Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 25 décembre 2013

Exposition Camille Claudel au musée Dubois-Boucher

Exposition permanente Camille Claudel au musée Dubois-Boucher de Nogent sur Seine

Aujourd’hui, je voudrais vous parler du musée de Nogent sur Seine, il est à une belle heure en voiture de notre région…
Ce musée regroupe quelques chefs d’œuvre, que je vous invite à aller découvrir. 
On l’appelle « le musée Dubois-Boucher »… Deux noms qui aujourd’hui, nous semblent bien inconnus.
Paul Dubois, sculpteur a été directeur de l’Ecole des BA de Paris au début du 20ième siècle.
Alfred Boucher sculpteur aussi, et, célèbre surtout, parce que maître d’apprentissage pendant 3 ans de Camille Claudel,
Dans les quelques salles du musée vous découvrirez de magnifiques sculptures en bronze, fonte, marbre, grès, biscuit de porcelaine, ou plâtre de ces trois artistes …
J’ai retenu pour vous, quelques réalisations de Camille Claudel.
Des œuvres qui comme des livres ouverts dévoilent la partie la plus secrète de cette femme, sa délicatesse, sa sensibilité, sa finesse d’observation, ses rêves, ses tourments, ses désespoirs !

Attardez-vous sur « La petite châtelaine » et « l’Aurore » 1893 disent la grâce et sans doute son amour de l’enfance.
    La petite châtelaine

 « Les Causeuses » de 1893, que l’on voit au Musée Rodin, mais représenté ici, dans la salle par une photo… Une conversation de femmes, connivences et complicités d’une qui parle, et, de trois autres qui pour l’instant écoutent ! Mais elles vont s’animer, sortir du bronze et de l’onyx où elles sont représentées, se mouvoir, rire, bavarder, répondre et commenter !
« La Valse » de 1895 est d’une troublante émotion…
Cette femme abandonnée dans les bras de son danseur, le visage niché dans le cou de son guide se laisse emporter souple, douce et alanguie. Ils tournoient corps enlacés, sa jupe dans un bouillonnement gracieux enroulé autour de ses jambes, s’accorde au rythme de la danse. Ils sont là tous deux, dans un geste suspendu, oscillant entre déséquilibre et élan, évoquant déjà la crainte d’un avenir qui se meurt… Camille confie sa vie à ce danseur, bouleversant d’intimité !
Enfin, « Le Cri » de 1898… Camille livre ici son désespoir, la déchirure d’être abandonnée par Rodin qui la quitte pour Rose Beuret. Ses mains tendues d’Implorante, une nudité de corps qui dit le vide de son âme, l’amorce de sa prochaine folie. Notez encore, la main gauche de celui qui représente Rodin, et semble avoir peine à laisser cette  femme en pleurs, seule derrière lui ! Comme une difficulté à s’en arracher !
Des sculptures vivantes qui illustrent avec vérité le moment qui passe, avec douleur la souffrance vécue, avec force le talent de cette femme.

Pour continuer, notre rencontre avec Camille Claudel, il est sans doute nécessaire de s’interroger sur les trente dernières années de sa vie qui se sont passées dans un asile d’aliénés. Mais que s’est-il passé ?

Et bien voici sa triste histoire : Voilà une femme, une artiste, qu’on emmène dans une voiture un matin et qu’on interne...sur deux certificats celui d’un médecin, et de la mère de Camille Claudel… C’est tout !!!!
Qui comme Camille, dès son internement forcé,  n’aurait pas réagi de manière chaotique, passant des cris à l’abattement, des larmes de désespoir au silence mutique ?
Mais pourquoi interne-t-on Camille ?
Parce que c’est une femme libre, et qu’elle vit seule dans son atelier ?
Parce qu’elle a eu pour amant ? L’amant c’est Rodin, bien sûr …
Parce qu’elle n’est pas mariée et qu’il  n’y a personne pour la protéger ?
Ou parce qu’elle est vraiment malade mentalement ?
La réponse est, peut-être, un ensemble de tous ces éléments… il est avéré qu’elle souffrait de délires de persécution…

Camille Claudel était aimée et protégée par son père.
Monsieur Claudel père meurt le 2 mars 1913, on ne prévient pas Camille, de la mort de son père. Non, on la tient à distance !
Mais, le 11 mars 1913, elle est emprisonnée dans un asile d’aliénés! Cela veut dire qu’en 9 jours, Mme Claudel mère et ses deux autres enfants, ont procédé aux obsèques du père et fait les démarches nécessaires pour obtenir l’internement de Camille !
Rappelons que Camille est internée dans le cadre d’un placement volontaire, né de la décision  de sa mère avec l’accord de son frère Paul Claudel l’écrivain et diplomate et de son autre sœur, accompagné je vous l’ai dit par un seul certificat médical.
C’est Paul Claudel, qui a pris contact avec le prochain lieu d’internement de sa sœur…Constatez comme moi, qu’on n’a pas perdu de temps !!!

Est-ce pour se libérer, de cette fille qui est libre, qui a eu un amant, qui sculpte comme un homme, qui vit seule, qui ose se libérer de la morale bourgeoise et conventionnelle ?

A l’époque en 1913, on internait les gens bien facilement, et cela ressemblait parfois à une séquestration … une incarcération…
Camille internée en 1913 restera enfermée jusqu’à sa mort en 1943… en 30 ans elle recevra 15 visites, et pas une de sa mère, ni de sa sœur…

Paul, son frère, son complice d’enfance, celui qu’elle aime tant, ne fera rien pour la faire sortir de l’asile psychiatrique où elle est « incarcérée ». C’est pourtant un  homme porté par une foi vive… serait-elle dénuée de charité ? La lecture de certains textes le laisse à penser.


Je vous invite à consulter le livre écrit par le psychiatre Michel Deveaux aux éditions « l’Harmattan » dont le titre est « Camille Claudel à Mondevergues »
Le livre dont je fais référence pose trois questions :
1-      Camille Claudel présentait-elle une affection psychiatrique ? La réponse est oui, et le diagnostic dit : délires de persécution.
2-      Camille Claudel devait –elle être internée ? La réponse est oui, elle devait recevoir des soins.
3-      L’état de Camille Claudel nécessitait-il un enfermement aussi long ? La réponse est non, et les médecins, (y compris celui qui soignait Camille à Mondevergues)  se demandent si, il n’y a pas eu collusion familiale contre Camille.

Pourquoi ? Peut-être trouverez-vous des éléments de réponse dans le livre dont je viens de vous donner la référence je vous le rappelle
-          Camille Claudel à Mondevergues de Michel Deveaux
-          Ou ce second livre que j’ai aussi consulté qui s’intitule :
 Correspondance de Camille Claudel,  d’Anne Rivière et Bruno Gaudichon chez Gallimard

Et pourquoi pas ?  voir le film de Bruno Dumont Camille Claudel 1915, déjà passé en salle au printemps dernier mais que vous pourrez sans doute retrouver en DVD.




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