Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 28 mai 2014

L'Art Nouveau, la villa Majorelle, le musée de l'Ecole de Nancy

L’Art nouveau, la villa Majorelle, le musée de l’Ecole de Nancy

 Aujourd’hui, c’est d’Art Nouveau dont je vais vous parler…

 Voilà un art qui éclot à l’aube du 20ième siècle, en pleine Révolution industrielle et s’imbrique avec la dite « Belle Epoque ». Les fondements théoriques de l’Art Nouveau ont pris naissance en Grande Bretagne avec le style « Art and Crafts » signifiant « art et artisanat ». Il s’est diffusé, a été réinterprété en fonction des pays ou des personnalités dans l’Europe entière, en Russie, aux Etats-Unis. En France, il s’est développé à partir des années 1890 pour s’arrêter au début de la première guerre mondiale, remplacé par l’Art déco.

A Paris, l’Exposition universelle de 1900 consacre le style « Art nouveau » …
Il a été largement critiqué, appelé « style nouille » et même « macaroni épileptique » !!!
Pourtant il a su s’imposer dans ses créations, par des figures de proue comme celles d’ Hector Guimard, Victor Prouvé, Emile Gallé, les frères Daum, Jacques Grüber… Ces novateurs cherchent la voie qui va permettre de développer leur talent, leur recherche, leur imagination dans la ligne qu’ils conçoivent…
Un mouvement artistique naît rarement par hasard, il est bien souvent le résultat de découvertes, de recherches, de réflexion, car il s’inscrit dans l’Histoire comme dans les avancées technologiques de son siècle.
Dans ce contexte, l’art nouveau s’est développé grâce à la mécanisation, la production rationnalisée, les besoins de l’urbanisation, et l’utilisation de l’électricité… Ces éléments concourent à la mise en place de l’Art nouveau, ensuite libre à l’artiste d’utiliser ce que la modernité lui offre pour créer, inventer, s’épanouir, imaginer et adapter son art dans son époque…

Porte d'entrée du Castel Béranger Paris 16ième
Réalisation Hector Guimard




 Paris a pris sa place avec Hector Guimard, - la galerie d’art de Siegfried Bing appelée « L’Art nouveau », -les arts graphiques d’Alfons Mucha illustrant si bien l’image de la femme 1900.

Topaze d'Alfons Mucha
partie de l'ensemble: Pierres Précieuses


     







Métro Ternes
Ferronnerie décorative d'Hector Guimart
                                                                   
                                                           
             
Mais, en France, la capitale de l’Art Nouveau est assurément Nancy.
C’est dans cette ville que je vous invite à vous rendre, vous y découvrirez les réalisations les plus marquantes de ce style, en architecture, peinture, meubles, verrières et objets décoratifs.
 L’Art Nouveau a l’ambition d’unir les arts majeurs aux arts mineurs. Associer à l’architecture, la peinture, la sculpture, des arts plus décoratifs dits mineurs comme le métal ciselé, l’émail, la cristallerie, la marqueterie, la céramique et la mosaïque.
Les exemples les plus frappants en sont la Villa Majorelle, le musée de l’Ecole de Nancy, la brasserie Excelsior, et quelques belles maisons à découvrir en marchant dans la ville.


 Comment reconnaître le style « art nouveau » ?
D’abord les lignes d’une construction, d’un meuble, d’un objet sont courbes, souples, dites « en coup de fouet », on aime l’arabesque, la sinueuse, et on abandonne la symétrie..
 Les avancées renflées des maisons décorent leurs bow-windows de guirlandes de fruits, de fleurs, d’insectes dans un foisonnement ornemental qui doit son imaginaire à une nature luxuriante : fleurs, plantes, graminées, petits insectes ou animaux, libellules, grenouilles, lézards…

 Ainsi, par exemple, la façade de la villa Majorelle indique, dans la volonté de s’affirmer les courants de l’époque.
Plan d’origine de la villa Majorelle,
par la suite l’arc surbaissé a été recouvert par une construction en bow-window
L’entrée principale brisant la symétrie habituelle partage de façon claire les trois fonctions de la maison.
 La partie basse dédiée au service, puis un avant-corps strict, éclairé d’une immense baie-vitrail de Jacques Grüber abrite la circulation aux étages dans un style néo-gothique, très prisé lui aussi à cette période.
Quant à la partie noble, faite de fenêtres en arc de plein cintre ou surbaissé, déploie avec élégance les différents courants d’influences de cette architecture… Des carreaux de céramique au motif d’orchidée soulignent chaque ouverture de fenêtre, conférant ainsi une continuité et une unité à cette originale conception de l’architecte Henri Sauvage.


La maison bourgeoise de Majorelle reprend de manière récurrente le thème de la plante « la monnaie du pape » et dans la mosaïque des sols, aux vitraux des impostes, dans les boiseries s’exalte l’herbe aux écus...

Le perron de la villa Majorelle











La structure métallique de la maison est un ornement, elle supporte la marquise du perron, avec une ferronnerie façonnée d’un décor de branche d’orme torsadé qui s’élève en volutes gracieuses.


D’une manière générale, la maison est une œuvre d’art à part entière.
L’art et l’artisanat, l’élégance et la fonctionnalité se confondent dans une volonté d’harmonie.
 Les artistes qui œuvrent à la conception et la réalisation d’une bâtisse, se tournent vers l’observation de la nature. Le motif floral se retrouve dans toutes les créations de ce que l’on appelle aussi le « Modern style ».

