Si nous
sommes tous réunis ici c’est pour te rendre hommage. Nous voulons te remercier
pour ton rire, ta tendresse, ta générosité, ta joie de vivre, l’amour que tu as
donné à tous et à chacun.
Nous sommes
profondément tristes, mais aussi admiratifs, tu as si vaillamment combattu la
maladie, tenu tête à la souffrance sans jamais te plaindre…
En janvier
dernier, tu m’as donné avec Christian,
la mission de porter témoignage, je vais essayer d’être digne de cette épreuve
difficile, de cet honneur.
Christine
était prête à nous quitter, elle évoquait son départ sereinement mais aussi
avec fatalité. Elle combattait la maladie non pas pour elle mais surtout pour
vous sa proche famille. Elle pensait à ceux qui allaient rester seuls,
désarmés, démunis, lourds de leur chagrin à porter, en manque de sa présence,
de sa voix, de son sourire, de son écoute, de ses conseils, des mille
attentions qui faisaient que chacun avait une vraie place auprès d’elle.
Je pense à
vous, Frédéric Juliette Matthias, qui allez devoir vivre et penser sans
demander conseil à votre mère… Combien de fois vous direz-vous, l’espace d’une
fraction de seconde « je vais demander à maman » et l’Inimaginable
vous reviendra douloureusement. Votre maman est inscrite dans le filigrane de
votre vie, faites en pensée, en paroles et en actes comme elle vous aurait
conseillé de le faire. Ce sera le beau témoignage de votre amour par-delà
l’espace et le temps, elle vous a tellement aimés. Elle fut pour vous une maman
attentionnée, et toi Juliette ces dernières semaines tu l’as veillée et
entourée comme si à son tour, elle était devenue ton enfant.
Vous aussi
Valentin et Eglantine, Mamie vous a accompagnés pour grandir, a veillé sur vous avec tendresse et
comme il était bon de se blottir contre elle. Vous découvrez la douleur du
deuil. C’est votre premier grand chagrin et ce n’est pas le plus facile à
surmonter. Malheureusement il n’y a pas d’autre choix que d’accepter
les duretés de la vie, son sentiment d’injustice en même temps que celui de
l’impuissance! C’est cela grandir, être face aux cruautés de la vie, sans avoir
les moyens de la changer …
Je pense
aussi à vous ses sœurs et frère si aimants, à cette peine cruelle de voir partir la petite avant-dernière
de la fratrie, il y a de la révolte, contraints d’accepter l’Inacceptable. Kiki
s’en va et c’est tellement injuste pour elle et pour vous, compagnons d’enfance
solidaires et complices dans la tendresse comme dans la farce.
Et vous, les
amis, les voisins si chaleureux, Mocky si présents et si attentifs…
merci pour elle !
Christine vous dirait à tous
« Merci pour Christian, mon mari aimant et aimé.»
Christian, toi
le mari aimant … La compagne de toujours a marché à tes côtés sur les sentiers
de la vie, en Afrique, en Polynésie, en Allemagne, en France aussi bien sûr.
Ensemble vous avez construit votre histoire, bâtie d’expériences, de souvenirs,
d’idéaux partagés. Christine t’a accompagné dans ta vie professionnelle,
répondant au téléphone, accueillant avec un mot gentil, les patients qui
venaient te consulter, les écoutant avec une réelle empathie.
Mais, je
voudrais aussi rendre hommage, Christian, à ta générosité, à cet immense amour
dont tu as toujours fait preuve et dont chacun de nous peut témoigner face à
l’abnégation que tu as développée pour aider la femme de ta vie dans la rude épreuve de la maladie. Tu l’as soignée comme
personne d’autre n’aurait su le faire, - tu l’as aimée d’un amour inconditionnel, tu
l’as entourée de tendresse, avec un dévouement de tous les instants, avec
courage… Et cela Christine le savait !
