Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 5 mars 2014

Au gré de nos pas dans Paris

Au gré de nos pas dans Paris
Ce sont les vacances d’hiver et pour ces jours où l’on a peut-être un peu de temps devant soi, je vous propose une promenade dans Paris… Une visite sans but précis, juste pour sentir, et percevoir, la ville.
Au gré des déambulations, des découvertes, des surprises, il faut s’étonner, se laisser surprendre, laisser aller son ressenti. C’est un peu comme si, assis, dans une barque peinte par Renoir on laissait tremper sa main dans la Seine et qu’au fil de l’eau la magie faisant, la ville s’infuserait en nous, distillant son mystère, ses secrets, son atmosphère, sa poésie….
La yole - Pierre-Auguste Renoir - 1917 - Nationale Galerie Londres

Les résidents parisiens vous diront que la ville est fatigante, bruyante, impossible à traverser en voiture… tout cela est vrai ! Mais les provinciaux qui viennent pour la détente, le plaisir de voir la capitale, ne voient pas ces désagréments …
En ce moment, une exposition est à voir, il s’agit des « Impressionnistes en privé » au musée Marmottan… C’est d’ailleurs ce projet de visite qui a mis mon propos d'aujourd’hui en œuvre… Voulant découvrir cette présentation, je me suis rendue au musée, mais quelle  ne fut ma déception devant la queue qui s’allongeait à l’entrée de la rue Boilly. Bien vite je décidai de reporter ma visite, et,  suis repartie, en décidant de flâner. C’est cette promenade que je vous invite à partager.
Les jardins du Ranelagh à Paris

Venez, marchons et regardons, le printemps qui arrive déjà dans les jardins du Ranelagh, quelques petites étoiles blanches fleurissent les arbres,  surprennent le marcheur et font craindre les gelées qui pourraient encore arriver. Des enfants jouent et courent comme tous les enfants du monde sous le regard vigilant de leurs parents ou grands-parents. Nous sommes dans un joli quartier, l’atmosphère est calme sereine, provinciale, douce, et paisible. Les grands arbres centenaires n’attendent qu’un peu plus de soleil pour dispenser leur ombre bienfaisante, et quelques amoureux installés sur les bancs du quartier semblent attendre la promesse printanière. Le soleil brille doucement, des oiseaux pituitent quelques notes qui ne demandent qu’à s’élever dans la lumière dorée de ce début d’après-midi encore frais…
Très vite, on arrive au cœur de ce quartier, dans les rues commerçantes de ce  16ième arrondissement. On quitte la quiétude des allées du Ranelagh, pour des artères plus bruyantes, plus animées, des magasins chics. Les terrasses des cafés accueillent son lot de fumeurs, derrière les vitrines des restaurants les gens bavardent, consultent les menus, téléphonent, rient, s’embrassent, flirtent ou sont plongés dans un livre, chacun sa vie, au milieu des autres vies, dans une sorte de cohabitation indifférente…
Dans la rue, sur les panneaux de direction, je lis « Passy » « Auteuil » villages- faubourgs rattachés à Paris au temps de Napoléon III et du baron Haussmann. En descendant l’avenue Franklin, j’observe un pan de mur, comme un reste de fortification….
Barrière du Parc Monceau - Paris

Ne s’agirait-il pas de l’ancien mur des Fermiers Généraux  qui ceinturait Paris? Car nous sommes bien sur le tracé historique … Un mur, construit juste avant la Révolution,  alterné de barrières d’entrées, conçu pour créer un impôt sur les marchandises et boissons qui entraient dans la ville.  Allez voir la petite construction ronde, octroi et témoin de cette époque dans le Parc Monceau, il est comme un tempietto surgi de l’Antique.



