Pietra Viva un livre de Léonor de Récondo
Nous voilà en décembre, Noël approche et pour cette fête
familiale où l’on va dire à ceux qui nous sont chers notre affection, notre
tendresse, notre amour, il faut trouver une
façon particulière et personnelle de le dire, avec les mots qui sont les
nôtres, ou avec de petits présents qui poseront une pierre souvenir pour ce
jour-là.
Des cadeaux qui diront avec la sensibilité qui définit
chacun de nous, l’attachement et tout ce
que la pudeur ne veut, ne peut, ne sait pas toujours dire.
Je vous propose un livre à offrir, à faire découvrir… « Pietra
Viva » un petit ouvrage chargé de poésie, de rêverie, un voyage à lire, à
faire lire, au creux d’un canapé douillet, pour une évasion. Imaginer, et découvrir
un monde qui n’est plus celui d’aujourd’hui,
inventé et recréé, par le livre de
Léonor de Récondo.
Cette jeune auteure, née en 1976, est aussi violoniste
baroque, alors il n’est pas étonnant qu’elle maîtrise la musique et la
vibration des mots…
« Pietra
viva » son quatrième livre, se trouve aux éditions de Sabine Wespieser.
Pietra Viva, la pierre qui vit, c’est l’histoire imaginée de
Michel-Ange à un moment précis de sa vie, alors qu’il est à Carrare.
Etes-vous déjà allés à Carrare ? Le Carrare d’aujourd’hui
est une petite ville pâle et brumeuse. Y suis-je allée un jour triste et bas ou
est-ce la réalité et l’humidité de la montagne qui lui confère cet
aspect ?
La bourgade toscane est encaissée dans les flancs de la
montagne, et l’on aperçoit la montagne brisée, scintillant d’un blanc luisant.
Non, il n’a pas neigé, c’est le marbre qui respire et luit de sa blancheur
cristalline.
Nous sommes en 1505 et le sculpteur vient choisir, au cœur
des Alpes Apuanes la pierre à extraire des veines de la montagne et réaliser le
tombeau de Jules II.
Michelangelo vient d’arriver, il a voyagé bien léger une
bible, son carnet de croquis, un recueil de poèmes de Pétrarque offert par
Laurent de Médicis.
Le livre est à la fois intimiste et d’atmosphère. Intimiste,
Léonor de Récondo arrive par la magie de ses mots à nous faire entrer dans la
pensée et l’émotion de Michel Ange. Atmosphère aussi, nous sommes compagnons de
Michel Ange, avec lui nous rencontrons les hommes les femmes de ce village de
Carrare au 16ième siècle, voyons les lieux, entendons les bruits, participons
aux chagrins et aux moments d’émotion.
Une évocation pour vivre la vie des hommes de la montagne,
ceux qui sont durs à la tâche, rudes à la souffrance, courageux à l’ouvrage et extraient
la pierre marmoréenne. Tout est puissance, force, danger et l’on entend, les
cris des hommes, le souffle des bœufs, les coups sourds des marteaux et des
masses, le grincement des scies qui s’acharnent pour prendre à la nature une
part d’elle-même… En voici un extrait :
« Topolino lui fait de grands
signes, Michelangelo presse le pas.
-
Regarde ce qui est
tombé cette nuit !
Un énorme bloc gît au sol. Sur
certains de se ses côtés on voit les traces brunes du bois qui, sous l’effet de
l’eau versée pour les carriers, a gonflé et précipité sa chute.
Michelangelo s’approche. Le
sculpteur caresse le marbre, son grain est brillant et vivant.
-
Il est magnifique,
n’est-ce pas ?
-
Il est parfait, tout
juste parfait » répond le sculpteur.
Des hommes attachés à des cordes se
hissent le long de la paroi pour faire basculer les derniers éboulis. Pour ne
pas être esclaves du destin, ils vont caresser de leurs ciseaux la nature
capricieuse de la pierre. Ils ont chacun un petit mot pour elle, un surnom, une
douceur pour l’apprivoiser. Le danger permet toutes les superstitions.
… Tous s’affairent, envahis par le
même désir de rendre à la montagne ce qu’elle leur a donné. Elle ne peut pas
être en de meilleures mains qu’entre celles du sculpteur. Un maître, un grand
maître. Ils l’ont vu « laissez la veine vous guider, sinon vous la
massacrez » leur disait-il ! Ils ont compris que ce n’était pas un
amour simple de la pierre, de la montagne. Il en parlait comme de sa propre
chair, et comme eux, son cœur en était fait. Il fait partie de leur grande famille »
Léonord de Récondo raconte l’histoire des tailleurs, des
carriers, des marbriers, elle nous dit aussi les tourments, les peines, les
douleurs, les joies dans ce village du 16ième siècle. Elle nous fait
vivre avec des hommes et des femmes qui pleurent, chantent, festoient et
dansent. Elle plonge au cœur de l’enfance avec le petit Michele, renvoie Michel-
Ange à ses propres réminiscences, lui qui a perdu sa maman quand il était tout
enfant. Par la grâce de cet enfant qui
sait l’émouvoir, il lèvera le voile sur ses chagrins et ses souvenirs. Ecoutez
avec quelle délicatesse l’auteur nous y invite :
« De la petite main chaude
naît un parfum. Un parfum d’abord discret et frais, subtil mélange de lavande
et de roses volatiles. Puis la lavande s’estompe, et l’iris entre dans la ronde
des senteurs, les emportant toutes dans son sillage… Ce parfum maintenant
capiteux est celui de la femme dont Michelangelo a tout oublié.
Le parfum comme premier
souvenir »
Ce livre raconte le cheminement de la pensée, la thérapie
d’un blessé de la vie, la fragilité et la vérité de ce que chacun peut porter
en soi, la résilience que tout homme doit accomplir pour trouver sa voie, être
au plus fort de soi-même. La beauté des mots dans la simplicité et la noblesse de l’écriture sont
une voie pour découvrir ce bijou d’écriture. Le récit nous apprend à aimer, à
découvrir un homme secret et sensible. Mais aurait-il pu en être
autrement ?
Le livre, comme une chronique des jours se succèdent, raconte
les liens tissés entre les hommes, les femmes, les enfants, les animaux.
Le soir Michelangelo rentre dans sa chambre parfois son cœur
est lourd... Face à lui-même, il retrouve ses secrets, ses peines enfouies, ses
amours défuntes… Il feuillette les pages des poèmes de Pétrarque, n’a pas le
courage de lire la bible offerte par Andréa, sa mort le bouleverse encore trop…
Au gré des pages et des poèmes que Francesco Pétrarque a
écrit pour Laure, Michelangelo a peut-être lu celui-là :
« Beni soit le jour,
Béni soit le pays, et la place où
j’ai fait rencontre
De ces yeux [..] qu’ils m’ont
ensorcelé.
…
Et béni soit le premier doux
tourment
Que je sentis pour être captif
d’Amour
Et bénis soient l’arc et le trait
dont il me transperça
Et bénis soit la plaie que je porte
en mon cœur »
Notre moment de partage prend fin, je vous conseille ce
livre « Pietra Viva » de Léonor de Récondo aux éditions Sabine
Wespieser.
Vous trouverez des mots simples et beaux,
Des mots d’amour et d’humanité, qui portent la vie,
l’espérance, la confiance,
la Renaissance d’un rêve qu’on croyait perdu.
Au revoir à tous, à bientôt, et que les fêtes de la Nativité
éclairent, apaisent, illuminent votre cœur !
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