Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 1 octobre 2014

Impressions Vénitiennes

Venise, la Sérénissime, la Cité des Doges, la ville sur la lagune. Il serait possible pour la décrire de recopier ou de s’inspirer d’un guide ou un d’autre et cela ne ferait qu’une information de plus.
Le Grand Canal - Venise
Alors, je vais essayer de vous offrir un supplément d’âme.
Je voudrais vous parler d’atmosphère, d’impressions, de lumière, de lieux, de ponts…
- écoutez cette langue chantante et joyeuse,
- sentez les odeurs qui flottent près des  petits restaurants cachés au fond des « calle » étroites - remontez le grand Canal,
- voyez les palais magnifiquement entretenus, ils côtoient ceux abandonnés et délabrés 
- partagez l’émotion d’une toile du Titien, de Carpaccio, ou de Bellini,
- visitez la Ca Doro…
Je voudrais aussi vous dire le bonheur que vous éprouverez le soir à délacer vos chaussures, du soupir ravi et fatigué ressenti dans le confort de votre hôtel mêlé, à l’émerveillement heureux de votre journée, vous désaltérant d’une flûte de Prosecco…


Lorsqu’on est sur l’île du Lido, il faut un petit quart d’heure en vaporetto pour parvenir à la Cité. Vous voilà bercé par le mouvement du bateau à moteur,  l’immensité liquide miroite sous vos yeux dans une déclinaison de bleus et de verts , le soleil joue à vous éblouir et c’est une véritable surprise que de voir se découper la silhouette du Palais des Doges, dans la lumière du matin.
Le Palais des Doges- Renoir 1881
Musée Williamstown - Massachussetts

L’édifice se dresse dans des reflets d’ocre clair et d’orangé, c’est en s’approchant que l’on découvre les détails. Construit pour impressionner, pour dire sa puissance, la bâtisse témoin des échanges commerciaux entre l’Orient et l’Occident, porte la marque de Byzance. Son crénelage islamique ressemble à celui de la mosquée du Caire, avec le désir, en même temps, d’être à l’image du temple de Salomon. Il faut le visiter bien sûr, n’oubliez pas la « Porta della Carta », elle donne sur la Piazzetta, coincée, cachée, entre la basilique et le palais dogal. Vous y découvrez une architecture fleurie, des baies aux arcs brisés, des pinacles découpés, des oculi si ouvragés qu’ils ressemblent à des moucharabiehs… Courbes et contre-courbes se croisent et s’entrecroisent dans un décor mauresque. 
La porta della Carta - Place St Marc - Venise

De l’autre côté de cette porte, l’arc Foscari, un plein cintre triomphal, s’illustre des sculptures d’Adam à l’anatomie idéale, d’Eve en Vénus pudique. L’ensemble, architecture et statuaire, fait la couture entre les styles gothique, classique et oriental, face à l’imposant escalier des Géants où Mars et Neptune dominent de leur déité la cour des Doges.
La ville italienne dit son originalité, son indépendance et sa puissance, excommuniée 3 ans au 13ième siècle, et manquant de l’être au en 1605, elle déclare :
« Les vénitiens sont nés libres et ne sont tenus de rendre des comptes à personne sinon à Dieu, seul supérieur au Doge en ce qui concerne les affaires ! »

A Venise, il y a des lieux qu’il faut découvrir, comme la basilique St Marc. Après cette visite, laissez vos pas vous porter, le nez en l’air, les yeux ouverts, curiosité et intérêt en éveil dans le dédalle des quartiers. Dans cette ville qui reçoit jusqu’à 23 millions de touristes par an, il faut tout oublier, marcher dans les rues tortueuses, se laisser guider par la foule, déboucher sur des petites places lumineuses et ses terrasses ombragées qui embaument le café, traverser des ponts, dépenser des fortunes -du moins en pensée- dans les magasins luxueux, déguster une glace, grignoter une pâtisserie à la délicieuse saveur d’amande. Lentes déambulations, échoppes, glaciers, passerelles qui se suivent et enjambent les canaux, églises qui chantent, éternelles mendiantes qui s'accrochent et supplient. … Vous ne manquerez pas de trouver la galerie de l’Accademia dans le quartier du Dorsoduro.
Le musée de l’Académie recèle les trésors de Bellini, Carpaccio, le Titien, le Tintoret, Veronèse, les enfants du pays en quelque sorte !... Émotion assurée. Emplissez-vous les yeux de chaque toile, détails des visages, attitudes, expressions, brillance des brocards et de joyaux oubliés, intérieurs somptueux, témoins d'un art de vivre et de la  richesse d'un 15 et 16ième siècles rayonnants et cultivés.
Les tableaux sont immenses, ils couvrent des murs entiers, Carpaccio et « Le rêve de Ste Ursule » couleurs de rose, de rouge, de beige et vert pour peindre un débarcadère privé, un intérieur renaissance, la richesse des marbres, les plafonds à caissons, tout le faste d’une époque révolue !
Bellini est le précurseur des « vedute » entendez, la représentation minutieuse d’édifices ou de lieux urbains: « Le cycle des reliques de la Vraie Croix » rend avec une justesse topographique la Place St Marc du 15ième siècle. Elle n’a pas changé !
Le cycle des reliques de la Vraie Croix - Bellini - fin du 15ième siècle -
Galerie de l'Académie - Venise

