit qu’elle entoure avec tant de tendresse, d’ailleurs les
manches de sa robe sont noires… Ce n’est pas un hasard !
L’enfant Jésus nimbé est debout sur une rambarde, manière
pour Le Pérugin de le rendre plus proche de nous… Enfant nu, il rappelle la
simplicité de sa naissance, sa main droite levée en signe de bénédiction le
distingue de tous les autres enfants. Dans sa main gauche, un fil de soie
presque invisible, enroulé autour de son index, le relie à la patte d’un chardonneret, en
passant sous le pouce de Marie …Tout ici est allégorie : le fin cordon qui
relie Jésus à l’oiseau, en passant par Marie, annonce l’inéluctable martyre
prochain. Le chardonneret se nourrit d’épines, référence à la couronne d’offense
et de douleur.
Si je vous ai largement détaillé « la Vierge à
l’enfant » de 1470 qui se trouve en permanence dans le musée Jacquemart à
Paris, c’est parce que nulle part, je n’ai trouvé un commentaire détaillé de
cette œuvre…
J’aurais pu encore, vous parler du regard vivant et profond de
« Francesco delle Opere » qui tient dans sa main un petit rouleau sur
lequel est inscrit « Timete Deum » c'est-à-dire « Craignez Dieu ».
Le Pérugin a peint cette toile en 1494, au départ des Médicis, à l’arrivée du
terrible Savonarole instaurateur d’une dictature théocratique à Florence. Le
bûcher, les gibets sont en service et il vaut mieux être dans la ligne du
redoutable dominicain. Imaginez que même Botticelli a jeté quelques une de ses
toiles au bûcher des Vanités, des nus féminins tellement réprouvés par le farouche
autocrate !
Francesco delle Opere - 1494 - Le Pérugin - Galerie des Offices - Florence |
J’aurais encore pu évoquer la magnifique « Marie
Madeleine » traitée dans un sfumato de couleurs brunes et dorées… Léonard son
frère d’apprentissage, lui apprend le sfumato de da Vinci....
Marie-Madeleine - 1500 - Galerie Palatine - Florence |
Enfin, il ne faut pas ignorer le reproche qui a été fait au
Pérugin, celui de n’avoir pas su
renouveler son art, ainsi que les critiques de Vasari l’accusant d’être
un mauvais garçon athée. !
Tel n’est pas l’avis de Vittoria Garibaldi la commissaire de
l’exposition, elle défend au contraire, suite aux recherches qui ont été
faites, la thèse d’un peintre d’amour et de foi, d’un homme qui intègre les
découvertes de son temps y compris les techniques des peintres du Nord.
Dans cette exposition « Le Pérugin maître de Raphaël » l’audio-guide vous sera très utile pour accompagner votre visite. Le lieu est ouvert tous les jours et vous pourrez profiter de la découverte de cet hôtel particulier si magnifique !
Dans cette exposition « Le Pérugin maître de Raphaël » l’audio-guide vous sera très utile pour accompagner votre visite. Le lieu est ouvert tous les jours et vous pourrez profiter de la découverte de cet hôtel particulier si magnifique !
Au revoir, à bientôt
Livres consultés
Catalogue de l'exposition "Le Pérugin"
La vie des peintres de Vasari
Livres consultés
Catalogue de l'exposition "Le Pérugin"
La vie des peintres de Vasari
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