Jean-Honoré Fragonard est né en 1732 en pleine
période rococo, son talent détecté très tôt lui permet de devenir l'élève de
Chardin et Boucher.
Brillantissime, le voilà
prix de Rome à 20 ans, il reçoit dans sa formation toutes les influences picturales jusqu’à
trouver son propre style. Né à Grasse,
cet homme du Sud a gardé le goût de la couleur, de la lumière, sa touche est vive, rapide, joyeuse et fluide.
En pleine période rococo il peint pour Mme Du Barry une
suite en 4 panneaux, que celle-ci rejette pour satisfaire aux caprices de la
mode néo-classique … Ces 4 panneaux appartiennent
aujourd’hui à la Frick Collection de New-York et présents en copie dans le
musée Fragonard de Grasse.
Fragonard traverse le
18ième siècle et ses turbulences révolutionnaires pour s’éteindre en
1806.
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L'orage ou la charrette embourbée - 1759 - Fragonard - Louvre |
« L’orage ou la
charrette embourbée » a été réalisé en 1759. Fragonard à 27 ans, il
est encore à Rome. Cette toile constitue une exception dans le style rocaille,
elle semble être précurseur du romantisme du 19ième siècle, époque
marquée tant sur les plans littéraires et picturaux par les thèmes naturalistes
et émotionnels. Un 19ième siècle marqué par les avancées
scientifiques: Lavoisier et ses découvertes sur la
composition de l’atmosphère, Newton sur celles de la couleur… Fragonard
serait-il l’observateur intuitif de ces phénomènes si sensibles dans
« L’orage ou la charrette embourbée » ?
La toile met en scène le combat de l’homme et des animaux
contre la violence d’un orage qui s’annonce. Les lignes, diagonales et
contraires de la construction de l’œuvre, zèbrent la toile comme le feraient les éclairs dans la frénésie du
déluge ! Des hommes tentent de sortir une charrette de l’ornière où elle
s’est embourbée, ils poussent, exhalent leurs souffles dans un effort violent,
s’exhortent à corps et à cris pour rentrer la lourde fenaison avant que la
tempête ne la gâte.
De noirs nuages aux teintes violacées s’avancent
inexorablement vers le groupe des hommes inquiets et des bêtes affolées. Un
bœuf tire, sue, beugle, le coup tendu pour arracher dans un ultime effort le
chargement du bourbier… Des moutons affolés par les cris, les claquements de
fouets, le sifflement du vent dévalent la colline… Fragonard les a auréolés
d’un sillon de lumière jaune semblant représenter le tournoiement des rafales
du vent !
Une toile que Beethoven aurait pu mettre en musique… et dans
laquelle sur cet instant arrêté nous percevons la fureur des éléments, la peur
des hommes, la panique terrifiée des bêtes.
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