Le Grand Canal - Venise
|
Alors, je vais essayer de vous offrir un supplément d’âme.
Je voudrais vous parler d’atmosphère, d’impressions, de
lumière, de lieux, de ponts…
- écoutez cette langue chantante et joyeuse,
- sentez les odeurs qui flottent près des petits restaurants cachés au fond des « calle »
étroites - remontez le grand Canal,
- voyez les palais magnifiquement entretenus, ils côtoient
ceux abandonnés et délabrés
- partagez l’émotion d’une toile du Titien, de Carpaccio, ou
de Bellini,
- visitez la Ca Doro…
Je voudrais aussi vous dire le bonheur que vous éprouverez
le soir à délacer vos chaussures, du soupir ravi et fatigué ressenti dans le
confort de votre hôtel mêlé, à l’émerveillement heureux de votre journée, vous
désaltérant d’une flûte de Prosecco…
Lorsqu’on est sur l’île du Lido, il faut un petit quart
d’heure en vaporetto pour parvenir à la Cité. Vous voilà bercé par le mouvement
du bateau à moteur, l’immensité liquide
miroite sous vos yeux dans une déclinaison de bleus et de verts , le soleil
joue à vous éblouir et c’est une véritable surprise que de voir se découper la
silhouette du Palais des Doges, dans la lumière du matin.
Le Palais des Doges- Renoir 1881 Musée Williamstown - Massachussetts |
L’édifice se dresse dans des reflets d’ocre clair et
d’orangé, c’est en s’approchant que l’on découvre les détails. Construit pour
impressionner, pour dire sa puissance, la bâtisse témoin des échanges
commerciaux entre l’Orient et l’Occident, porte la marque de Byzance. Son
crénelage islamique ressemble à celui de la mosquée du Caire, avec le désir, en
même temps, d’être à l’image du temple de Salomon. Il faut le visiter bien sûr,
n’oubliez pas la « Porta della Carta », elle donne sur la Piazzetta,
coincée, cachée, entre la basilique et le palais dogal. Vous y découvrez une
architecture fleurie, des baies aux arcs brisés, des pinacles découpés, des
oculi si ouvragés qu’ils ressemblent à des moucharabiehs… Courbes et
contre-courbes se croisent et s’entrecroisent dans un décor mauresque.
La porta della Carta - Place St Marc - Venise |
De
l’autre côté de cette porte, l’arc Foscari, un plein cintre triomphal, s’illustre
des sculptures d’Adam à l’anatomie idéale, d’Eve en Vénus pudique. L’ensemble, architecture
et statuaire, fait la couture entre les styles gothique, classique et oriental,
face à l’imposant escalier des Géants où Mars et Neptune dominent de leur déité
la cour des Doges.
La ville italienne dit son originalité, son indépendance et
sa puissance, excommuniée 3 ans au 13ième siècle, et manquant de l’être au en
1605, elle déclare :
« Les vénitiens sont nés libres et ne sont tenus de
rendre des comptes à personne sinon à Dieu, seul supérieur au Doge en ce qui
concerne les affaires ! »
A Venise, il y a des lieux qu’il faut découvrir, comme la
basilique St Marc. Après cette visite, laissez vos pas vous porter, le nez en
l’air, les yeux ouverts, curiosité et intérêt en éveil dans le dédalle des
quartiers. Dans cette ville qui reçoit jusqu’à 23 millions de touristes par an,
il faut tout oublier, marcher dans les rues tortueuses, se laisser guider par
la foule, déboucher sur des petites places lumineuses et ses terrasses
ombragées qui embaument le café, traverser des ponts, dépenser des fortunes -du
moins en pensée- dans les magasins luxueux, déguster une glace, grignoter une
pâtisserie à la délicieuse saveur d’amande. Lentes déambulations, échoppes,
glaciers, passerelles qui se suivent et enjambent les canaux, églises qui
chantent, éternelles mendiantes qui s'accrochent et supplient. … Vous ne
manquerez pas de trouver la galerie de l’Accademia dans le quartier du
Dorsoduro.
Le musée de l’Académie recèle les trésors de Bellini,
Carpaccio, le Titien, le Tintoret, Veronèse, les enfants du pays en quelque
sorte !... Émotion assurée. Emplissez-vous les yeux de chaque toile,
détails des visages, attitudes, expressions, brillance des brocards et de
joyaux oubliés, intérieurs somptueux, témoins d'un art de vivre et de la
richesse d'un 15 et 16ième siècles rayonnants et cultivés.
Les tableaux sont immenses, ils couvrent des murs entiers,
Carpaccio et « Le rêve de Ste Ursule » couleurs de rose, de rouge, de
beige et vert pour peindre un débarcadère privé, un intérieur renaissance, la richesse
des marbres, les plafonds à caissons, tout le faste d’une époque révolue !
