Le temps de
l’aventure
Un film de Jérôme Bonnell avec Emmanuelle Devos dans le rôle
d’Alix la parisienne et Gabriel Byrne: Douglas l’anglais.
Un temps d’aventure entre un homme et une femme, une
intensité à vivre charnelle, physique, où l’on sent la force et la pulsion
fugaces d’un sentiment qui ne vivra pas …
Est-cela qui donne tant d’intensité sensuelle et dramatique
à l’histoire ? Sans doute…
A cela, il faut ajouter des personnages secondaires, qui
apaisent l’intensité des moments de ce couple de passage, des moments d’humour,
des rires qui viennent comme une respiration nécessaire au souffle suspendu des
ardeurs partagées.
Elle voyage dans un train entre Calais et Paris, leurs
regards s’échangent, s’accrochent, sans un sourire dans une profondeur mystérieuse
et inexplicable. A la descente du train, il lui demande comment se rendre à
l’église Sainte-Clotilde… c’est
tout !
Il se rend aux obsèques d’une amie, qui a été tellement plus !!
Alix le rejoint à l’église, comme ça, par impulsion, curiosité, attente d’un
« je ne sais quoi » animal et instinctif. Ils se regardent, ils se parlent
si peu.
Pour dire quoi ? Le paradoxe d’oser suivre un homme et
briser les tabous de ce qui se fait ou ne se fait pas ? L’envie farouche
d’aborder cet homme et la honte de réduire cette pulsion à ce qui pourrait se
considérer comme une banale histoire de sexe ?
Ils savent cela tous les deux, ils n’ont pas besoin de le
formuler.
Un lien intense et magique se noue dans un espace temporel
restreint … elle doit retourner pour le soir à Calais où elle joue dans une
troupe théâtrale, il repartira à Londres chez lui avec les siens… et pourtant,
un instant tout s’efface pour vivre, une histoire forte, et magique ...
Une histoire, qui n’est pas à classer dans la rubrique
« aventure d’un jour », même si c’est le cas !
Cet homme et cette femme savent et perçoivent que l’amour
passe à côté d’eux et vraisemblablement ils ne le laisseront pas s’épanouir,
mais il faut, pourtant, en quelques heures lui donner toute son intensité, sa
force, sa puissance et sa violence passionnée.
Elle, va le chercher, jusque dans sa chambre... ils se
regardent encore, s’effleurent et se touchent, s’embrassent et s’embrasent.
Des mots qui se disent, des phrases qui se confient, des
désespérances qui affleurent, des caresses qui bouleversent. Le temps est
compté, les heures soustraient immanquablement et irrémédiablement les moments
à partager, du désir, de l’attirance, de l’aimantation, de la passion…
Car il s’agit bien
d’une passion primale et irraisonnée ! Celle des corps qui se trouvent,
celles des paroles qui s’entendent silencieusement. Lui, ne parle pas ou peu,
il est tout en maîtrise silencieuse, en intensités retenues, jusqu’à sa voix de
gorge qui laisse deviner la compression de son ressenti de ses émotions par
cette femme qui a su le toucher. Car on devine bien que ce n’est pas un « homme
à femmes » qui se contenterait d’ajouter une conquête supplémentaire à sa
liste. Non c’est un homme sage, sérieux, plutôt froid qui doit composer,
choisir sa vie raisonnablement, sans jamais ou rarement y mettre un grain de
fantaisie.
Elle est vive, un peu folle, spontanée, belle, ardente,
sensuelle mais si sage au fond. Elle n’a jamais trompé son compagnon, elle le
dit à cet amant de passage.
Ils sont l’un pour l’autre, le cadeau de la liberté,
l’espérance insensée, la lumière d’un moment, la vie renouvelée qui prend son
sens justement par les obsèques de cette femme à laquelle ils viennent d’assister.
Le symbole du fil de la vie, qui se dévide et s’enroule perpétuellement, passe dans ce film. Une vie qui s’éteint, l’autre
qui s’amorce car Alix confie aussi qu’elle est enceinte, un fugace éclat de vie
entre Alix et Douglas…
Il sera bientôt l’heure de se séparer, elle remet sans cesse
l’heure du départ.
Il rentre dans une épicerie, pendant ce temps, elle esquisse au dos d’une feuille le profil de cet homme, et lui offre son rapide croquis… Ils marchent, se touchent, se nourrissent de l’autre, ne se parlent pas, mais se comprennent si bien.
