Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

lundi 12 juin 2017

L'orage ou la charrette embourbée de Fragonard




Jean-Honoré Fragonard est né en 1732 en pleine période rococo, son talent détecté très tôt lui permet de devenir l'élève de Chardin et Boucher.
Brillantissime, le voilà  prix de Rome à 20 ans, il reçoit dans sa formation  toutes les influences picturales jusqu’à trouver son propre style.  Né à Grasse, cet homme du Sud a gardé le goût de la couleur, de la lumière,  sa touche est vive, rapide, joyeuse et fluide.
En pleine période rococo il peint pour Mme Du Barry une suite en 4 panneaux, que celle-ci rejette pour satisfaire aux caprices de la mode néo-classique … Ces 4  panneaux appartiennent aujourd’hui à la Frick Collection de New-York et présents en copie dans le musée Fragonard de Grasse.
Fragonard  traverse le 18ième siècle et ses turbulences révolutionnaires pour s’éteindre en 1806.

L'orage ou la charrette embourbée - 1759 - Fragonard - Louvre
« L’orage ou la charrette embourbée » a été réalisé en 1759. Fragonard à 27 ans, il est encore à Rome. Cette toile constitue une exception dans le style rocaille, elle semble être précurseur du romantisme du 19ième siècle, époque marquée tant sur les plans littéraires et picturaux par les thèmes naturalistes et émotionnels. Un 19ième siècle marqué par les avancées scientifiques: Lavoisier et ses découvertes sur la composition de l’atmosphère, Newton sur celles de la couleur… Fragonard serait-il l’observateur intuitif de ces phénomènes si sensibles dans « L’orage ou la charrette embourbée » ?
La toile met en scène le combat de l’homme et des animaux contre la violence d’un orage qui s’annonce. Les lignes, diagonales et contraires de la construction de l’œuvre, zèbrent la toile comme le feraient les éclairs dans la frénésie du déluge ! Des hommes tentent de sortir une charrette de l’ornière où elle s’est embourbée, ils poussent, exhalent leurs souffles dans un effort violent, s’exhortent à corps et à cris pour rentrer la lourde fenaison avant que la tempête ne la gâte.
De noirs nuages aux teintes violacées s’avancent inexorablement vers le groupe des hommes inquiets et des bêtes affolées. Un bœuf tire, sue, beugle, le coup tendu pour arracher dans un ultime effort le chargement du bourbier… Des moutons affolés par les cris, les claquements de fouets, le sifflement du vent dévalent la colline… Fragonard les a auréolés d’un sillon de lumière jaune semblant représenter le tournoiement des rafales du vent !
Une toile que Beethoven aurait pu mettre en musique… et dans laquelle sur cet instant arrêté nous percevons la fureur des éléments, la peur des hommes, la panique terrifiée des bêtes.

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