La peinture française du 18ième siècle ne s’inspire pas
uniquement des peintres du siècle d’or hollandais, comme nous l’avons déjà
précisé dans les petits billets précédents.
François Boucher est un artiste reconnu, en 1731 il est agréé à l’Académie
de peinture et de sculpture puis dirige la Manufacture des Gobelins et
participe à la décoration des châteaux de Versailles et Fontainebleau.
Outre
ses tableaux dont certains sont l’expression d’un libertinage certain, il serait
dommage de ne pas nommer « Le
déjeuner » qui a lui seul est le témoin de l’art de vivre du 18ième
siècle, une époque marquée par le style rocaille rococo…
Rocaille-
rococo deux termes synonymes qui parlent d’un même style si ce n’est que le
second a été inventé par les détracteurs du mouvement et en a gardé longtemps
la connotation péjorative. Le
rocaille-rococo a pris naissance dès le début du règne de Louis 15. Il
s’applique au mobilier, à la décoration et à l’architecture, est fait de motifs
d’ornement : coquilles, feuilles, dragons, dauphin emmêlés en courbes et
contre-courbes, spirale et effets d’enroulement. Il prend fin au moment de la
Révolution française pour être supplanté par la rigueur néo-classique.
« Le déjeuner » de Boucher peint en
1739 est un témoin des mentalités et du
style rocaille-rococo tant à la mode en ce temps-là…
Une
scène que nous, nous appellerions -L’heure
du petit-déjeuner-. Une famille est assise autour d’une table volante…
volante ? Cela signifie qu’elle est
légère mobile et peut être déplacée ou repliée après la collation. Un bébé et
une petite fille sont présents, c’est un
élément d’importance. Il fait la preuve que l’enfant fait partie de la famille
à part entière. On ne le confie plus à quelque vague nourrice inconnue dans un
village perdu de Normandie ! Mieux encore la petite fille au premier plan
dispose de jouets, un cheval de bois et une jolie poupée, elle porte même
autour de la tête un boudin de chiffon pour la protéger des coups qu’elle
pourrait se donner en jouant !
![]() |
Détail du "Déjeuner " François Boucher |
Enfin, le miroir, le cartel qui marque les
heures, une table adossée au mur -des éléments du plus pur style rocaille,
voyez les lignes courbes, entrecroisées, les boucles et ondulations peintes en
doré et justifie l’appellation rococo !…
Et puis un dernier détail de la mode, derrière le maître de maison, sur
l’étagère un magot chinois. Un magot
est une figure grotesque de la Chine ou du Japon. Il est représenté le ventre débordant sur les
jambes entrecroisées. Ce n’est pas un Bouddha mais un magot : un moine-ascète
chinois. ![]() |
Détail du "Déjeuner": le magot chinois |
Enfin, observez les jeux de regards entre les personnages, ils disent bien la tendresse, la confiance, l’intimité du moment privilégié auquel nous avons été conviés.
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