Il finit par lui dire « Viens avec moi », « non,
c’est impossible » disent ses yeux à elle… et pourtant la tentation est si
grande.
Elle doit téléphoner à son compagnon, à son imprésario pour
annoncer son retard, Douglas attend. Dans le regard de cet homme, tour à tour,
s’exprime : l’espérance, le désir, la désespérance, le renoncement,
l’attente, la tristesse, une palette d’émotions, de la plus douce à la plus
douloureuse. Une intensité parfaitement interprétée par le jeu d’acteur, une
force d’expression puissante, une émotion palpable…
Avec lui, on se dit « oui, elle va tout laisser »
pour le suivre, et la seconde suivante, « non elle ne le fera pas » !
Il ne sait pas ce que dit Alix au téléphone, le jeu des envies et des désirs
contradictoires passent dans l’immobilité du visage de Douglas et la puissance
de son regard…
Elle la « folle-sage », va partir… Elle
s’approche, lui dit « au revoir », tout est dit, tout est consommé,
il ne cherche pas à la retenir.
Leur histoire était une île au soleil, une escale dans la
tempête, par la magie d’une promenade dans Paris : découverte de lieux
originaux ou typiques, de musiciens de quartier, d’un passage sur le quai des
Arts, des épiceries colorées, de gens qui passent, d’une atmosphère mythique
qui fait rêver… Une promenade agrémentée de pièces de Vivaldi, qui transpercent
et frappent à la porte de votre sensibilité par leur beauté, leur virtuosité,
accompagnant, fort à propos, l’instant qui se vit !
C’est l’heure des adieux, il déteste cela, il a hâte de la
voir partir !
Elle s’en va, ni l’un ni l’autre ne se retourne….
Va-t-elle vraiment partir ou s’abandonner à cette passion
dont elle vient de percevoir l’ampleur?
Elle saute dans le train qui s’ébranle silencieusement
Il sort de la gare, allume une cigarette, brûle et consume
son espérance déçue ou sa liberté retrouvée ou
les problèmes qui n’auraient pas manqué de surgir… Il glisse la main
dans sa poche, sort le dessin qu’elle a croqué de lui, retourne la feuille,
c’est une enveloppe sur laquelle est notée l’adresse d’Alix.
Alors…..
- l’histoire s’arrête-t-elle vraiment à ce départ ?
ou
- est-ce le départ d’une histoire ?
Voilà un beau film sur la force d'une rencontre, sur l’attraction inexpliquée pour un(e) autre, un film qui interroge sur la puissance incontrôlable et mystérieuse des phéromones. Elles guident notre attirance, terribles substances capables de nous jeter passionnément dans une attraction inexpliquée, où l’on se retrouve le jouet de sa nature profonde ! Se dire que nous n’avons pas la maîtrise de nos propres substances chimiques, c’est à la fois surprenant, étrange et pourquoi pas angoissant !
Voilà un beau film sur la force d'une rencontre, sur l’attraction inexpliquée pour un(e) autre, un film qui interroge sur la puissance incontrôlable et mystérieuse des phéromones. Elles guident notre attirance, terribles substances capables de nous jeter passionnément dans une attraction inexpliquée, où l’on se retrouve le jouet de sa nature profonde ! Se dire que nous n’avons pas la maîtrise de nos propres substances chimiques, c’est à la fois surprenant, étrange et pourquoi pas angoissant !
Un film fort qui dans notre réflexion, nous renvoie à la
dualité de notre raison et de notre animalité. Et c’est bien là, que se situe
la charnière de cette histoire.
Quel pouvoir accepte-t-on de donner aux attirances
instinctives et spontanées ?
Quelles limites la raison est-elle capable d’imposer par la
mise en œuvre de sa volonté ?
L’exercice de la raison est aussi celui de la sagesse, de la
morale, du sens du devoir, de notre culture, des conventions, des valeurs que
nous défendons… autant de principes qui conduisent la plupart des êtres humains
à ne pas laisser leur animalité les guider et les déborder.
Comment Alix, et Douglas ajusteront-ils cette double composante
? Nous ne le saurons pas…
Le spectateur donnera la réponse en fonction de sa
personnalité… animale et raisonnable !
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