Aujourd’hui je vous emmène dans le
département du Nord, à Lens.
Lens, que dirions-nous de cette ville ? Dans une vision réductrice, nous répondrions, - une cité minière qui s’est éteinte à la fermeture de ses puits,
associé à un fort taux de chômage … Cruelle oraison!
Mais depuis il y a eu le Louvre-Lens, vous connaissez ou vous en avez entendu parler. Il est ouvert depuis le 12/12/2012.
Mais depuis il y a eu le Louvre-Lens, vous connaissez ou vous en avez entendu parler. Il est ouvert depuis le 12/12/2012.
Lorsque vous arrivez sur le lieu où est implanté le musée, l’empreinte de l’histoire marque le site… Le musée
construit sur une place légèrement surélevée permet d’appréhender la géographie
de l’endroit.
Construit en plein cœur du pays minier, les témoignages du
passé qui entourent la réalisation des architectes Sejima et
Nishizawa ont été préservés.
L'entrée du Louvre-Lens |
En se dirigeant, vers l’entrée du musée, on est un
peu surpris par le marquage du sol, conçu semble-t-il d’une grande dalle de
béton, marqué de formes irrégulières rondes, allongées, comme des flaques cernées
de petites rigoles creusées sur leur pourtour, laissant apparaître la terre dans lesquelles poussent des brins
d’herbe et se hérissent de petits gravillons pointus. Il ne s’agit pas d’un
caprice de créateur, mais d’un hommage à l’histoire du lieu : - Ces représentations
sont l’illustration des lagunes dans lesquelles se forme le charbon, au sein du sous-sol de cette région… les gravillons sont de schiste, débris végétaux du
charbon.
Les corons de Lens |
Du parvis du musée, votre
regard embrasse une barre d’habitations, les simples corons destinés aux
ouvriers de la mine, et, répartis ça et là les maisons de l’ingénieur, du médecin, le
dispensaire des religieuses qui prodiguaient les soins, l’accompagnement, l’enseignement. Toute cette conception date à la création de la compagnie des
mines en 1852.
Cette façon de regrouper les différents mondes travaillant sur le même site évoque un urbaniste français du 18ième siècle, Claude Nicolas Ledoux. C’est lui, le premier qui a conçu la cité idéale, avec « la saline royale d’Arc et Senans » imaginant une ville industrielle modèle, dans les années 1770: -des bâtiments disposés en hémicycles, comprenant les ateliers et les habitations des hommes, du plus petit grade à la plus haute fonction. C’est encore le Familistère idéal de Jean-Baptiste Godin à Guise, modèle social et paternaliste du début du 20ième siècle
Lens la fosse 4 - Le chevalet |
D’autres témoignages du passé industriel marquent le
paysage, la tour métallique ou chevalet qui permettait de remonter le charbon,
le carreau de fosse qui descendait ou ramenait les hommes de la mine, les
terrils montagnes noires des déchets du minerai extrait.
Les terrils de Loos en Gohelle
Le musée...
Plan du Louvre-Lens, de gauche à droite: la scène, les expositions temporaires, le hall, la galerie du Temps, l'atelier et le pavillon de verre |
Vue aérienne des bâtiments du Louvre-Lens |
L’architecture du Louvre Lens est un ensemble de bâtiments aux volumes simples, des cubes, des parallélépipèdes qui se suivent dans un jeu modulaire épuré, dont la hauteur entièrement vitrée ne dépasse pas 6 mètres de haut.
Carreau de Fosse 9, lieu sur lequel a été implanté le musée |
Entrons…
Le hall du Louvre-Lens |
Ce qui surprend à l’arrivée c’est le calme, la fraîcheur douce de l’atmosphère, une sorte d’oasis reposante. Tout est conçu pour y passer une belle journée : une librairie, une médiathèque, un lieu pour s’y restaurer, une salle pour les expositions temporaires, et la galerie du temps. C’est d’elle dont je vais vous parler…
Lorsque l’on arrive dans cette immense salle de 3000 m², le
regard embrasse l’étendue du lieu… L’impression d’espace est accentuée par les
murs recouverts de plaques d’aluminium, reflétant dans une luminosité apaisante
205 œuvres… 205, c’est tout me direz-vous ? Oui, c’est tout, mais la
fille du Louvre parisien change complètement son exposition sur un cycle de 5
ans, fidélisant ainsi ses visiteurs.
