Le musée Jacquemart- André et l'exposition "Désirs et Voluptés à l'époque victorienne"
Aujourd’hui je vous propose une visite au musée Jacquemart André à Paris. En ce moment même vous pouvez y découvrir l’exposition « Désirs et Voluptés à l’époque victorienne » . Une exposition qui a lieu du 13 septembre 2013 au 20 Janvier 2014…
Je vous invite à vous rendre dans ce magnifique hôtel
particulier situé Boulevard Haussmann dans le 8ième arrondissement…
Vous pourriez prendre votre journée et visiter les lieux,
puis l’expo dont je vais vous entretenir !
Avant toute chose, juste un peu l’histoire de ce lieu :
Edouard André, un héritier des plus grosses fortunes du second empire, épouse Cornélia
dite Nélie Jacquemard une peintre de quelques années sa cadette.
Dans ce superbe hôtel particulier que Monsieur André fait
construire, il aménage l’espace pour
mettre en valeur une collection de tableaux, de sculptures, de tapisseries et
d'objets d'art du 18ième siècle,
quand Madame s’intéresse, collectionne et achète des toiles de la Renaissance italienne, et des primitifs
du 15ième siècle.
Ainsi de salons en boudoirs, vous découvrirez des toiles de
Botticelli, Le Pérugin, Mantegna, Canaletto, Van Dyck, Chardin, Boucher et je
ne pourrais pas tous les nommer… sans parler des magnifiques fresques de
Tieppolo situé en haut de l’escalier du jardin d’hiver et du plafond du restaurant…
Je vous parle, ici, de la collection permanente. Après le
décès de ce couple de collectionneurs, ils font don de leur patrimoine dans son
intégrité totale à l’Institut de France,
à la condition que leur collection puisse être découverte par tous, et
leur hôtel transformé en musée.
Ce qui fut fait, pour notre plus grand bonheur je vous
l’assure…
Ainsi fidèle à l’esprit des propriétaires, le musée vous
accueille pour vous émerveiller de cet endroit somptueux, mais aussi pour y
proposer des expositions temporaires…
Actuellement et jusqu’au 20 janvier 2014, il vous faut
découvrir : Splendeurs et voluptés à l’époque victorienne.. Voilà bien, un
titre surprenant ! Difficile d’imaginer les mots
-splendeurs et voluptés- cohabiter avec -époque victorienne-,
époque de puritanisme exacerbé, évoquant plus l’absence de libertés faite aux
femmes, et de la difficulté de vivre en cette fin de 19ième siècle
que du bonheur de vivre. N’oublions pas c’est l’époque où l’on meurt jeune, où
les enfants de 8 ans travaillent dans les mines, où l’on meurt de malnutrition,
de silicose, malgré la révolution industrielle qui n’apporte pas à tous
confort, santé et richesse…
Que dire encore du statut de la femme, qui n’est dévolu qu’à
la maternité, à l’éducation des enfants et la tenue de sa maison.. Une femme,
ornement social de certains milieux, mais toujours soumise qui n’a pas le droit
de vote, ni de posséder un compte bancaire, et dont les droits en fait sont
similaires à ceux d’un enfant mineur…
Pourtant des peintres ont fait évader ces beautés
existantes, par le biais de leur palette, représentations et rêveries… Des
femmes qu’ils ont libérées de leur crinoline et corset ce dernier autant
physique que moral… On peut imaginer qu’il s’agit là, justement d’une réponse
au carcan d’une société raide et compassée, étouffant sous la règle d’une
morale rigide et étriquée.
Ces peintres, nous les connaissons peu, en France… Ils sont là sous nos yeux et célèbrent le
culte de la beauté… Des femmes, mises en valeur dans des décors somptueux,
palais grecs, demeures médiévales, châteaux… Tout est beauté, poésie, rêverie,
abandon…
L’exposition s’ouvre avec
Sir Laurence Alma Tadema, « Les roses d’héliogabale ». Le tableau vous
dit tout de suite l’influence et le goût que Tadema déploie dans son style –
modèles de beautés antiques dont il s’inspire après un voyage à Pompéi …
la remarque est identique pour Frédéric
Leighton ses « Jeunes filles grecques ramassant des galets » sont mises
en valeur dans un encadrement évoquant l’entrée d’un temple grec, pilastres cannelés,
chapiteaux ioniques, fronton surmontant la toile.. Les mousselines drapées, qui
les habillent toutes les quatre, s’envolent dans un effet dynamique…
Encore d’autres peintres peu connus dans notre pays, Albert
Moore, Siméon Solomon, Strudwick qui rend si bien l’imaginaire d’un décor
médiéval…
La plupart de ces peintres pourraient se classer parmi les
préraphaélites. Les sujets sont allégoriques, ou viennent de la littérature
anglaise : Shakespeare, Milton, Walpole, des légendes du Moyen-âge, et les
toiles reflètent la nostalgie du passé. Les peintres s’inspirent de la nature,
les détails sont nombreux, le dessin est juste et précis, les tons sont clairs,
l’exécution est lisse, tout un ensemble qui s’inspire du Quattrocento…
Mon « coup de cœur » va à Waterhouse pour
« Le chant du Printemps ».
Waterhouse est connu en Angleterre pour ses tableaux de
femmes… où d’une touche légère et ferme il célèbre la beauté dans un décor naturaliste :
des femmes brunes ou rousses, aux cheveux coiffés en bandeaux, habillée d’une
mousseline … Le livre de l’exposition commente ainsi ce « Chant du
printemps »… Waterhouse peint une
Proserpine aux cheveux roux et à la poitrine dénudée. Elle s’avance sur
une prairie couverte de jacinthes sauvages et de narcisses que cueillent des
enfants à l’allure de puttis. Des couleurs tendres, bonheur du printemps
auxquels le visage de Proserpine laisse une note mélancolique »…
On ne peut tout énumérer de ce qui est à apprécier dans
cette exposition… mais on ne peut pas oublier Gabriel Dante Rossetti « La
Vénus Verticordia » qui tient une pomme et une flèche dans sa main… rien
que pour vous !…
Une Vénus au teint de lait, parmi les fleurs et de camaïeux
d’ocres, un langage poétique empreint du charme préraphaélite, qui en
s’adressant à notre regard touche notre imagination et notre esprit, une
palette annonciatrice du symbolisme.
Je m’arrêterai là, dans l’énumération des toiles que j’ai
vues, admirées, aimées, appréciées..
Des stéréotypes de femmes y sont représentées, la courageuse
qui affronte et lutte, la mère, l’amante, l’amoureuse, la femme fatale,
l’héroïne, la sacrifiée… Elles sont toutes là, peintes en camaïeux, pastels, huiles ou sanguines pour mieux les
célébrer, et les rendre : proches ou lointaines, distantes et froides, ensorcelantes
ou chaleureuses, douces et confiantes… Elles sont habillées de brocarts, de
mousselines, de velours, de satins, plissés, froissés, drapés, enroulés pour le
bonheur de nos yeux et de notre imaginaire.
Un culte de la beauté marqué par un éclectisme de la
représentation artistique,
Une exaltation de la féminité dans un cadre de vie
idéalisé..
Des femmes muses, nymphes, sorcières, séductrices, mais
toujours inspiratrices du beau…
Le musée Jacquemart André attend votre visite, et
l’exposition partira après le 20 janvier à Rome puis Madrid..
Au revoir, à bientôt…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire