Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 25 décembre 2013

Pietra Viva de Léonor de Récondo

Pietra Viva un livre de Léonor de Récondo

Nous voilà en décembre, Noël approche et pour cette fête familiale où l’on va dire à ceux qui nous sont chers notre affection, notre tendresse, notre amour,  il faut trouver une façon particulière et personnelle de le dire, avec les mots qui sont les nôtres, ou avec de petits présents qui poseront une pierre souvenir pour ce jour-là.
Des cadeaux qui diront avec la sensibilité qui définit chacun de nous,  l’attachement et tout ce que la pudeur ne veut, ne peut, ne sait pas toujours dire.

Je vous propose un livre à offrir, à faire découvrir… « Pietra Viva » un petit ouvrage chargé de poésie, de rêverie, un voyage à lire, à faire lire, au creux d’un canapé douillet, pour une évasion. Imaginer, et découvrir un  monde qui n’est plus celui d’aujourd’hui,  inventé et recréé, par le livre de Léonor de Récondo.
Cette jeune auteure, née en 1976, est aussi violoniste baroque, alors il n’est pas étonnant qu’elle maîtrise la musique et la vibration des mots…
 « Pietra viva » son quatrième livre, se trouve aux éditions de Sabine Wespieser.
Pietra Viva, la pierre qui vit, c’est l’histoire imaginée de Michel-Ange à un moment précis de sa vie, alors qu’il est à Carrare.

Etes-vous déjà allés à Carrare ? Le Carrare d’aujourd’hui est une petite ville pâle et brumeuse. Y suis-je allée un jour triste et bas ou est-ce la réalité et l’humidité de la montagne qui lui confère cet aspect ?
La bourgade toscane est encaissée dans les flancs de la montagne, et l’on aperçoit la montagne brisée, scintillant d’un blanc luisant. Non, il n’a pas neigé, c’est le marbre qui respire et luit de sa blancheur cristalline.

Nous sommes en 1505 et le sculpteur vient choisir, au cœur des Alpes Apuanes la pierre à extraire des veines de la montagne et réaliser le tombeau de Jules II.
Michelangelo vient d’arriver, il a voyagé bien léger une bible, son carnet de croquis, un recueil de poèmes de Pétrarque offert par Laurent de Médicis.

Le livre est à la fois intimiste et d’atmosphère. Intimiste, Léonor de Récondo arrive par la magie de ses mots à nous faire entrer dans la pensée et l’émotion de Michel Ange. Atmosphère aussi, nous sommes compagnons de Michel Ange, avec lui nous rencontrons les hommes les femmes de ce village de Carrare au 16ième siècle, voyons les lieux, entendons les bruits, participons aux chagrins et aux moments d’émotion.

Une évocation pour vivre la vie des hommes de la montagne, ceux qui sont durs à la tâche, rudes à la souffrance, courageux à l’ouvrage et extraient la pierre marmoréenne. Tout est puissance, force, danger et l’on entend, les cris des hommes, le souffle des bœufs, les coups sourds des marteaux et des masses, le grincement des scies qui s’acharnent pour prendre à la nature une part d’elle-même… En voici un extrait :
« Topolino lui fait de grands signes, Michelangelo presse le pas.
-          Regarde ce qui est tombé cette nuit !
Un énorme bloc gît au sol. Sur certains de se ses côtés on voit les traces brunes du bois qui, sous l’effet de l’eau versée pour les carriers, a gonflé et précipité sa chute.
Michelangelo s’approche. Le sculpteur caresse le marbre, son grain est brillant et vivant.
-          Il est magnifique, n’est-ce pas ?
-          Il est parfait, tout juste parfait » répond le sculpteur.
Des hommes attachés à des cordes se hissent le long de la paroi pour faire basculer les derniers éboulis. Pour ne pas être esclaves du destin, ils vont caresser de leurs ciseaux la nature capricieuse de la pierre. Ils ont chacun un petit mot pour elle, un surnom, une douceur pour l’apprivoiser. Le danger permet toutes les superstitions.
… Tous s’affairent, envahis par le même désir de rendre à la montagne ce qu’elle leur a donné. Elle ne peut pas être en de meilleures mains qu’entre celles du sculpteur. Un maître, un grand maître. Ils l’ont vu « laissez la veine vous guider, sinon vous la massacrez » leur disait-il ! Ils ont compris que ce n’était pas un amour simple de la pierre, de la montagne. Il en parlait comme de sa propre chair, et comme eux, son cœur en était fait. Il fait partie de leur grande famille »
Léonord de Récondo raconte l’histoire des tailleurs, des carriers, des marbriers, elle nous dit aussi les tourments, les peines, les douleurs, les joies dans ce village du 16ième siècle. Elle nous fait vivre avec des hommes et des femmes qui pleurent, chantent, festoient et dansent. Elle plonge au cœur de l’enfance avec le petit Michele, renvoie Michel- Ange à ses propres réminiscences, lui qui a perdu sa maman quand il était tout enfant.  Par la grâce de cet enfant qui sait l’émouvoir, il lèvera le voile sur ses chagrins et ses souvenirs. Ecoutez avec quelle délicatesse l’auteur nous y invite :
« De la petite main chaude naît un parfum. Un parfum d’abord discret et frais, subtil mélange de lavande et de roses volatiles. Puis la lavande s’estompe, et l’iris entre dans la ronde des senteurs, les emportant toutes dans son sillage… Ce parfum maintenant capiteux est celui de la femme dont Michelangelo a tout oublié.
Le parfum comme premier souvenir »

Ce livre raconte le cheminement de la pensée, la thérapie d’un blessé de la vie, la fragilité et la vérité de ce que chacun peut porter en soi, la résilience que tout homme doit accomplir pour trouver sa voie, être au plus fort de soi-même. La beauté des mots dans  la simplicité et la noblesse de l’écriture sont une voie pour découvrir ce bijou d’écriture. Le récit nous apprend à aimer, à découvrir un homme secret et sensible. Mais aurait-il pu en être autrement ?

Le livre, comme une chronique des jours se succèdent, raconte les liens tissés entre les hommes, les femmes, les enfants, les animaux.
Le soir Michelangelo rentre dans sa chambre parfois son cœur est lourd... Face à lui-même, il retrouve ses secrets, ses peines enfouies, ses amours défuntes… Il feuillette les pages des poèmes de Pétrarque, n’a pas le courage de lire la bible offerte par Andréa, sa mort le bouleverse encore trop…
Au gré des pages et des poèmes que Francesco Pétrarque a écrit pour Laure, Michelangelo a peut-être lu celui-là :

« Beni soit le jour,
Béni soit le pays, et la place où j’ai fait rencontre
De ces yeux [..] qu’ils m’ont ensorcelé.
Et béni soit le premier doux tourment
Que je sentis pour être captif d’Amour
Et bénis soient l’arc et le trait dont il me transperça
Et bénis soit la plaie que je porte en mon cœur »

Notre moment de partage prend fin, je vous conseille ce livre « Pietra Viva » de Léonor de Récondo aux éditions Sabine Wespieser.
Vous trouverez des mots simples et beaux,
Des mots d’amour et d’humanité, qui portent la vie, l’espérance, la confiance,
la Renaissance d’un rêve qu’on croyait perdu.

Au revoir à tous, à bientôt, et que les fêtes de la Nativité éclairent, apaisent, illuminent votre cœur !


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