La Galerie du temps au Louvre-Lens |
Quel joli nom que « cette galerie du temps » conçue
en trois parties : Antiquité, Moyen-âge, et Temps Modernes…
Sur un mur latéral, une frise historique commence en 3500
avant JC pour se terminer vers 1850, voilà un facile repérage chronologique. En
effet, il suffit de vous déplacer en un parcours sinueux pour découvrir les
sculptures, objets, toiles, techniques produites
à la même époque dans des lieux différents. Cette conception novatrice permet
de découvrir, en les comparant, différentes cultures vivant au même moment loin
l’une de l’autre. Puis au travers d’une œuvre particulière comprendre la transition,
le point de jonction de deux civilisations. En quelques pas, la Mésopotamie, la
Grèce, et l’Egypte vous révèlent leur histoire, leurs rites religieux et
funéraires, leurs bijoux.
La rivière du savoir serpente et doucement en quelques
heures vous accédez à l’évolution de la pensée, à la compréhension de l’art de l’humanité.
Ce qui semble très intéressant, c’est le fait que tout soit
proposé en cohabitation directe …Il n’y a pas de course d’un étage à un autre, c’est
une association de l’espace et du temps, sachant toutefois que les
civilisations d’Extrême-Orient sont peu représentées, l’axe principal étant les
sources de notre propre civilisation.
Arrêtons-nous un instant dans la partie des Temps Modernes,
pour trois toiles disposées triangulairement, elles attirent l’attention,
interpellent la réflexion… Georges de la Tour avec « Madeleine à la
veilleuse », Rembrandt avec « St Matthieu et l’ange » et
Domenico Fetti avec la « Mélancolie ». Trois œuvres du 17ième
siècle, trois personnages différents dont le point commun est d’être solitaire
et méditatif, rassemblant trois courants de pensée.
Madeleine à la veilleuse - Georges de La Tour vers 1642/1644 |
Le style luministe de Georges de la Tour, dans « Madeleine
à la veilleuse » crée une atmosphère mystique, illustre la foi catholique.
Madeleine, lettrée par les livres disposés face à elle, sans doute le Nouveau
et l’Ancien Testament, Madeleine pécheresse aux cheveux dénoués, la corde posée en témoin sur la table, est-ce
celle de la mortification?
Le crâne, un « memento mori » souviens-toi que tu mourras !… Voilà une iconographie largement soutenue par le Concile de Trente et confirme plus que jamais un des sept sacrements celui de la pénitence et de la réconciliation, concrétisé dans la confession …
Le crâne, un « memento mori » souviens-toi que tu mourras !… Voilà une iconographie largement soutenue par le Concile de Trente et confirme plus que jamais un des sept sacrements celui de la pénitence et de la réconciliation, concrétisé dans la confession …
Saint Matthieu et l'ange- Rembrandt 1661 |
Face à cette toile, « St Matthieu et l’Ange ». On
retient cette œuvre comme une illustration des idées de Luther, celle qui
s’élève entre autre, contre le sacrement de pénitence…
Matthieu homme plein de sagesse écrit son évangile sous
l’inspiration de l’ange envoyé par le Seigneur… Dans cette sobriété, Rembrandt
souligne ici la relation directe qui unit l’homme à Dieu sans intercesseur
autre que sa propre conscience et refuse toute confession par la médiation d’un
religieux. L’homme s’unit, se confesse à Dieu dans une écoute et une réflexion
intérieures.
La Mélancolie - Domenico Fetti 1622 |
Voilà un triple choix pictural qui met en exergue le conflit
de la foi et de la raison soulignant les idées de la Réforme et de la
contre-Réforme. Fetti nous invite peut-être à unir, à réfléchir sur ce paradoxe.
Ainsi se termine le parcours de cette galerie du temps, d’autres
toiles, sculptures attendent votre observation… Le musée du Louvre Lens propose
un parcours en mesure de donner une idée de l’évolution de l’art au travers
des siècles.
Hermaphrodite endormi - Art hellénistique III au I siècle avant J.C |
Pour une recherche
précise, une analyse thématique et détaillée, le nombre d’œuvres dans un même
domaine ne me semble pas suffisamment important. Il s’agit d’une observation personnelle
qui ne retire en rien le grand intérêt de cette galerie.
Lens reste la ville des renaissances, prospère ville
marchande au Moyen-âge puis abandonnée, à nouveau riche et encore appauvrie de
son charbon au 19 siècle, martyre qui se reconstruit courageusement après les guerres de 1914 et 1940, forte de son stade Bollaert.
Aujourd’hui la ville se relève grâce aux projets de décentralisation et de désenclavement… Elle rayonne maintenant de son savoir, de ses richesses, de sa culture à dispenser à partager avec tous.
Aujourd’hui la ville se relève grâce aux projets de décentralisation et de désenclavement… Elle rayonne maintenant de son savoir, de ses richesses, de sa culture à dispenser à partager avec tous.
Au revoir
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