Bellini est le précurseur des « vedute »
entendez, la représentation minutieuse d’édifices ou de lieux urbains: « Le
cycle des reliques de la Vraie Croix » rend avec une justesse topographique
la Place St Marc du 15ième siècle. Elle n’a pas changé !
Le cycle des reliques de la Vraie Croix - Bellini - fin du 15ième siècle - Galerie de l'Académie - Venise |
Le Titien : une toile de 3m35 sur 7m75 pour raconter
« La présentation de la Vierge au temple »
Ce musée est magnifique, en même temps qu’agréable, dans
lequel il est facile de s’y repérer.
Au détour d'une ruelle de Venise, sur une placette, un groupe d’hommes en costume
cravate et chemise immaculée, de femmes élégamment habillées bavardent, se
saluent, se sourient ou s’appellent : Campo San Fantin, nous sommes devant la
Fenice, cet après-midi on joue, le Trouvère de Verdi… Il n'est pas difficile de
reconnaitre les italiens des étrangers, ils sont vraiment plus chics, plus
beaux, plus tout en un mot…
Continuons notre balade, longeons les quais, admirons les
gondoles et ses gondoliers, la proue du bateau porte 6 dents, ce sont les six
quartiers de Venise et la barre située en arrière représente le quartier de la
Giudecca. L’esquif en lui-même raconte la ville, ses quartiers, et même la
symbolique du Grand Canal et du pont du Rialto...
Le Rialto, coloré, bruyant où mille langues s’y croisent,
Babel moderne. Canaletto l’a peint, et la veduta était si juste, si scrupuleuse
dans sa réalisation qu’un instant le temps s’est suspendu… Nous sommes au cœur
d’une toile de Canaletto avec le sentiment que tout est exactement pareil qu’en
ce 18ième siècle. Rien n’a bougé, la couleur de l’eau, la ligne des
constructions, les barques qui se croisent, on entend même le claquement des
rames frapper l’eau !
Pont du Rialto - Canaletto - 1535/1540 - Louvre |
Aujourd’hui il suffit de rajouter les marchands de
bimbeloterie, les commerces, le monde…
A Venise on se bouscule, se presse, s’étouffe. Pourtant, cela
se fait dans une certaine tranquillité, les visiteurs sont des touristes, ils s’accordent
le temps de flâner, de profiter de l’ambiance offerte, « farniente »
est le maître-mot.
Le ghetto de Venise (photo prise le 16/09/2014) |
Dans le quartier du Cannareggio, il est un endroit dont on parle peu : Le ghetto. Ce premier quartier juif de l'Occident porte encore la douleur de son histoire. Les immeubles aux hautes façades sombres et sales, sont si proches, qu’on pourrait s’entendre murmurer d’un immeuble à l’autre. L’atmosphère oppressante et lourde nous envoie dans un monde qui ne dit plus la beauté et le luxe. Une grand' place suscite les images d'un passé où des drames se sont déroulés ... Le film de l'histoire se déroule sur l'écran de notre mémoire, par le vécu ou pour l'avoir lu ou encore vu, reconstitué au cinéma.
Venise est un chapelet d’îles. Il faut se rendre à Murano, découvrir
sa verrerie, les quelques souffleurs de verre qui façonnent pour vous, et sous
vos yeux l’objet que vous n’avez pas trouvé dans le foisonnement des étals… Un
peu plus loin, Burano les façades des maison peintes de rouge, jaune, violet,
vert colorent l’espace. Ses venelles serpentent le long du canal, et s’ouvrent
sur des échoppes de dentelles, nappes,
ombrelles, bustiers, masques au point de Venise, offerts à vos yeux admiratifs.
Dentelles de Burano |
La dernière île, Torcello, est un havre de quiétude et de
sérénité. Il faut découvrir la basilique Santa Assunta, les deux immenses mosaïques
byzantines qui se font face… « La Vierge à l’enfant », le suaire dans
la main, porte son petit qui tient le
rouleau de la Loi. Au-delà de la symbolique religieuse, l’ensemble dégage une
profonde douceur, une belle sérénité… Est-ce dû, aux bleus et brun pâle des
mosaïques, aux reflets arasants du soleil ?
Mosaïques de la basilique Santa Maria Assunta - Torcello |
En cette fin d’après-midi la lumière vénitienne dorée,
irisée, nacrée confère à donner au lieu, le sentiment de délicatesse, de tendresse,
de confiance, et d’apaisement...
Bibliographie
- Le guide vert Michelin: Venise
- Le grand guide de Venise Editions Beaux-Arts - Eyrolles
- Le guide vert Michelin: Venise
- Le grand guide de Venise Editions Beaux-Arts - Eyrolles
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire