Exposition permanente Camille Claudel au musée Dubois-Boucher de Nogent sur Seine
Aujourd’hui, je voudrais vous parler du musée de Nogent sur Seine,
il est à une belle heure en voiture de notre région…
Ce musée regroupe quelques chefs d’œuvre, que je vous invite
à aller découvrir.
On l’appelle « le musée Dubois-Boucher »… Deux
noms qui aujourd’hui, nous semblent bien inconnus.
Paul Dubois, sculpteur a été directeur de l’Ecole des BA de
Paris au début du 20ième siècle.
Alfred Boucher sculpteur aussi, et, célèbre surtout, parce
que maître d’apprentissage pendant 3 ans de Camille Claudel,
Dans les quelques salles du musée vous découvrirez de
magnifiques sculptures en bronze, fonte, marbre, grès, biscuit de porcelaine,
ou plâtre de ces trois artistes …
J’ai retenu pour vous, quelques réalisations de Camille
Claudel.
Des œuvres qui comme des livres ouverts dévoilent la partie
la plus secrète de cette femme, sa délicatesse, sa sensibilité, sa finesse
d’observation, ses rêves, ses tourments, ses désespoirs !
Attardez-vous sur « La
petite châtelaine » et « l’Aurore » 1893 disent la grâce et sans doute son amour de
l’enfance.
La petite châtelaine
« Les Causeuses » de 1893, que l’on
voit au Musée Rodin, mais représenté ici, dans la salle par une photo… Une
conversation de femmes, connivences et complicités d’une qui parle, et, de trois
autres qui pour l’instant écoutent ! Mais elles vont s’animer, sortir du
bronze et de l’onyx où elles sont représentées, se mouvoir, rire, bavarder,
répondre et commenter !
« La Valse »
de 1895 est d’une troublante émotion…
Cette femme abandonnée dans les bras de son danseur, le visage niché dans le cou de son guide se laisse emporter souple, douce et alanguie. Ils tournoient corps enlacés, sa jupe dans un bouillonnement gracieux enroulé autour de ses jambes, s’accorde au rythme de la danse. Ils sont là tous deux, dans un geste suspendu, oscillant entre déséquilibre et élan, évoquant déjà la crainte d’un avenir qui se meurt… Camille confie sa vie à ce danseur, bouleversant d’intimité !
Cette femme abandonnée dans les bras de son danseur, le visage niché dans le cou de son guide se laisse emporter souple, douce et alanguie. Ils tournoient corps enlacés, sa jupe dans un bouillonnement gracieux enroulé autour de ses jambes, s’accorde au rythme de la danse. Ils sont là tous deux, dans un geste suspendu, oscillant entre déséquilibre et élan, évoquant déjà la crainte d’un avenir qui se meurt… Camille confie sa vie à ce danseur, bouleversant d’intimité !
Enfin, « Le Cri » de 1898… Camille livre ici son
désespoir, la déchirure d’être abandonnée par Rodin qui la quitte pour Rose
Beuret. Ses mains tendues d’Implorante, une nudité de corps qui dit le vide de
son âme, l’amorce de sa prochaine folie. Notez encore, la main gauche de celui
qui représente Rodin, et semble avoir peine à laisser cette femme en pleurs, seule derrière lui !
Comme une difficulté à s’en arracher !
Des sculptures vivantes qui illustrent avec vérité le moment
qui passe, avec douleur la souffrance vécue, avec force le talent de cette
femme.
Pour continuer, notre rencontre avec Camille Claudel, il est
sans doute nécessaire de s’interroger sur les trente dernières années de sa vie
qui se sont passées dans un asile d’aliénés. Mais que s’est-il passé ?
Et bien voici sa triste histoire : Voilà une femme, une
artiste, qu’on emmène dans une voiture un matin et qu’on interne...sur deux
certificats celui d’un médecin, et de la mère de Camille Claudel… C’est
tout !!!!
Qui comme Camille, dès son internement forcé, n’aurait pas réagi de manière chaotique,
passant des cris à l’abattement, des larmes de désespoir au silence
mutique ?
Mais pourquoi interne-t-on Camille ?
Parce que c’est une femme libre, et qu’elle vit seule dans
son atelier ?
Parce qu’elle a eu pour amant ? L’amant c’est Rodin,
bien sûr …
Parce qu’elle n’est pas mariée et qu’il n’y a personne pour la protéger ?
Ou parce qu’elle est vraiment malade mentalement ?
La réponse est, peut-être, un ensemble de tous ces éléments…
il est avéré qu’elle souffrait de délires de persécution…
Camille Claudel était aimée et protégée par son père.
Monsieur Claudel père meurt le 2 mars 1913, on ne prévient
pas Camille, de la mort de son père. Non, on la tient à distance !
Mais, le 11 mars 1913, elle est emprisonnée dans un asile d’aliénés!
Cela veut dire qu’en 9 jours, Mme Claudel mère et ses deux autres enfants, ont
procédé aux obsèques du père et fait les démarches nécessaires pour obtenir
l’internement de Camille !
Rappelons que Camille est internée dans le cadre d’un placement
volontaire, né de la décision de sa mère
avec l’accord de son frère Paul Claudel l’écrivain et diplomate et de son autre
sœur, accompagné je vous l’ai dit par un seul certificat médical.
C’est Paul Claudel, qui a pris contact avec le prochain lieu
d’internement de sa sœur…Constatez comme moi, qu’on n’a pas perdu de
temps !!!
Est-ce pour se libérer, de cette fille qui est libre, qui a
eu un amant, qui sculpte comme un homme, qui vit seule, qui ose se libérer de
la morale bourgeoise et conventionnelle ?
A l’époque en 1913, on internait les gens bien facilement,
et cela ressemblait parfois à une séquestration … une incarcération…
Camille internée en 1913 restera enfermée jusqu’à sa mort en
1943… en 30 ans elle recevra 15 visites, et pas une de sa mère, ni de sa sœur…
Paul, son frère, son complice d’enfance, celui qu’elle aime
tant, ne fera rien pour la faire sortir de l’asile psychiatrique où elle est
« incarcérée ». C’est pourtant un
homme porté par une foi vive… serait-elle dénuée de charité ? La
lecture de certains textes le laisse à penser.
Je vous invite à consulter le livre écrit par le psychiatre
Michel Deveaux aux éditions « l’Harmattan » dont le titre est
« Camille Claudel à Mondevergues »
Le livre dont je fais référence pose trois questions :
1- Camille
Claudel présentait-elle une affection psychiatrique ? La réponse est oui,
et le diagnostic dit : délires de persécution.
2- Camille
Claudel devait –elle être internée ? La réponse est oui, elle devait
recevoir des soins.
3- L’état
de Camille Claudel nécessitait-il un enfermement aussi long ? La réponse
est non, et les médecins, (y compris celui qui soignait Camille à Mondevergues)
se demandent si, il n’y a pas eu
collusion familiale contre Camille.
Pourquoi ? Peut-être trouverez-vous des éléments de
réponse dans le livre dont je viens de vous donner la référence je vous le
rappelle
-
Camille Claudel
à Mondevergues de Michel Deveaux
-
Ou ce second livre que j’ai aussi consulté qui
s’intitule :
Correspondance de Camille Claudel, d’Anne Rivière et Bruno Gaudichon chez
Gallimard
Et pourquoi pas ? voir le film de Bruno Dumont Camille Claudel 1915, déjà passé en
salle au printemps dernier mais que vous pourrez sans doute retrouver en DVD.
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