Ainsi, l’Art Nouveau se reconnaît, aux lignes, aux détails d’ornementation, aux couleurs pastel, à la recherche des jeux de lumière dans les verrières de vitrail, aux différents matériaux de construction brique ou pierre, à la présence du motif naturaliste, nénuphar, chrysanthème, libellule, grenouilles, papillon…

Après les chinoiseries du 18ième siècle, avant l’orientalisme du 20ième, l’art japonais va prendre sa place dans ce mouvement artistique de l’art nouveau. En 1900, le Japon s’ouvre à l’Occident, les soieries, les brocarts, les laques, les porcelaines inspirent l’art européen.
Les dessins, les estampes d’Hokusaî et de Hiroshige au graphisme pur et linéaire, vont renouveler la ligne, la recherche et la pensée artistiques européennes inspirent les créateurs.
 Puccini écrira « Madame Butterfly »

 Le musée de l’Ecole de Nancy, est le chef d’œuvre de l’Art Nouveau de cette ville.
Je vous invite à vous y rendre…
N’imaginez pas un musée avec une galerie où vous auriez juste le droit de regarder, les mains croisées sagement dans le dos…
Non, vous entrez dans une maison, où l’on vous invite à vivre, à vous y projeter…
Le salon "Pommes de pins" du musée de l'Ecole de Nancy

Le salon, le bureau, la chambre, la salle à manger, tout est là… la table est mise, on vous attendait !
Le salon de la « Pomme des pins » vous accueille, au mur une toile de Victor Prouvé, représente le maître des lieux, Eugène Corbin et son épouse.. un piano à queue, des fauteuils, des petites tables, des consoles…
Ce salon « Pomme de pins » marque la volonté évidente de parvenir à réaliser à partir d’un même thème des œuvres dans des matériaux différents… Ainsi la pomme de pin se décline sur le velours des sièges, sur les appliques des portes, sur le vitrail de l’encadrement des fenêtres ainsi que celui du miroir…

 Mon coup de cœur va au piano à queue, en acajou et loupe de frêne réalisé par Louis Majorelle sur un dessin de Victor Prouvé.
Quelle merveille de finesse ! La marqueterie de bois exotiques, venant des colonies françaises, raconte la mort du cygne dans un décor de roseaux d’iris et de nénuphars, la pomme de pin est sculptée sur la caisse de l’instrument, l’ensemble est supporté par le lourd piétement de courbes harmonieuses et entrelacées…


De pièce en pièce vous habiterez ce lieu chaleureux, familial et cossu.
Au fil de votre visite, admirez les vitrines exposant des vases de verre soufflé, au décor martelé, gravé à l’acide comme cette superbe coupe « Hiver » de la maison Daum, une jardinière en faïence à décor de grand feu d’Emile Gallé… des amphores, des lampes, des girandoles, des statuettes, des coupes, des toiles de Prouvé, d’Emile Priant, de Camille Martin où chaque artiste déploie son savoir faire, et son imagination.
Lit "Aube et Crépuscule" réalisé par Emile Gallé


L’œuvre majeure de ce musée est la chambre « Aube et Crépuscule » réalisé par Emile Gallé. Le cycle de la vie y est représenté. Sur la tête et le pied du lit, dans un paysage de matin calme ou d’un sombre crépuscule, le sphinx papillon de nuit, vient naître et mourir. Le palissandre, l’ébène, le travail de marqueterie, la nacre et le verre illustrent avec délicatesse cette évocation de la vie …







 Dans une salle du rez-de-chaussée, une magnifique verrière de Jacques Gruber rappelle aussi le goût du vitrail. Achetée par le musée de l’Ecole de Nancy, la lumière danse au travers des verres peints de cette extraordinaire réalisation qui faisait à l’origine plus de 12 mètres de long.
Porte de Véranda de Jacques Grüber
Dans un décor d’aube rose et d’un ciel bleu soutenu, poussent des tulipiers, des arums, des iris, des sycomores. Deux colombes, voletant côte à côte, roucoulent, un paon couronné d’une aigrette laisse tomber un plumage aux reflets d’or, d’émeraude et de saphir…

Et que dire encore du jardin… un bassin couvert de lentilles d’eau, un buste de Majorelle, ce surprenant aquarium surmonté d’une ombrelle de verre, la partie basse qui abrite un monument funéraire, surprenant exemple d’art mortuaire-, enfin la porte en chêne cachée au fond du jardin résumant à elle seule tous les courants de cette époque, le japonisme, l’inspiration médiévale, le naturalisme et le rationalisme…

L'aquarium du musée de l'Ecole de Nancy

La porte en chêne cachée au fond du jardin















Monument funéraire de Mme Nathan






Buste de Majorelle
   

















La saison se prête à cette découverte…
 La visite vous enchantera, soyez-en sûrs.
 La Champagne comporte, quelques constructions Art Nouveau. Le livre « Belles demeures à Châlons en Champagne » aux éditions Guéniot, montre des exemples qui ne se sont pas multipliés. 
Reims, quant à elle, s’est reconstruite à la fin de la guerre 14/18, et c’est l’Art déco qui s’y épanouira.

J’évoquerai pour vous, une autre fois, ce courant stylistique ainsi que la célèbre Villa Demoiselle, juste trait d’union de ces arts : Nouveau/Déco.

Références consultées
Livres:
- Villa Majorelle Roselyne Bouvier
- Le Musée de l'Ecole de Nancy -œuvres choisies - Somogy (éditions d'art)
- Emile Gallé - l'Ecole de Nancy - éditions serpenoise
Sites:
- www-timac.org/frenchstuffs/art
- www2.ac-poitiers- art.nouveau
- Les caractéristiques de l'Art Nouveau Wikipédia



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