Tu as confié
à quelques-uns d’entre nous, ton désarroi et ta douleur confronté au vide de
son absence, à la conscience de ton avenir solitaire face à l’inéluctable
séparation, mais par-dessus tout tu voulais le bonheur de Christine, la paix de
son âme, la tranquillité de son esprit pour qu’elle puisse s’en aller dans la
paix et la sérénité.
J’ai en
mémoire, son arrivée dans la famille, il y a presque 50 ans… Au milieu
de nous gens du Nord, avec sa spontanéité, son rire joyeux, son côté solaire et
son accent chantant, elle était le Renouveau, elle semblait presque
« exotique ».
Et pour cet
autre souvenir qu’ici je ne suis pas la seule à pouvoir se remémorer, c’est l’image
de sa silhouette fine le jour de votre mariage. Dans sa robe blanche à la
capeline entourée de duvet de cygne, elle riait, elle dansait, elle jouait de
son charme, elle te câlinait… Toi, simplement, tu rayonnais…
Ce jour-là,
il y avait les parents de Christine, deux grandes figures disparues : Son père marquant son émotion à la vue de ce jeune
bonheur par le silence et la tendresse, sa mère chaleureuse et souriante,
fière de ce gendre qu’elle avait accueilli comme un fils et qui promettait le
bonheur de leur fille chérie et... l’a réalisé!
Ils étaient
des parents bons et généreux, ils avaient élevé leurs enfants dans l’amour des
autres, l’accueil à autrui, le respect de la terre, le bonheur de se réjouir
d’un beau soleil, d’une pluie rafraichissante, d’une belle vendange, d’un
jardin de fleurs, d’une bonne table, de cris joyeux et de jeux. Ils se disaient
athées comme le précisait également Christine… elle était le creuset de cette
éducation. Cette ode aux bienfaits de la nature et de la vie n’est-elle pas le
plus beau remerciement fait à la Création ?
Christian, Tu
la disais « Sépia »… pour beaucoup, il s’agit d’une couleur pour toi,
c’était aussi un tempérament homéopathique. Comme un ombre qui s’efface, une
nuance qui pâlit, n’oublions pas, celle qui était avant la morsure de la
maladie … le sourire lumineux de Christine, la voix chaleureuse et chantante,
les tonalités d’ambre de la couleur de sa peau, le reflet noisette de ses yeux,
la couleur châtaigne de ses cheveux, des souvenirs à faire revivre pour oublier
les funestes derniers mois.
Contrainte
par la maladie, de nous quitter, son image prendra dans nos mémoires, les
nuances ocres et bistres d’une photo que
nous garderons pour toujours dans notre cœur.…
Il nous faut nous séparer, notre Aimée à tous…
nous ne pouvons que nous incliner devant ton combat et l’affreuse réalité…
Il faudra
avancer sans toi,
Compter les
jours, les semaines, les mois et les saisons sans toi,
Souffler les
bougies sans toi…
Traverser les
fêtes sans toi…
Tu nous
laisses, tu laisses ta famille, tes enfants et ton mari aimants…
Il faudra
vivre sans toi, sans jamais oublier la grande leçon de dignité et de courage
que tu nous as donnée …
Pour se
reconstruire après un tel chagrin, il faut pleurer et pleurer encore et quand
les larmes se seront taries, il y aura le long chemin de tristesse à surmonter….
Un pâle soleil viendra recolorer peu à peu les jours, il estompera ces derniers
mois cruels et douloureux, le noir chagrin se teintera de gris, alors il faudra
accepter de vivre, donner un sens à sa
vie, poursuivre le chemin, en gardant au fond de soi, le souvenir éclatant des
jours où l’on ne savait pas que l’on était heureux.
Christine,
Merci pour
le bonheur de ta présence,
Merci pour
les jours que tu nous as offert, vécus et partagés à tes côtés.
Et toujours,
tu seras inscrite dans la musique de nos cœurs, dans le tableau sépia de nos
couleurs.
Nous
t’aimions tant, nous t’aimons tant, tu continueras à vivre dans notre
souvenir.
A Dieu
Christine