Le Titien : une toile de 3m35 sur 7m75 pour raconter « La présentation de la Vierge au temple »
Ce musée est magnifique, en même temps qu’agréable, dans lequel il est facile de s’y repérer.

Au détour d'une ruelle de Venise, sur une placette, un groupe d’hommes en costume cravate et chemise immaculée, de femmes élégamment habillées bavardent, se saluent, se sourient ou s’appellent : Campo San Fantin, nous sommes devant la Fenice, cet après-midi on joue, le Trouvère de Verdi… Il n'est pas difficile de reconnaitre les italiens des étrangers, ils sont vraiment plus chics, plus beaux, plus tout en un mot…
Continuons notre balade, longeons les quais, admirons les gondoles et ses gondoliers, la proue du bateau porte 6 dents, ce sont les six quartiers de Venise et la barre située en arrière représente le quartier de la Giudecca. L’esquif en lui-même raconte la ville, ses quartiers, et même la symbolique du Grand Canal et du pont du Rialto...
Le Rialto, coloré, bruyant où mille langues s’y croisent, Babel moderne. Canaletto l’a peint, et la veduta était si juste, si scrupuleuse dans sa réalisation qu’un instant le temps s’est suspendu… Nous sommes au cœur d’une toile de Canaletto avec le sentiment que tout est exactement pareil qu’en ce 18ième siècle. Rien n’a bougé, la couleur de l’eau, la ligne des constructions, les barques qui se croisent, on entend même le claquement des rames frapper l’eau !
Pont du Rialto - Canaletto - 1535/1540 - Louvre

Aujourd’hui il suffit de rajouter les marchands de bimbeloterie, les commerces,  le monde…
A Venise on se bouscule, se presse, s’étouffe. Pourtant, cela se fait dans une certaine tranquillité, les visiteurs sont des touristes, ils s’accordent le temps de flâner, de profiter de l’ambiance offerte, « farniente » est le maître-mot.

Le ghetto de Venise (photo prise le 16/09/2014)




Dans le quartier du Cannareggio, il est un endroit dont on parle peu : Le ghetto.  Ce premier quartier juif de l'Occident  porte encore la douleur de son histoire. Les immeubles aux hautes façades sombres et sales, sont si proches, qu’on pourrait s’entendre murmurer d’un immeuble à l’autre. L’atmosphère oppressante et lourde nous envoie dans un monde qui ne dit plus la beauté et le luxe. Une grand' place suscite les images d'un passé où des drames se sont déroulés ... Le film de l'histoire se déroule sur l'écran de notre mémoire, par  le vécu ou pour l'avoir lu ou encore vu, reconstitué au cinéma.









Venise est un chapelet d’îles. Il faut se rendre à Murano, découvrir sa verrerie, les quelques souffleurs de verre qui façonnent pour vous, et sous vos yeux l’objet que vous n’avez pas trouvé dans le foisonnement des étals… Un peu plus loin, Burano les façades des maison peintes de rouge, jaune, violet, vert colorent l’espace. Ses venelles serpentent le long du canal, et s’ouvrent sur  des échoppes de dentelles, nappes, ombrelles, bustiers, masques au point de Venise, offerts à vos yeux admiratifs.
Dentelles de Burano

La dernière île, Torcello, est un havre de quiétude et de sérénité. Il faut découvrir la basilique Santa Assunta, les deux immenses mosaïques byzantines qui se font face… « La Vierge à l’enfant », le suaire dans la main, porte son  petit qui tient le rouleau de la Loi. Au-delà de la symbolique religieuse, l’ensemble dégage une profonde douceur, une belle sérénité… Est-ce dû, aux bleus et brun pâle des mosaïques, aux reflets arasants du soleil ?
Mosaïques de la basilique Santa Maria Assunta - Torcello

En cette fin d’après-midi la lumière vénitienne dorée, irisée, nacrée confère à donner au lieu, le sentiment de délicatesse, de tendresse, de confiance, et d’apaisement...

Bibliographie
- Le guide vert Michelin: Venise
- Le grand guide de Venise Editions Beaux-Arts - Eyrolles




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire