Préambule

Au hasard des Arts…

Un blog pour tous, pour rêver, partager une découverte, un regard, donner envie de voir, revoir, savoir, et même chercher, s’interroger, s’insurger, s’étonner, s’émerveiller…
Franchement, ces arts, quel bazar !!!

Le hasard des Arts, n’est pas véritablement un hasard, si ce n’est qu’il sera dicté par l’aléatoire
du livre que j’aurai lu,
du film que j’aurai vu,
de l’expo que j’aurai découverte
de l’émotion que j’aurai ressentie pour un poème, une toile, une sculpture...

Et que sais-je encore ?
Nous allons découvrir et partager, tout cela ensemble.
Des évènements dictés par l’actualité, mais aussi par la découverte ou la redécouverte d’un artiste, d’une œuvre.


Je vous livrerai ainsi le fruit de mes réflexions, de mes engagements, et de mes combats …

mercredi 11 juin 2014

Giverny: La maison de Claude Monet, le jardin, le bassin aux Nymphéas

Aujourd’hui nous allons à Giverny sur les pas de Claude Monet… Nous avons entendu tellement parler de lui, de sa peinture, de ses nymphéas, qu’on se demande ce qu’on pourrait bien avoir de nouveau à dire…

Entrée du vestibule (photo prise le 22/05/2014)

D’abord il faut saluer Michel, le fils de Claude Monet,  fidèle au testament de son père il a légué à l’Institut de France le domaine et les œuvres qui s’y abritaient. Remercier aussi le conservateur Gérald Van der Kemp : dans les années 1980, il a conduit la restauration des lieux avec son épouse américaine qui a su attirer les capitaux de son pays pour soutenir le projet…
 
La maison de Giverny et les iris 
Les excellents guides ou blogs ou sites déjà existants vous apporteront toutes les informations nécessaires et précises.
Je vous propose une  promenade onirique, gourmande et colorée.

Lorsque l’on se rend à Giverny, l’évocation naît facilement.
C’est une longue bâtisse, une longère qui abrite cette famille recomposée de 8 enfants et d’un couple qui aime la vie, la bonne chair, la peinture, les gens. Ils reçoivent, vivent dans le bonheur simple et apaisé, après les années de galère et de souffrance.
Au Clos Normand, on est heureux, Monet se remet de la mort douloureuse de Camille sa première épouse, Alice oublie sa fortune passée, la faillite et l’abandon d’un époux inconséquent…
La vie s’écoule au rythme des saisons, des fleurs, des voyages. Giverny est à 80 km à l’ouest de Paris et les amis viennent volontiers. Sisley, Renoir, Rodin, Cézanne, Mallarmé, Clémenceau, le Tout-Japon de Paris, tant d’autres encore et le temps s’écoule marqué par le rituel immuable des habitudes du peintre.
Ici on est à la campagne … mais non en province !
La différence est de taille, elle symbolise dans la subtilité du vocabulaire, tout ce qu’il y a de bucolique et de poétique dans ce retour à la simplicité, avec pourtant cette pointe de snobisme et de bon goût que ne renie pas les riches origines bourgeoises d’Alice, la compagne devenue l’épouse de Monet…


Lever à 6 heures, Monet se nourrit d’une andouillette, d’un thé et même d’œufs au bacon… Et puis, il se dirige vers son atelier ou dans la campagne avec la brouette chargé de son matériel. Alice veille aux travaux de la maison, se rend au marché de Vernon, achète ses volailles son beurre aux meilleurs de la place. Le maître de maison est un gourmand-gourmet et pas question de se nourrir frugalement. 

La salle à manger et le service de porcelaine blanche à marli jaune et filet bleu

Le service Japon
Des estampes japonaises décorent la salle à manger. La pièce est peinte du mur au plafond d’un jaune de chrome. Les meubles peints au couleur de tournesol, les chaises-gerbe accueillent toute la famille sans compter les invités du jour… Le sol aux carreaux rouge et blanc, la cheminée recouverte de faïence bleue,  les argentiers illuminent aussi l’endroit. Claude Monet est un visionnaire en matière de décoration intérieure, on est loin des meubles sombres, et des marqueteries, très en vogue alors…


Le repas du midi est servi à 11h30 et la petite dernière, sort de l’école ¼ d’heure avant tout le monde pour être à table, à l’heure imposée par Monet…
Le couvert est dressé sur une nappe teinte par les soins de Delphine la lingère… On y a disposé le service « Japon » de la manufacture de Creil, ou celui de porcelaine blanche à large marli jaune et filet bleu.
Marguerite la cuisinière, a concocté un repas pour satisfaire l’ogre…Une viande, ou une belle volaille, un brochet tout droit sorti de l’onde, ou même encore un pâté à la viande faisandée dont il raffole, des légumes de la région ou méridionaux, en automne une salade colorée de capucines et terriblement poivrée, le tout arrosé d’un bon vin de Bordeaux ou de Bourgogne…
Les jours de fête, on savoure ce délicieux Champagne à l’étiquette orange servi en carafe… Et que dire du dessert!... un clafoutis aux cerises, une glace à la banane, ou même encore un pudding tout droit arrivé d’Angleterre …
Claude Monet est une fine gueule ! Le homard vient de Belle-île, les mandarines de Bordighera. Quant au mimosa de Menton, il décore la table pour le plaisir des yeux !
 
La cuisine de Marguerite
Les cuivres de la cuisine 















Bien sûr, tout cela est orchestré par le  personnel de la cuisine, sous la houlette de l’indispensable Marguerite. Elle règne en maîtresse incontestée sur son domaine. Le bleu cobalt des faïences ou céruléen des murs, éloigne les insectes, du moins, c’est ce qu’on dit à l’époque. Les cuivres étincelants des marmites, casseroles, faitouts, mijoteuses attendent d’être utilisés. Sur son piano de fonte, Marguerite imagine les partitions délicieuses, conçues pour enchanter le palais du peintre.


 
Le salon-atelier


Après le repas, le maître de maison passe au salon, à l’origine son atelier. C’est là que Monet reçoit les marchands, les amis, les collectionneurs. Il y a suspendu ses toiles, elles racontent  le parcours de sa vie - Vétheuil, -  Argenteuil,-  Trouville, - Sainte Adresse, tant d’autres encore.



Le jardin (photo prise le 22/05/2014)
Monet fume et par les fenêtres son regard se porte sur le jardin. En cette fin de printemps et début d’été, c’est le récital des bleus… azur, ardoise, outremer, cobalt, marine, persan, cyan toute la palette s’exhibe pour laisser exploser iris, glycines, boules d’ail et lupins… dans cet océan de bleus, l’incarnat des pivoines,  les roses couleur de dragée, les delphiniums se mêlent au pourpre des pavots, au blanc-crème du seringa … Plissez un instant les yeux, et c’est une harmonie colorée qui se noie dans votre regard,  vous voilà devant la toile « Le jardin de Monet à Giverny »  vous comprenez qu’en 1900 il a interprété une fantaisie de bleu,.
 
Le jardin de l'artiste- Claude Monet - 1900 - Musée Marmottan - Paris
Monet et sa passion du Japon !!!… En créant son jardin d’eau, il s’est attiré les foudres et les critiques d’une partie du village de Giverny. Détourner un bras de l’Epte pour célébrer sa passion de l’Extrême-Orient !  Faire pousser les bambous, les cerisiers nains, les saules pleureurs, les rhododendrons, et les nymphéas… Il peint sans relâche, surveillant chaque fleur, capturant de son pinceau la lumière irisée, l’éclat doré, l’ombre fluide, le chatoiement  nacré… Peindre, encore peindre, assoiffé de lumière, de couleurs, de mouvement il s’exalte dans ce festival éblouissant…
Les Nymphéas - Claude Monet 1899
Art Museum Princeton University - New Jersey

Le petit pont japonais franchit le bassin, et Monet inlassablement saisit les lignes, le scintillement des plantes et des fleurs au fil des saisons pour en réaliser 45 toiles. Chaque matin, les nymphéas éclos teintent la surface de l’étang de leurs pétales roses -thé, -pêche, -fuchsia aux  reflets de coquille d’œuf, d’ivoire ou d’opaline.
Monet vibre de sa fascination, obsession, délire, ivresse des couleurs…

 




Monet a reçu toute une colonie de peintres dans sa propriété, et en ce moment, à Giverny, l’exposition « Les Impressionnistes et les Américains » est à découvrir. Vous verrez une belle collection de ceux qui ont voulu s’imprégner du savoir-faire du maître. … 80 tableaux venant du monde entier, Mary Cassat, John Sargent, James Whistler, Edmund Tarbell, Théodore Butler ré-interprètent les leçons de Monet dans des compositions originales.




Impression Soleil Levant -Claude Monet 1872
Musée Marmottan - Paris





Déjà en 1872 avec «Impressions Soleil Levant » Monet s’était révélé être le chef de file de ce mouvement Impressionniste. 








Giverny vous  transporte dans cet univers pictural, vous baigne de cette atmosphère magique…
Les coquelicots - Claude Monet 1873
Musée d'Orsay - Paris
  


Percevez la quiétude de la campagne, observez les vallons arrondis, les collines de coquelicots, un chemin qui grimpe et serpente dans les champs où paissent les vaches et broutent les chevaux.









Sérénité, douceur, tranquillité, tout est là pour qu’une âme s’apaise, crée et conçoive.
Faites cette promenade enchantée, accompagné par le concert des oiseaux, le murmure de l’eau, le souffle du vent léger…découvrez là une barque échouée au bord de l’étang…
Retournez-vous, encore une fois, engrangez une moisson de mauve, d’indigo, d’un blanc de lait, d’un rouge garance, d’un vert absinthe, anis, prairie, lichen…




Livres consultés
- Claude Monet à Giverny - la visite et la mémoire des lieux de Claire Joyes
- Le jardin de Claude Monet à Giverny de Fabrice Moireau (Gallimard) 
Sites consultés
 - Le blog d'Ariane
- Si l'art était conté 
- Le jardin de Claude Monet à Giverny
- Noël chez Claude Monet avec Joël Robuchon

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