Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

vendredi 2 mai 2014

Lens, la ville, son Louvre

Lens, la ville, son Louvre… 

Aujourd’hui je vous emmène dans le département du Nord, à Lens. 
Lens, que dirions-nous de cette ville ? Dans une vision réductrice, nous répondrions, - une cité minière qui s’est éteinte à la fermeture de ses puits, associé à un fort taux de chômage …  Cruelle oraison!
Mais depuis il y a eu le Louvre-Lens, vous connaissez ou vous en avez entendu parler. Il est ouvert depuis le 12/12/2012.
Lorsque vous arrivez sur le lieu où est implanté le musée, l’empreinte de l’histoire marque le site… Le musée construit sur une place légèrement surélevée permet d’appréhender la géographie de l’endroit.
Construit en plein cœur du pays minier, les témoignages du passé qui entourent la réalisation des architectes Sejima et Nishizawa ont été préservés. 
L'entrée du Louvre-Lens
En se dirigeant, vers l’entrée du musée, on est un peu surpris par le marquage du sol, conçu semble-t-il d’une grande dalle de béton, marqué de formes irrégulières rondes, allongées, comme des flaques cernées de petites rigoles creusées sur leur pourtour, laissant apparaître la terre dans lesquelles poussent des brins d’herbe et se hérissent de petits gravillons pointus. Il ne s’agit pas d’un caprice de créateur, mais d’un hommage à l’histoire du lieu : - Ces représentations sont l’illustration des lagunes dans lesquelles se forme le charbon, au sein du sous-sol de cette région… les gravillons sont de schiste, débris végétaux du charbon.  

Les corons de Lens

Du parvis du musée, votre regard embrasse une barre d’habitations, les simples corons destinés aux ouvriers de la mine, et, répartis ça et là  les maisons de l’ingénieur, du médecin, le dispensaire des religieuses qui prodiguaient les soins, l’accompagnement, l’enseignement. Toute cette conception date à la création de la compagnie des mines en 1852.




Cette façon de regrouper les différents mondes travaillant sur le même site évoque un urbaniste français du 18ième  siècle, Claude Nicolas Ledoux. C’est lui, le premier qui a conçu la cité idéale, avec « la saline royale d’Arc et Senans » imaginant une ville industrielle modèle, dans les années 1770: -des bâtiments disposés en hémicycles, comprenant les ateliers et les habitations des hommes, du plus petit grade à la plus haute fonction. C’est encore le Familistère idéal de Jean-Baptiste Godin à Guise, modèle social et paternaliste du début du 20ième siècle
Voilà la première impression éprouvée à la découverte du site de Lens…

Lens la fosse 4 - Le chevalet 

D’autres témoignages du passé industriel marquent le paysage, la tour métallique ou chevalet qui permettait de remonter le charbon, le carreau de fosse qui descendait ou ramenait les hommes de la mine, les terrils montagnes noires des déchets du minerai extrait.









Les terrils de Loos en Gohelle








Le musée...
Plan du Louvre-Lens, de gauche à droite: la scène, les expositions temporaires, le hall, la galerie du Temps, l'atelier et le pavillon de verre



Vue aérienne des bâtiments du Louvre-Lens













L’architecture du Louvre Lens est un ensemble de bâtiments aux volumes simples, des cubes, des parallélépipèdes qui se suivent dans un jeu modulaire épuré, dont la hauteur entièrement vitrée ne dépasse pas 6 mètres de haut.






Carreau de Fosse 9, lieu sur lequel a été implanté le musée

Entrons…
Le hall du Louvre-Lens

Ce qui surprend à l’arrivée c’est le calme, la fraîcheur douce de l’atmosphère, une sorte d’oasis reposante. Tout est conçu pour y passer une belle journée : une librairie, une médiathèque, un lieu pour s’y restaurer, une salle pour les expositions temporaires, et la galerie du temps. C’est d’elle dont je vais vous parler…



Lorsque l’on arrive dans cette immense salle de 3000 m², le regard embrasse l’étendue du lieu… L’impression d’espace est accentuée par les murs recouverts de plaques d’aluminium, reflétant dans une luminosité apaisante 205 œuvres… 205, c’est tout  me direz-vous ? Oui, c’est tout, mais la fille du Louvre parisien change complètement son exposition sur un cycle de 5 ans, fidélisant ainsi ses visiteurs.
La Galerie du temps au Louvre-Lens
Quel joli nom que « cette galerie du temps » conçue en trois parties : Antiquité, Moyen-âge, et Temps Modernes…
Sur un mur latéral, une frise historique commence en 3500 avant JC pour se terminer vers 1850, voilà un facile repérage chronologique. En effet, il suffit de vous déplacer en un parcours sinueux pour découvrir les sculptures, objets, toiles,  techniques produites à la même époque dans des lieux différents. Cette conception novatrice permet de découvrir, en les comparant, différentes cultures vivant au même moment loin l’une de l’autre. Puis au travers d’une œuvre particulière comprendre la transition, le point de jonction de deux civilisations. En quelques pas, la Mésopotamie, la Grèce, et l’Egypte vous révèlent leur histoire, leurs rites religieux et funéraires, leurs bijoux.
La rivière du savoir serpente et doucement en quelques heures vous accédez à l’évolution de la pensée, à la compréhension de l’art de l’humanité.
Ce qui semble très intéressant, c’est le fait que tout soit proposé en cohabitation directe …Il n’y a pas de course d’un étage à un autre, c’est une association de l’espace et du temps, sachant toutefois que les civilisations d’Extrême-Orient sont peu représentées, l’axe principal étant les sources de notre propre civilisation.

Arrêtons-nous un instant dans la partie des Temps Modernes, pour trois toiles disposées triangulairement, elles attirent l’attention, interpellent la réflexion… Georges de la Tour avec « Madeleine à la veilleuse », Rembrandt avec « St Matthieu et l’ange » et Domenico Fetti avec la « Mélancolie ». Trois œuvres du 17ième siècle, trois personnages différents dont le point commun est d’être solitaire et méditatif, rassemblant trois courants de pensée.

Madeleine à la veilleuse - Georges de La Tour
vers 1642/1644

Le style luministe de Georges de la Tour, dans « Madeleine à la veilleuse » crée une atmosphère mystique, illustre la foi catholique. Madeleine, lettrée par les livres disposés face à elle, sans doute le Nouveau et l’Ancien Testament, Madeleine pécheresse aux cheveux dénoués,  la corde posée en témoin sur la table, est-ce celle de la mortification?
Le crâne, un « memento mori » souviens-toi que tu mourras !… Voilà une iconographie largement soutenue par le Concile de Trente et confirme plus que jamais un des sept sacrements celui de la pénitence et de la réconciliation, concrétisé dans la confession …



Saint Matthieu et l'ange- Rembrandt
1661




Face à cette toile, « St Matthieu et l’Ange ». On retient cette œuvre comme une illustration des idées de Luther, celle qui s’élève entre autre, contre le sacrement de pénitence…
Matthieu homme plein de sagesse écrit son évangile sous l’inspiration de l’ange envoyé par le Seigneur… Dans cette sobriété, Rembrandt souligne ici la relation directe qui unit l’homme à Dieu sans intercesseur autre que sa propre conscience et refuse toute confession par la médiation d’un religieux. L’homme s’unit, se confesse à Dieu dans une écoute et une réflexion intérieures.





La Mélancolie - Domenico Fetti
1622



Enfin la troisième toile, perpendiculairement exposée aux deux précédentes,  « La Mélancolie » de Fetti, une reprise de la Mélancolie de Dürer, montre une femme agenouillée dans un recueillement  intime et personnel. Le crâne, illustration de la vanité humaine, de la peur de notre finitude, du questionnement sur l’existence de Dieu cohabitent avec la sphère et le compas. Ces deux objets indiquent la science et la quête du rationnel, éléments qui s’appuient sur des principes devant être confirmés par des expérimentations précises. Une science qui affirme, que ce qui ne peut pas être prouvé ne peut être considéré comme nécessairement vrai.





Voilà un triple choix pictural qui met en exergue le conflit de la foi et de la raison soulignant les idées de la Réforme et de la contre-Réforme. Fetti nous invite peut-être à unir, à réfléchir sur ce paradoxe.

Ainsi se termine le parcours de cette galerie du temps, d’autres toiles, sculptures attendent votre observation… Le musée du Louvre Lens propose un parcours en mesure de donner une idée de l’évolution de l’art au travers des siècles.
Hermaphrodite endormi - Art hellénistique III au I siècle avant J.C
Pour une recherche précise, une analyse thématique et détaillée, le nombre d’œuvres dans un même domaine ne me semble pas suffisamment important. Il s’agit d’une observation personnelle qui ne retire en rien le grand intérêt de cette galerie.

Lens reste la ville des renaissances, prospère ville marchande au Moyen-âge puis abandonnée, à nouveau riche et encore appauvrie de son charbon au 19 siècle, martyre qui se reconstruit courageusement après les guerres de 1914 et 1940, forte de son stade Bollaert.
Aujourd’hui la ville  se relève grâce aux projets de décentralisation et de désenclavement… Elle rayonne maintenant de son savoir, de ses richesses, de sa culture à dispenser à  partager avec tous.






Au revoir

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