Quand bien même on se promène sans but précis, l’histoire nous rattrape et quelle surprise agréable que celle de comprendre et de relier ce que l’on a appris à ce que l’on voit !
Les ailes du Palais de Chaillot


Nous voilà arrivés  Place du Trocadéro. Deux constructions monumentales entourent comme deux ailes immenses et rigoureusement semblables l’esplanade.
 Le parvis s’insère dans une architecture lourde et rigoureuse et sépare les deux parties du Palais de Chaillot. Mais c’est surtout la vue, la perspective offerte à nos yeux qui coupent le souffle par sa beauté, sa majesté. Un point de vue unique sur la Tour Eiffel, Paris s’étend à nos pieds, avec en point de fuite le champ de Mars…

Une grande avenue laisse filer les voitures, plus loin la Seine coule lente et imperturbable et entre les deux s’élève majestueuse, haute et fière l’œuvre de Gustave Eiffel, un des joyaux de la ville, un ensemble composé de lignes harmoniques, structurées et audacieuses. Quelle  géniale idée que d’avoir redessiné ce Palais de Chaillot pour ouvrir la perspective et offrir une plongée du regard… D’abord, il descend vers la Seine, et comme une caméra qui balaierait l’espace, votre œil apprécie la première arche de la Tour,  s’élève doucement  jusqu’à la pointe… Vous venez de faire une ascension de quelques trois cents mètres, dans une géométrie imbriquée de piliers, de croisillons de métal aux reflets d’argent… Il suffit de regarder, d’admirer, d’apprécier et on comprend pourquoi, les visiteurs du monde entier, photographient, immortalisent leur présence dans ce lieu touristique.

Descendons les escaliers du Trocadéro et allons longer la Seine… Les bateaux-mouches attendent les clients du soir, on aperçoit les employés affairés à mettre les tables, préparer la réception  nocturne. La ville semble être faite pour l’aisance, le bien-être, la douceur de vivre… mais peut-on oublier ceux qui sont là, tristes, silencieux, glacés, repliés sur eux, attendant la petite pièce que l’on voudra bien leur donner ?…
Habituée de la ville, je la reconnais la pauvre femme qui mendie… elle est vieille elle a cent ans, un chat en laisse et une pauvre couverture sur ses jambes. Elle ressemble aux misérables qui illustraient mes  livres de lectures d’enfant… Je lui donne quelques euros, son chat vient se frotter à moi, me faire des grâces, et mon cœur se serre…
Cette belle ville est aussi celle des pièges, refusez de signer quelque pétition que ce soit, pensez à cette toile du Caravage « La diseuse de Bonne aventure »… pendant que vous serez occupé à signer, on vous fera les poches ou le sac… et surtout, surtout ne vous laissez pas prendre à celle qui court vers vous et qui tout à coup vous montre un anneau d’or pour vous demander si il ne serait pas à vous… « Soyez prudents » on cherche à vous voler… et l’anneau n’est pas d’or !
La diseuse de bonne aventure - Caravage - 1594 - Louvre

Avertis de ces dangers, marchez encore, arrêtez-vous dans cette délicieuse pâtisserie de la Rue de Rivoli, réchauffez-vous d’un chocolat chaud, régalez-vous sans honte d’une douceur et reprenez votre périple. Vos pas vous conduiront jusqu’aux grands boulevards ceux de Bonne Nouvelle ou de Poissonnière, vous arrivez dans les 9 et 10ième arrondissements. Ces boulevards sont bruyants, ils grondent, frémissent, s’enflent de mille bruits. Klaxons, mouvance sous les pieds du métro qui roule, cris, appels, rires, talons qui frappent le macadam et silences de ceux qui sont seuls.
Les gens se pressent dans ce milieu d’après-midi, certains discutent assis aux tables des bistrots. Un quotidien, mille fois vécu et répété….

L'absinthe - (détail) - 1875/76
Degas Musée d'Orsay 
J’observe à l’angle de la rue du Faubourg Saint-Denis, dans l’encoignure d’une porte une femme, et je pense à un tableau de Toulouse Lautrec, son regard vague, son air triste, sa solitude me renvoient à « Jane Avril »,  à « L’absinthe » de Degas. Misère, tristesse et abandon…
De cette femme, qui a dû être belle émane une expression d'isolement mélancolique…
Rêve-t-elle à une autre vie ?
Sa silhouette lourde, son visage fatigué ne promettent plus des lendemains meilleurs.
J’avance, et le boulevard efface les images et les fugaces impressions …

Ainsi d’un désappointement passager pour une exposition reportée, nous avons ensemble découvert un Paris aux multiples visages… riche, pauvre, original, secret, unique, typique, la capitale de notre pays se montre à ceux qui la regarde, cruelle ou douce, elle vous attend, avec ses pièges, ses découvertes, ses surprises, ses splendeurs…
Déambulations, petits bonheurs  vous en reviendrez chargé d’images et soyez-en sûrs bien fatigués !!

A bientôt...


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire