Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

jeudi 26 décembre 2013

L'automne de la Renaissance d'Arcimboldo à Caravage

L’Automne de la Renaissance d’Arcimboldo à Caravage

Nancy Musée des Beaux-Arts du 4 Mai au 4 Août 2013
Neptune - Place Stanislas à Nancy
La région Lorraine est actuellement au cœur de l’activité artistique. Toul, Metz, Bar-le-Duc, Epinal,  Nancy et d’autres communes plus petites se sont investies dans le projet Renaissance. Avec plus de 200 manifestations réparties dans la toute  région, les villes offrent aux visiteurs curieux un parcours à découvrir, pour s’enrichir, s’émerveiller et se réjouir.  
Parmi toutes les expositions proposées, le musée des Beaux Arts de Nancy nous invite à voir les trésors qu’elle a rassemblés pour cette saison. Après l’année « l’Ecole de Nancy » (1999) et celle du « Temps des Lumières » (2005), la ville s’inscrit une nouvelle fois dans une volonté de culture, d’ouverture, de curiosités, de découvertes dans les musées de la ville, et ses alentours.
L’effet Renaissance est Effervescence ! Expositions, fêtes et animations, conférences et colloques réunissent les curieux. Il y en a pour tous, à toutes les heures, et chaque jour…

Le musée des Beaux-Arts de la place Stanislas accueille, une belle part de la Renaissance picturale ainsi que les objets d’art du métal et du feu de cette époque.
L'Automne -  Arcimboldo - 1573 Louvre

Pourquoi l’Automne de la Renaissance ?
La Renaissance est un concept large qui s’étend selon les pays d’Europe du 15ième au 17ième siècle. Elle est la révélation d’un homme moderne qui naît, se libère dans une idée prospective et humaniste du monde. Ainsi, cette exposition nancéienne, nous fait approcher les œuvres tardives, donc automnales,  situées dans la seconde moitié du 16ième siècle, voire début 17ième.
Des œuvres qui sont des citations de celles du passé, hommages rendus aux plus grands (Raphaël Michel-Ange, L de Vinci,), et deviennent la marque d’un art qui avance, qui réfléchit et s’inspire de la richesse patrimoniale, dans une interprétation nouvelle et originale.

Le rez-de-chaussée et le premier étage du musée conduisent dans une succession de salles qui vous place en terrain de re-connaissance…
Le lièvre d'Hoffman 1591 -
 Rome Galleria d'Arte Antica
- Tiens « le lièvre » de Dürer, pense-t-on et on découvre qu’il s’agit de celui d’Hoffmann, ou encore « Léda et le cygne » de Nicolas Béatrizet, et c’est L.d.Vinci qui fait référence ou encore « le Jugement dernier » non bien sûr, il ne peut s’agir de la fresque de la chapelle Sixtine, mais d’une toile de Robert le Voyer. Les musculatures des modèles de Goltzius « L’Hercule Farnèse » « Phaëton », nous rappellent encore que Michel-Ange avait une prédilection pour ces morphologies puissantes et musculeuses, mais ici les anatomies sont sur-développées et les postures en torsion difficiles à tenir.
Citations du passé, reprises qui disent l’empreinte d’un art reconnu, témoignages d’une grandeur qui ne peut pas être oubliée.
La visite, nous conduit dans la réactivation permanente de nos références artistiques… S’approcher d’une huile sur bois, dont on ne peut nommer l’artiste : « Peintre français ou flamand actif à Paris vers 1570-1580 » dit le petit carton placé à gauche de la toile, et pourtant vous avez été attiré par cette « Allégorie mythologique » vous avez reconnu Vénus dont la finesse des doigts de la main vous renvoie à la « Gabrielle d’Estrées » de l’Ecole de Fontainebleau, ou pourquoi encore, dans la même toile les petits satyres évoquent-ils les chérubins de Raphaël de la « Madone Sixtine » ? Et cherchez dans votre mémoire si les trois Grâces, dansant, ne pourraient être celles de Germain Pilon ?....
Quelques toiles du Primatice rappellent fort à propos que c’est dans l’art bellifontain que la France a pris sa place dans la Renaissance artistique.

L’attention du visiteur est attirée par un espace de portraits d’hommes. « Deux hommes riant » hilares et complices de Hans Von Aachen,  timidité du regard d’un « Autoportrait » de Jérôme Francken, « flûtiste » de Jacob Bunel, « Portrait de Goltzius » de Ketel « Portrait d’homme » du Gréco…  Chaque toile rend la vérité d’un frisottis ou d’un duvet de barbe, la douceur ou l’épaisseur des cheveux, le rosé d’une pommette, la profondeur et l’intériorité d’une personnalité, la sévérité d’une autre. Le hiératique « Portrait d’homme » du Gréco est à lui seul une merveille de finesse et de réalisme, rendue par l’expression mélancolique du regard, les mains longues fines et soignées sortant tout comme le visage des méandres d’un délicat voile de baptiste blanc. C’est une toile d’un brun très sombre, illuminée par ces éléments d’une beauté et d’une sensibilité émouvantes !
Femme nue endormie - Dirk van Ravesteyn - Musée des B.A (Dijon)
Réunion de femmes: Jacques Bellange - 1575
Les femmes prennent aussi leur place dans cette galerie. « Femme nue endormie » de Dirck de Quade Van Ravesteyn, « Vénus et Amour » d’un peintre allemand ou praguois non nommé, deux toiles, qui à elles seules, définissent les canons de la beauté maniériste : lignes serpentines, hanches rondes, épaules étroites, poitrine menue, coiffure travaillée, visage fin et triangulaire. Spranger en s’inspirant de sujets mythologiques « Angélique et Médor » « Ulysse et Circé » affirme les canons de la perfection maniériste à laquelle il ajoute dans l’emboîtement des personnages, une volonté d’érotisme et de sensualité.

Il serait injuste d’oublier les lorrains de l’exposition, les dessins à la plume de Jacques Bellange « Réunion de femmes » ou « Annonciation » des tracés d’une grande finesse stylisant en quelques traits une ligne, une silhouette, un froissé de tissu.

Jacques Callot, le nancéien exprime dans ses estampes à l’eau forte, toute la richesse et la fine observation d’un monde allégorique ou réel par de grands dessins réalisés méticuleusement, aussi précis que des miniatures. « Teatro fatto in Firenze » ne contient pas moins de 400 personnages, et « la foire d’Impruneta » 1100 ..  Prouesse de la gravure !

La « Conversion de Saint Paul » de Denys Calvaert est à rapprocher de celle du Caravage. La force de l’évènement s’exprime dans la composition oblique qui fait jaillir le modèle de la toile, les couleurs stridentes, les reflets des épaulettes de métal crèvent la toile dans un jeu d’ombres et de lumières. L’art baroque, tant prisé par Le Caravage, est à venir …

Ainsi, vous découvrirez une centaine de toiles, et votre émerveillement trouvera son apogée dans la salle qui regroupe les objets d’art décoratifs de cette époque Renaissance.
« Le cabinet d’ébène » des ateliers d’Augsbourg aux incrustations de pierres peintes, nous dit toute la richesse et la préciosité d’un art du 17ième siècle faisant la place aux menuisiers, ébénistes, orfèvres, ciseleurs, bronziers,  artisans-artistes capables de s’associer pour créer un meuble au décor somptueux.
Que dire encore, du « Char de Gambrinus » des mêmes ateliers, semblant sortir tout droit d’un sapin de Noël pour réjouir les désirs capricieux d’un enfant choyé !
Le « plateau de table avec vases, trophée et oiseaux » (1600)  des ateliers grand-ducaux de Florence nous conforte dans la maîtrise de l’art lapidaire, d’une esthétique délicate et sophistiquée, mère d’une époque nouvelle.

Voyez encore, cette superbe « Vénus debout s’essuyant » de Jean de Bologne (Giambologna), statuette en bois de poirier, élégante, délicate, féminine, sensuelle, femme, tout en mouvement. Elle est vivante, tendez-lui, un voile pour cacher sa nudité, elle s’en couvrira gracieusement ! Une beauté, comme Jean de Bologne la voit et la représente souvent.
Et puis vous verrez encore, une salière de François Briot, la « coupe de la Prudence » de Hans Petzolt qui associe pierres précieuses, argent doré ciselé et coquillages, ou encore ces « porte-verres » de Frankenthal qui semblent être des chandeliers…et puis encore, « une aiguière et le bassin à se laver les mains » des récipients aux formes étranges, des marqueteries en pierres dures…

L’exposition est à découvrir, et son intitulé « d’Arcimboldo (1527-1593) au  Caravage (1571-1610) » établit un jalon dans la période à découvrir. Certaines œuvres présentées sont antérieures à la date de 1527 mais forme un repère pour le visiteur néophyte.
Arcimboldo dont l’unique toile présentée dans cette exposition, est choisie judicieusement puisqu’elle illustre cet automne de la Renaissance. « L’Automne » dont la palette de couleurs du jaune au rouge nous montre une accumulation de fruits de la saison…Le Bacchus tient dans la  profusion de sa récolte, les promesses d’une Renaissance généreuse.
Quant au Caravage, il ferme et clôt une époque en, en ouvrant une autre, nourrie et enrichie d’un passé glorieux et fructueux ….
Annonciation - Caravage- 1608 - Musée des B.A de Nancy
Pour découvrir, là aussi l’unique Caravage de l’exposition, il faut traverser le musée, oublier l’immense Rubens qui est là aussi pour vos yeux, s’étonner d’un Pierre de Cortone dont la toile « la Sybille de Tibur » semble vous renvoyer aux dansantes femmes d’un Gréco maniériste, ou vous préparer à un cubisme avant-gardiste…
« L’Annonciation » du Caravage vous attend dans la dernière salle, impose par sa taille tout l’angle de la pièce… Est-ce encore un art maniériste ? Douceur et humilité d’une Vierge choisie sans son consentement, domination de l’ange Gabriel écrasant Marie dans un tournoiement d’étoffes lumineuses et aveuglantes…

Une œuvre marquant la fin de cette prestigieuse période, message révolutionnaire d’une autre époque, d’un autre temps, d’une autre conception artistique, d’une avancée de l’Histoire, d’un futur pictural dense et libérateur.




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